Le mur et la passoire

Poing de vue

Par | Journaliste |
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L'accord vise-t-il à ériger des murailles? (Image créée via Bing et Dall-E)

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Entre les cris populistes prétendant que l'Europe est une passoire et les protestations des associations qui de près ou de loin défendent les droits de l'homme, l'Union européenne, ou plutôt son parlement, a finalement voté ce texte réglant (ou tentant de régler) le problème des migrants. À parler franchement, c'est-à-dire cyniquement, on peut y voir trois avantages. Selon l'expression consacrée, il a le mérite d'exister et a été bouclé, après bien des tergiversations, dans la trouille de voir l'extrême droite en mesure d'en exiger un pire après les élections du 9 juin. Il comprend des petits aménagements qui vont vers un peu plus de souplesse dans la procédure de demande d'asile. Il essaie de lisser l'effort démesuré réclamé par la force des choses aux pays frontières avec le sud et l'est. On sait par exemple combien vaut le fait de refuser de prendre sa part de migrants acceptés: 20.000 euros. (Reste à voir si Victor Orban paiera...) Mais en fait, il ne règle rien du tout pour des raisons évidentes. La première est que nulle muraille n'est infranchissable. En murant l'Europe, on force les migrants à prendre plus de risques et à allonger leur périple dans l'espoir de toucher à ce qu'ils espèrent être un eldorado. C'est vrai même pour une île - et de toute façon, c'est souvent par la mer qu'on arrive. La seconde est que l'immigration est un problème complexe. L'Europe, en panne de natalité, en panne de gens pour travailler dans certains secteurs, chics ou délaissés, a besoin d'immigration, en partie interne (le plombier polonais n'est plus l'ennemi juré) et il serait plus efficace de remplacer la mortelle loterie actuelle par des procédures démarrant dans les pays dont ces malheureux veulent partir. Enfin, on ne le dira jamais assez mais c'est la vérité, l'afflux de clandestins amène à la disposition des pays riches un lumpenprolétariat qui en prime, tire les salaires officiels les plus modiques vers le bas.

Il est loin, le temps du Wir schaffen das allemand...

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