Terrorisme et propagande

Poing de vue

Par | Journaliste |
le

Otto von Bismarck adorait se montrer en uniforme de cuirassier, avec le célèbre casque à pointe... Tiens, ça ne rappellerait pas un peu les treillis de Zelensky ou les rodomontades de Poutine? Photo des archives fédérales allemandes (libre de droits)

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Du bout des lèvres, Vladimir Poutine a bien dû admettre que les auteurs de l'horrible attentat de Moscou - pour les victimes duquel on aurait aimé un peu plus de compassion à l'ouest - sont des Tadjiks et que Daech revendiquait l'action. Mais il faut croire que Volodomyr Zelensky est plus fort que lui, puisqu'il donne des ordres à Daech, alors que lui, l'homme le plus puissant de toutes les Russies, se contente d'envoyer des bombes et snobe les alertes occidentales, pourtant transmises. Le problème, quand on finance des armées de trolls, c'est qu'on finit par se méfier de la vérité et qu'on imagine qu'un ennemi commun - le terrorisme islamiste - n'est pas une raison suffisante pour partager des renseignements cruciaux concernant un autre conflit.

Mais ce faisant, accuser l'Ukraine pour passer pour la victime, Vladimir Poutine ne fait que reprendre une vieille recette dont les exemples historiques sont nombreux. Caviarder quelques lignes et hop! une dépêche est assimilable à un affront (l'honneur des nations est quelque chose de très chatouilleux). Rappelons-nous la dépêche d'Ems et le caviardage de Bismarck, qui a abouti au premier des trois conflits franco-allemands entre 1870 et 1939, avant la spectaculaire réconciliation qui permet de rêver qu'un jour, entre Israéliens et Palestiniens...

Mais c'est une autre affaire et revenons-en à la dépêche. Depuis quelques années, le Second Empire s'est quelque peu libéralisé, dérivant vers une demi-démocratie. Une partie importante de l'opinion publique est hostile au régime et quoi de mieux qu'une bonne guerre pour ressouder la nation derrière l'Empereur? Bismarck a sciemment joué de cette tentation belliciste pour faire passer la Prusse pour la puissance agressée. Eh bien Poutine agit exactement dans la même démarche. Sauf qu'ici, il s'agit d'un ajout de texte plutôt que d'une coupure.

Donald Tusk a bien raison de souligner dans une interview du Soir date de ce vendredi, que la guerre n'est à nouveau plus un concept du passé. Et nous, nous avons bien raison de déplorer ce retour en arrière qui est peut-être plus inquiétant que certaines autres problématiques politiques, comme la montée des droites extrêmes. Après tout, le Premier ministre polonais est revenu au pouvoir et jusqu'ici, Giorgia Meloni n'a pas dissous les autres partis. Bien sûr ces droites sont détestables et proposent de mauvaises solutions, mais l'histoire bégaie plus qu'elle ne se répète. Et ce n'est pas parce que certaines leçons du passé semblent d'actualité que les années 30 ressembleront à celles de l'avant-guerre de 1939-45...

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