Sur la Sambre avec Stevenson ( Macquigny)

Chemins de traverse

Par | Journaliste |
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"L'Ofidelo"passe sur le pont-canal de Macquigny. En contrebas, l'Oise garde son allure libre, après une petite cascade. Reportage photographique, vidéos et drone © Jean-Frédéric Hanssens

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A la Haie-Equiverlesse, où naît la rivière.

Trouver la source de la Sambre? Sur la carte cela ne paraissait pas compliqué. Pourtant sans les fermiers conduisant leurs vaches laitières aux champs, qui nous ont guidés vers le panneau indiquant le Bois de la Haie-Equiverlesse, à Fontenelle, près du Nouvion-en-Thiérache, sur le plateau de Saint-Quentin, nous serions encore en train de chercher...

Après avoir tourné entre les haies, les bois, emprunté des chemins discrets et arpenté la nature sauvage du Parc Régional de l’Avesnois, une sorte de baignoire remplie d’eau claire cachée au pied des arbres capta notre attention. On était arrivés enfin là où naît la rivière longue de 190 km qui relie la France et la Belgique.

Fragile, au début de son cours, le “ruisseau de France “se mue progressivement en rivière. La Sambre,  empruntée depuis des millénaires, canalisée à partir de 1836, se faufile entre les plis du terrain et les mutations de la société. Elle s’est adaptée à l’évolution économique en desservant les activités humaines.

Ensuite, en suivant l'eau,  à trente bornes de Fontanelle, on a vu enfin le pont-canal de Maquigny, au bout d'un projet qui aura pris quinze années pour franchir tous les obstacles, de la décisojn à la réalisation.

Deux bateaux à la fière allure se croisèrent à hauteur de l’écluse juste après l’ouvrage d’art.

Faisant route vers la Baie de Somme, l’Ofidelo, port d’attache Hautmont, était piloté par un gaillard un brin flibustier. Il a lancé, adressant un grand signe de la main aux Terriens: “Le parcours est envoûtant. On s’est arrêtés dans des trous d’eau, en pleine campagne, loin de tout”. Passer quelques nuits entre Hautmont et Vadencourt aurait été agréable mais les haltes nautiques ne sont pas assez nombreuses pour le trafic.

Sortant de l’écluse, le Papilllon étirait son sillage vers la Belgique, Thuin puis Charleroi. Pour continuer vers Bruxelles, Mons, Tournai, Liège, la mer du Nord?

En route, il allait passer par Thuin, la capitale belge de la batellerie. La ville médiévale où voici quelques jours à peine, les habitants firent fête à la flotille franco-belge venue de France pour célébrer le retour de la navigation entre Namur et Paris.

Barbe de boucanier, t-shirt arborant “Croisière de l’Aréthuse (le nom du canoé de Stevenson), le capitaine Alain Bernard leva les yeux vers le beffroi de la vieille cité, apaisé après une navigation rendue difficile en raison des trombes d’eau qui avaient fait monter le niveau de la rivière.

“Le nom de mon bateau? Le Rêve. Parce que c’est un rêve que j’ai réalisé après 42 ans d’économies”. A la barre de son 14 mètres, il arrivait de la région d’Orléans, dans le Loiret, après avoir remonté le canal vers Montargis pour mettre le cap sur Paris puis descendre vers la frontière belge via Erquelinnes.

On trinquait sur le quai en écoutant les discours et les musiciens quand il poursuivit son bref récit, “J’avais vingt ans et des poussières. Mon patron m’avait envoyé avec la camionnette charger du matériel au quai de Jemmappes à Paris. Fasciné par un bateau, je m’étais juré d’en avoir un à moi, plus tard.”.

Rien n’était à ajouter.

On s’est regardés et on s’est compris. La flottille comptait une quinzaine de bateaux battant pavillon français ou belge. En remerciant les équipages de leur passage, un élu de la commune a prononcé un discours mettant en évidence la reprise de la navigation après une quinzaine d’années de calme plat. Il demanda de respecter un moment de silence en hommage aux victimes des inondations qui ont ravagé des vallées ardennaises.

Et battaient les tambours de la Saint-Roch, en ce petit monde de la Haute Sambre où la poésie du quotidien imprègne un décor de roman. L’écrivain Roger Foulon confiait parfois ce sentiment, avec cet éclat dans le regard que ceux qui l’ont connu jamais n’oublieront. Chercher la poésie et l’humour, sur fond de réchauffement climatique, serait peut-être une manière d’éloigner les nuages noirs de ces temps-ci, pas vrai?

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Reportage réalisé avec le soutien du Fonds pour le Journalisme en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Vous pouvez aussi retrouver ce reportage dans le N°23 du magazine trimestriel MEDOR paru en juin dernier.

Dernière étape, la semaine prochaine: Dans l’étrange repaire des pêcheurs des étangs Monier.

Déjà parus : Sur la Sambre avec Stevenson: NAMUR , CHARLEROI , THUIN ERQUELINNES et VADENCOURT

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