Ce que j'en pense, moi, petit mandataire local

Poing de vue

Par | Journaliste |
le

On peut être rouge. Mais rouge de honte, parfois. Photo © Jean-Frédéric Hanssens

commentaires 0 Partager
Lecture 3 min.

Le problème avec les scandales politiques, c'est qu'ils n'en finissent pas et que l'on a l'impression que quelles que soient les mesures prises, elles seront toujours en retard d'une guerre et que le «plus jamais ça!», aussi sincère puisse-t-il être, n'empêche rien.

Le dernier en date vient d'emporter le bourgmestre PS de la Ville, Yvan Mayeur. Pour une fois, il n'y a pas eu de demi-mesure et c'est tant mieux. Personne pourtant ne nie que l'idée de créer ce Samusocial était excellente et qu'Yvan Mayeur n'y fut pas pour rien. Mais empiler, au dessus de sa rémunération, des jetons de présence très loin du symbolique et faire en sorte d'échapper aux contraintes des règles du secteur public en créant des structures qui n'ont de privées que l'apparence, c'est faire de l'évasion fiscale et de l'abus de bien social. Le PS peut pleurnicher sur le devoir de rigueur plus fort pour lui que pour les autres partis, lesquels ne sont pas exempts des mêmes pratiques douteuses, immorales et même probablement illégales, comme le Kazakhgate par exemple, quand on se présente au nom de l'histoire glorieuse d'un parti centenaire qui a toujours défendu de respectables valeurs humanistes, solidaires et fraternelles, il lui faut aussi se rappeler le second principe de la morale kantienne – en un mot, montrer l'exemple.

Cela commence à en faire beaucoup. Les têtes tombent, la vindicte l'exige. Elles tombent déjà en République voisine sans qu'il y ait eu de gros accrocs récents depuis l'affaire Cahuzac: on sent bien que partout, ce besoin de renouvellement existe. On glosera autant qu'on voudra sur la nature du produit Emmanuel Macron mais il y a une adéquation avec une exigence populaire et je n'arrête pas de souligner qu'encore heureux que le peuple aille chercher son sauveur supputé ailleurs que dans le totalitarisme. Et puisqu'il faut enfoncer le clou, je persiste aussi à dire qu'au PS belge, il est temps de penser que sauver les meubles n'est pas ce qui importe quand l'incendie pousse les occupants à changer de maison. La colère des militants – et je rappelle que j'en suis un, pour des raisons d'idéal que j'ai décrites ici – est perceptible et exige un renouvellement des cadres. Ce n'est pas une crise de jeunisme: une tête nouvelle peut avoir des cheveux blancs, on le voit en France. La solution consiste à éviter que la politique soit un métier, donc à limiter le nombre de mandats. Cela suppose des aménagements divers (par exemple accorder aux élus des congés sabbatiques) et aussi, une rémunération qui soit décente, ni un sacerdoce ni une corne d'abondance.

Il semble que vous appréciez cet article

Notre site est gratuit, mais coûte de l’argent. Aidez-nous à maintenir notre indépendance avec un micropaiement.

Merci !

Les adversaires de cette mesure crient que c'est à l'électeur de trancher. Outre qu'en effet, il risque de le faire, et plutôt brutalement, on ne voit pas très bien pourquoi on renoncerait à instaurer cette condition. Il y en a ou il pourrait y en avoir d'autres: avoir un certain âge, par exemple, et un casier judiciaire vierge, telle ou telle nationalité (il n'est pas toujours nécessaire d'être ressortissant d'un pays pour y être élu), etc., etc.

Pour repartir sur des bases saines et des règles claires, plus difficilement contournables, il n'est pas crédible de reprendre un personnel politique usé qui n'a rien vu ou rien voulu voir. Les militants de base, tous partis confondus, les petits mandataires locaux, qui se dévouent pour la cause qu'ils estiment bonne ou pour des ronds de carotte, croyez-vous qu'ils pensent autrement? Pas moi, en tout cas.

commentaires 0 Partager

Inscrivez-vous à notre infolettre pour rester informé.

Chaque samedi le meilleur de la semaine.

/ Du même auteur /

Toutes les billets

/ Commentaires /

Avant de commencer…

Bienvenue dans l'espace de discussion qu'Entreleslignes met à disposition.

Nous favorisons le débat ouvert et respectueux. Les contributions doivent respecter les limites de la liberté d'expression, sous peine de non-publication. Les propos tenus peuvent engager juridiquement. 

Pour en savoir plus, cliquez ici.

Cet espace nécessite de s’identifier

Créer votre compte J’ai déjà un compte