Le prix de l'essence
Edito par Jean Rebuffat
Cette chère automobile comme une œuvre d'art... Au moins, celle-ci ne passe plus à la pompe. Photo © Jean Rebuffat
Le prix des énergies fossiles, gaz et pétrole, est en hausse constante et c’est le branle-bas de combat. En France, le Premier ministre accorde une prime exceptionnelle de 100 euros par contribuable qui ne gagne pas plus de 2000 euros par mois. Un gros plein, quoi. Car le prix des carburants est à la fois un sujet sensible et un symbole parfait de l’impasse environnementale actuelle.
D’abord le prix de l’essence est certes en hausse ces derniers temps mais tout dépend de l’échelle. Si l’on compare le prix actuel à celui de 1975, par exemple, par rapport au salaire minimal, c’est moins cher. Mais laissons cet aspect-là de côté.
C’est clair pourtant qu’il faut réduire au maximum l’usage des énergies fossiles et que la hausse de certaines d’entre elles risque d’entraîner des reports sur le charbon, ce qui n’améliorera rien. Il est assez paradoxal, tout de même, de subsidier des usages délétères dont on ne veut plus. C’est un peu comme si pour lutter contre l’alcoolisme, on accroissait le prix du vin, mais qu’en même temps, on en donnait des bons d’achat… En général, ce qui est vraiment dissuasif, c’est précisément que cela devienne hors de prix… ou très difficile d’usage. Et en cela, c’est très symptomatique du mauvais départ que la société post-covid prend, ressemblant furieusement au monde d’avant, à ceci près qu’on commence à manquer de matières premières, ce qui devrait engendrer, là aussi, une prise de conscience bien lente à émerger.
Au reste, un calcul simple montre qu’un accroissement de 30% du prix de l’essence (plaçons-en le litre à 2€) ne change pas fondamentalement le coût de l’usage d’une voiture : 50€ en par mois, par rapport à l’amortissement, à l’assurance, aux taxes et à l’entretien, cela n’est pas dérisoire, certes, mais c’est limité. Tout se passe comme si le prix du carburant, par nature labile, était l’indicateur majeur du coût de la vie, ce qu’il ne peut pas être et ce qu’il n’est pas.