Pénurie

Poing de vue

Par | Journaliste |
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Quel rapport peut-il y avoir entre la Saint-Barthélémy (peinture de François Dubois, reproduction libre de droits) et les composants électroniques des automobiles du XXIème siècle?

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Si l’on veut bien admettre, comme l’histoire de l’humanité incite à le penser, que l’être humain n’a tendance à réagir, en tant qu’espèce, quand il est un peu trop tard, et qu’en matière d’anticipation, il n’est pas l’exemple de la perfection, on ne peut pas ne pas souligner que selon toutes les apparences, nous rentrons dans une ère de la pénurie. Les matières premières en arrivent à manquer et pas uniquement les énergies fossiles. Par exemple, la production automobile stagne parce que les composants électroniques n’arrivent plus ou pas assez. Partout se multiplient de tels signes.

Cela risque de déboucher dans un premier temps une vive concurrence avec tous les risques inhérents. Mais ensuite, il faudra bien trouver un accord qui ne soit pas l’expression de la loi du plus fort. Les égoïsmes se sont déplacés ; il ne résident plus obligatoirement dans ces microstructures que furent successivement le village, la cité-état, le fief, avant de grandir jusqu’au royaume ou l’empire, puis aux états-nation, avec des coalitions toujours plus grandes dont l’Union européenne est un bon exemple. On peut espérer que les valeurs proclamées de ces grands ensembles imprègnent suffisamment les esprits car parallèlement, l’évolution des idées a suivi un cours semblable. La guerre, par exemple, est devenue une obscénité, tandis que l’égalité gagnait du terrain. Peut-être dans les mots plus que dans les faits mais ces changements de paradigme ont tout de même obtenu certains résultats.

Aujourd’hui, il est clair que sur la planète, il n’y en aura pas assez pour tout le monde. L’éternel problème de la répartition va se poser, plus aigu que jamais. Pessimisme ? Pas forcément. Car la répartition, cela peut être aussi de la redistribution et de la solidarité plutôt que de l’accaparement et de l’individualisme. Une des raisons fortes de l’émergence de la tolérance, c’est qu’il ne pouvait pas y avoir de vainqueur : personne n’arrivait à éliminer l’autre camp, les victoires n’étaient que locales et provisoires. Nous sommes aujourd’hui dans une situation où face à la pénurie, il ne peut y avoir que des perdants. Il vaudrait mieux en être conscient. Et cette réflexion touche encore plus qu’il n’y paraît au premier regard. La pandémie actuelle, par exemple, ne sera pas maîtrisée tant qu’une répartition juste et large des moyens de l’éviter, qu’il s’agisse des vaccins ou des traitements futurs, ne concernera pas toutes les populations du globe.

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