La poussière sous le tapis

Il y a quelque chose de consternant à constater la maladresse systématique avec laquelle le vingt-cinquième président de la République française, Emmanuel Macron, traite son opinion publique, avec en contrepoint cette observation que même mal élu et ne disposant que d’une majorité relative, il n’en dispose pas moins d’une légitimité par le suffrage universel. Il ne peut pas être réélu pour un troisième mandat consécutif, aussi affiche-t-il un détachement proclamé par rapport à son impopularité. Mais n’est ni de Gaulle ni Mitterrand qui veut. Inconscience plutôt que cynisme, sa prestation télévisée, cette semaine, avait de quoi sidérer. Il n’était pourtant pas difficile de tenir un discours ferme mais ouvert, du genre de celui-ci: la loi est votée, sous réserve de l’approbation du Conseil constitutionnel, elle entrera bien en vigueur, mais en tout état de cause, pas tout de suite. Nous avons donc le temps de remédier à certains de ses points faibles, comme par exemple une meilleure prise en compte de la pénibilité du travail exercé et même de la spécificité de certains métiers. Négocions.

L’égalité n’est pas un gage d’équité. Certes les régimes spéciaux ont-ils un côté privilège qu’une nuit du 4 août pourrait gommer mais il arrive qu’ils soient tout simplement juste. Est-il juste que le reste à vivre moyen du citoyen dépende tellement de son métier?

Agir ainsi, ce n’est pas, selon l’expression présidentielle, mettre la poussière sous le tapis, mais éviter de voir brûler poubelles et devantures. En attendant le pire, toujours moins impossible, bientôt de plus en plus probable.