Battons la campagne

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Par | Penseur libre |
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Hélas, ce temps frileux et pluvieux, encore plus vieux qu’hier, ne nous en laisse plus qu’une à battre : la campagne électorale. Morne plaine.
On peut y lire, écouter, entendre que ce qui est rebattu à chacune de ces éruptions démocratiques chroniques : comment ceux qui ont contribué à mettre le pays dans l’état où il se trouve, (catastrophique, évidemment, par la faute des autres, bien sûr ; nous, on a lutté farouchement !) vont contribuer à le sortir de la mouise. Le discours, bien qu’usé, n’a, paradoxalement, pas pris une ride. On ne change pas une affaire qui tourne. Confiance, les gars – et les filles, ça va de soi – cette fois, c'est sûr, demain, on rase gratis ! Va falloir revoir cette expression en mode inclusif, car, à part la femme à barbe, ces dames ne sont pas preneuses.
Peut-être y a-t-il là un espoir ?
Des SDF et autres migrants (les SDF, comme l’acronyme l’indique, eux aussi voyagent), pour lesquels la vie pourrait être encore pire grâce aux amis de l’ordre et de la propreté sur soi, aux dirigeants d’entreprises qui voient leurs dividendes menacés par une gauche irresponsable qui va ruiner tout le monde, y compris ceux qui n’ont pas grand-chose* (dans certains cas, c'est déjà pas si mal), l’inquiétude règne.
Ce qui n’empêche pas l§ citoyen§ de vaquer, plan-plan, à son quotidien. Résilience ou fatalisme ?
On est tout de même surpris par les envolées de certaines personnes qui nous avaient habitués à plus de retenue, comme Sophie Wilmès qui déclare, à la RTBF le 30/04 :"Le programme du PTB est totalement irresponsable, leurs recettes magiques ne fonctionnent nulle part ».
Tout de même, en Chine, ça n’a pas l’air de marcher trop mal. Pour ce qui est du bizness, deus ex machina de la pensée libérale et néo-communiste, ils arrivent à faire aussi bien, si pas mieux que nous, même en matière de saccage de la planète. Ce qui est le signe le plus évident de la bonne santé du Commerce, de l’Industrie et de la Phynance, vertus cardinales d’une vie publique, sociale et affective qui vaut la peine d’être vécue. Le MRd’Alors ferait mieux de prendre modèle. Ce serait, tactiquement, la ruine du PTB. Je dis ça, je dis rien.
Sinon, dans le genre recette magique qui fonctionne à tous les coups, l’Europe vient de trouver un philtre abracadabrique pour stopper l’immigration depuis le Liban : verser un milliard d’Euros à cet État corrompu jusqu’où on se demande qu'il est possible d’aller  en matière de corruption ? A côté, certains pays de l’Europe de l’Est font figure de sévères défenseurs de la morale publique ; ajoutons-y une incurie qui devrait rester dans les annales de l’Incurie comme pratique gouvernementale. Ursula Von der Leyen pourrait peut-être, tant qu’à faire, proposer ce charmant gouvernement au prix Nobel d’Incurie, il se sentirait moralement, cette fois, complètement soutenu pour lutter efficacement contre l’immigration clandestine.
Bref, un milliard d’Euros qui va disparaître dans des tas de poches déjà bien garnies. C’est ça la real politique. Autre chose que celle des branleurs du PTB !
À part ça, ce mercredi, c’était le premier mai, la fête des travailleurs, inventée par les américains en 1886 pour réclamer la journée des huit heures. Mon correcteur orthographique me corrige : "la journée dès huit heures" rôôôôh, lui ! Comme ça ! en plein milieu de la nuit ! Bon. On se ressaisit : le premier mai était une journée de grève et de manifestations, souvent dures, pas du tout fériée, ni payée. Elle fit tache d’huile dans le monde entier. Si ça avait continué comme ça, sûr que le MRd’Alors la fustigerait au lieu d’organiser de discrètes petites sauteries en son honneur, entre gens convenables. En 1941, en France, sous Pétain, le premier mai devint officiellement jour férié. Ben oui, Travail, Famille, Patrie obligent. Certains pensent peut-être que cette trilogie a été définitivement jetée aux poubelles de l’histoire. À y regarder de plus près, il semble bien qu’elle soit aujourd’hui le fonds de commerce électoral de pas mal d’adeptes du néo-libéralisme considéré comme émancipation du travailleur. On pourrait se dire qu’ils aiment à rire. Mais non ! regardez Macron, il a l’air de rigoler ? En tout cas, la Libération supprima ce jour chômé payé, puis le rétablit en 1946.
Hormis certaines périodes victimes d’incidents techniques indépendants de la volonté des travailleurs**, comme les guerres mondiales, le 1ᵉʳ mai est fêté depuis largement plus d’un siècle dans de nombreux pays du monde. Il l’était même en Russie, paraît-il soviétique. Même au goulag ?
Pour éviter toute ambiguïté, mais il est possible que certains n'en sachent rien, ce jour s’appelle officiellement, pour les syndicats, « Journée internationale de lutte pour les droits de travailleurs ».
Les syndicats américains, après des luttes acharnées qui firent de nombreux morts, puis, après mure réflexion s'étant ralliés aux charmes du consumérisme, trouvèrent que décidément là, on allait trop loin. Ils décidèrent de s’éloigner de ces horribles communistes, pire même, anarchistes, comme Sacco et Vanzetti. C’est pourquoi la fête des travailleurs a lieu depuis, le premier septembre dans ce pays .
À quand à la fête des feignants, ces oubliés, ces calomniés, ces persécutés de l’Histoire ? Je sais, camarades, entre la sieste et l’apéro, la lutte sera longue comme la chaise du même nom, avant d'aboutir.
Et, joignant le geste à la parole, tant que j’ai les yeux encore ouverts, je prie le Monstre en Spaghetti Volant de vous toucher de son appendice nouilleux.
Ramen.
* « Quand on ruine les riches, on ruine les pauvres » principe des vases de com’ du Cac 40, branche Halte à la misère.

** Pas tous, comme l'élection des nazis en Allemagne dans les années 30

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