semaine 48

L'été meurtrier

Edito par Jean Rebuffat

Salman Rushdie, victime de l'intolérance. Photo libre de droits issue de Wikipédia

L’été meurtrier. C’est un titre emprunté au roman de Sébastien Japrisot (et au film qu’en a tiré Jean Becker) qui convient le mieux à l’été 2022 qui se termine.

Tout d’abord, comment ne pas commencer par l’attentat dont a été victime Salman Rushdie? L’auteur des coups de couteau a tenté d’exécuter la vieille fatwa de Khomeiny et, plaidant non coupable (!), s’étonne que l’écrivain ait pu survivre. À croire que Dieu n’était pas du côté du couteau… Le prix de la liberté d’expression, l’histoire nous l’apprend, est souvent très élevé – même si c’est en théorie un des droits humains parmi les plus proclamés. Rien n’est jamais acquis et plus que jamais, il faut avec Camus imaginer Sisyphe heureux à repousser sans cesse le même boule qui dégringole inlassablement de la colline quand on en croit le sommet atteint.

Comment ne pas évoquer ensuite la guerre russo-ukrainienne? Elle s’enlise et perd de son poids médiatique alors qu’elle est plus dangereuse que jamais, sans même parler des victimes qui s’accumulent. Les deux parties, comme des enfants pris dans la main dans le pot de confiture, nient l’évidence, en Crimée ou à Sapporijja. Des armes toujours plus performantes sont employées et si les deux pays ont réussi à s’entendre sur une chose, l’exportation des céréales, c’est uniquement parce que c’est vital autant pour la Russie que pour l’Ukraine.

Enfin, comment ne pas voir dans les canicules et les sécheresses ainsi que les incendies qui en découlent, en attendant des orages dévastateurs, un énième avertissement de la nature qui n’échappe plus à personne mais qui n’influence pas encore suffisamment les comportements individuels. L’œil rivé sur le prix de l’essence, totem moribond d’une liberté délétère, pour l’Européen de cette fin du premier quart du XXIème siècle, il s’agissait de s’évader quelques jours ou quelques semaines d’un quotidien dont les lendemains triomphants ressemblent à l’horizon, cette ligne fictive qui s’éloigne au fur et à mesure qu’on s’en rapproche…

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