Regard d'un chercheur sur les mécanismes de nos capteurs sensoriels

Xavier De Tiège est neurologue, spécialiste de la topographie du cerveau et expert en imagerie médicale. Professeur à l'ULB, il est un des chercheurs du Neurosciences Institute et travaille à l'hôpital universitaire Erasme. Mais, avant tout, il a l'art de rendre clair ce qui à la première approche serait incompréhensible pour la plupart des gens. Ce qui explique pourquoi la salle était comble, au PBA de Charleroi, pour son cours-conférence donné dans le cadre du Collège Belgique de l'Académie Royale des Beaux-Arts et des Sciences. Présentés à Bruxelles et à Mons, Liège, Namur et Charleroi, ces exposés ouvrent au grand public des perspectives sur le monde. Et c'est gratuit!

Dans la salle, des personnes se souvenaient de la précédente conférence du neurologue. En février 2018, il montrait que le cerveau est un territoire en train d'être cartographié, grâce à la recherche, pour mettre en oeuvre des thérapies de plus en plus fines. Le cerveau, rappelait-il, est un organe animé par cent milliards de neurones. S'il représente 2% du corps humain il consomme 1/5 de son énergie: son fonctionnement exige beaucoup de carburant! Cette sacrée machine est loin de nous avoir livré ses secrets.

De retour avec son appareil de projection et ses mots, le doc a emmené l'assistance dans l'univers de nos sens. La vue, l'ouïe, le toucher, le goût, l'odorat et autres capteurs sensoriels servent à nous mettre en contact avec le monde, ce qui permet d'en faire partie. Le médecin, avec l'humilité du voyageur qui raconte ce qu'il a approché, démontre que les informations captées par nos sens, traitées par notre cerveau, interprétées selon ce que nous avons en tête, dessinent autant de visions que d'humains, selon l'endroit où l'on est arrivé au monde...Et ces sens, ils nous aident à vivre ensemble. 

Notre perception du monde reflète-t-elle la réalité? Si oui, elle est influencée par notre monde intérieur, dessiné par nos expériences, nos émotions, nos rencontres avec autrui. Au risque de raconter des âneries -on se lance... - le rédacteur de ces lignes se borne à vous livrer un ressenti. Le fait qu'usant de tous ses sens, dans cette grande salle, au milieu d'un tas de gens, concentré sur les mots et gestes de l'orateur, il aura éprouvé le sentiment que durant deux heures la force de la vie apparaissait avec clarté. Comme quand on apprend, au milieu des autres, et que c'est passionnant. Ainsi le groupe de ce soir-là communiquait-il avec le toubib en train de faire son métier, animé par sa capacité d'humanité.