"Dans l'Enclos" de Lorenzo Cecchi, 41 prénoms

Chemins de traverse

Par | Journaliste |
le

Lorenzo Cecchi balance ses nouvelles de notre galaxie avec ironie, histoire d'avancer. A la Alechinsky? Ph © M. Leroy

commentaires 0 Partager
Lecture 3 min.

Lorenzo Cecchi est né à Charleroi. Faut bien être de quelque part. Il a écrit onze livres. Le dernier est un recueil de nouvelles, "Dans l'Enclos", publié chez M.E.O.

Lorenzo  est un des 1200 auteurs qui se relaient à la Foire du Livre de Bruxelles. Prêt on l'imagine à s'aventurer dans le tourbillon imprimé de Tour&Taxis, à Bruxelles. Là où des dizaines de milliers de gens en quête de rencontres seront attirés par des couvertures, liront un mot, une phrase, garderont peut-être un bouquin. Voyageront au fil des pages, ce fleuve tourmenté. 

Il fera chaud dedans autant qu'il drachera dehors. Les gens dériveront en allant d'un livre de cuisine à un document, d'un recueil de poèmes à un atlas, d'un roman à une BD. Se pencheront sur un essai ou une pièce de théâtre. Eux-mêmes en scène dans ce théâtre éphémère ouvert après deux ans d'arrêt pour cause de pandémie. Il y aura des rencontres, des débats, des émissions de radio et de télé, on boira du café et des bières, mangera sur le pouce. C'est la kermesse aux bouquins.

Lorenzo recueillera peut-être lors de ses séjours à Tour&Taxis deux ou trois autres nouvelles pour compléter son recueil qui en comporte 41. Chaque texte a un prénom pour un titre. Les séquences sont taillées à la serpe, happées en passant, dans le tram, à la gare, à l'hôpital, dans un commissariat ou un hôpital ou un cinéma. Ces nouvelles dont certaines ne font qu'une page parlent chaque fois d'une personne dont on entrera dans la vie un peu par effraction. Le temps de citer un prénom. 

Il semble que vous appréciez cet article

Notre site est gratuit, mais coûte de l’argent. Aidez-nous à maintenir notre indépendance avec un micropaiement.

Merci !

Il pourrait être le vôtre ou le mien, ou de personne. Un mélange. Un masque? De Gordon à Sonia, la galerie des 41 portraits c'est du surréalisme au quotidien. Comme celui qui affleurait des pages des faits divers des journaux populaires du XXe siècle. Où l'on pouvait lire par exemple qu'un monsieur était mort au restaurant, étouffé par une entrecôte trop savoureuse qui avait cassé son dentier. Ou qu'un éléphant publicitaire gonflable avait été repêché dans un étang proche d'une autoroute parce qu'il détournait l'attention des gens en auto. Ou encore qu'un type qui ne savait plus avoir tué regardait la pluie en pensant à un chat. Ceci pour parler du Gordon du début du recueil. Il y a de la folie dans ce livre.

Toutes et tous tournent dans l'enclos, ruminant leurs pensées. Il y a de la dérision, de l'amertume, des rires, de la tendresse, des interrogations, des certitudes ébranlées dans les courtes nouvelles de notre galaxie que nous balance Lorenzo, ricanant sous sa casquette, pas juge du tout, éternellement surpris par la créativité des humains et par l'étrangeté de leurs actes. Ce qui, au fond, fait qu'ils ne sont pas des robots. "Dans l'enclos" est un défi à l'intelligence artificiellle. Ces 41 nouvelles donneraient des neurones à retordre à ce truc, comment encore, vous avez dit Chat GPT? Ma mémoire se perd, sorry. Et bon séjour, Mister Lorenzo.

commentaires 0 Partager

Inscrivez-vous à notre infolettre pour rester informé.

Chaque samedi le meilleur de la semaine.

/ Du même auteur /

Toutes les billets

/ Commentaires /

Avant de commencer…

Bienvenue dans l'espace de discussion qu'Entreleslignes met à disposition.

Nous favorisons le débat ouvert et respectueux. Les contributions doivent respecter les limites de la liberté d'expression, sous peine de non-publication. Les propos tenus peuvent engager juridiquement. 

Pour en savoir plus, cliquez ici.

Cet espace nécessite de s’identifier

Créer votre compte J’ai déjà un compte