En même temps

Il existe une façon typiquement latine de supputer en politique à laquelle n'échappent pas l'Espagne et l'Italie, par exemple, mais nous allons nous intéresser pour l'instant à la France et à la Belgique. Dans le royaume du surréalisme et des élections regroupées, où seules les communales échappent à la règle (d'ailleurs un peu stupidement, déplacer les gens à deux reprises en quatre mois n'est peut-être pas du plus malin), la révélation des places éligibles, à tous les niveaux de pouvoir, européen, fédéral ou régional, prend presque un sens religieux. Il y a du Claudel devant le pilier de Notre-Dame là-dedans. Il faut s'attendre à l'imprévu. Le métier de journaliste y forme et y incite, mais il est amusant de constater que c'est l'envoyée spéciale du Soir à Pékin, dans les bagages de la ministre des Affaires étrangères, qui doit demander à celle-ci, Hadja Lahbib, quel effet lui fait d'être en si bonne place bruxelloise... Le fait du prince, naturellement, aujourd'hui les couronnes sont portées par les présidents de parti. Ou, au niveau régional, par les présidents de section. À cet égard, observons que le parti qui gouverne la Région bruxelloise depuis sa création en 1989, à un interlude près, à savoir le PS, crée toutes les conditions pour suivre l'illustre et désastreux exemple du PS français: luttes internes, petites phrases assassines, clans hostiles, vae victis.

Puisque nous voici en République, parlons un peu du nouveau Premier ministre et de son gouvernement faussement resserré. Lequel penche furieusement à droite, la phagocytose macronienne, qui avait déjà détaché du PS toutes celles et tous ceux qui avaient cru, fatale erreur de perspective, à la tentante théorie formulée par quelques mots, en même temps, arrache à la droite classique une partie de plus en plus importante de son personnel politique... Mais avez-vous remarqué? Désamarré du PS, Emmanuel Macron cherchait ses Premiers ministres à droite; à présent c'est le contraire, tant Élisabeth Borne que Gabriel Attal viennent du PS. Pour mener sans états d'âme la politique que l'on sait et dont la valeur cardinale est de se prolonger, quitte à marcher cyniquement sur les principes et la constitution.