C'était le jour de la Fête nationale

Poing de vue

Par | Journaliste |
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Réjouissons-nous, c'est la fête! Et demain, on ira à la plage. Photo © Jean-Frédéric Hanssens

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C'était le jour de la Fête nationale... Mais que ce soit en France, le 14 juillet, ou en Belgique une semaine plus tard, et pour autant qu'il ne s'agisse pas avant tout l'un de ces fameux ponts qui font les longs week-ends, le programme est le même et semble immuable. Or ces fêtes ne remontent qu'à la fin du XIXème siècle.

Défilé militaire, discours du chef de l'État, oint par la naissance ou la volonté du peuple souverain, fêtes, unanimisme baigné par le soleil de l'été ou la drache nationale... Feux d'artifice, bals populaires, le monde est beau, on frappe dans les mains (et tchic et tchac, même en Occitanie profonde, comme la musiquette belge s'exporte bien!) et on lève son gobelet.

Pourtant tout cela n'est que construction savante et manipulation politique.

Que fête-t-on, le 14 juillet? La prise de la Bastille, le triomphe de la Révolution? Pensez-vous, c'est aussi polémique qu'un changement de chef d'état-major commenté sur le podium d'un Tour de France, la Révolution. La IIIème République fêtait là l'anniversaire de la Fête de la fédération, le 14 juillet 1790. La Révolution était terminée, tout allait bien, le Roi régnait mais ne gouvernait pas, nous étions libres, égaux et fraternels: on fit la fête. Car déjà le pouvoir nouveau qui se créait avait bien compris l'intérêt de ce type de manifestation...

Que fête-t-on, le 21 juillet? Sages écoliers belges, répondez savamment l'inauguration de Léopold Ier. Le 21 juillet 1831, Léopold de Saxe-Cobourg Gotha débarqua en France et mis le pied en son futur royaume à La Panne, prêt à faire demi-tour. Mais le fourbe Hollandais n'était pas là; il attendit que Léopold Ier arrivât à Bruxelles pour rappliquer. Le roi, qui était un excellent officier, prit la tête des troupes belges (version héroïque), ce que la Constitution qu'il trouvait «bien démocratique» n'avait pas prévu, et chassa l'insolent Batave, avec (version réaliste) l'appui décisif de l'armée française, dont un important détachement vola à la rescousse des Belges sous les ordres du général Belliard (lequel, par reconnaissance, fut naturalisé d'honneur). Au départ, on fêta les journées de septembre, dans l'exécration du Néerlandais, puis les choses se calmèrent et ce n'est qu'en 1890, quand l'animosité se transféra symboliquement dans ce nouveau sport qu'était le football et versa dans le folklore, qu'une loi établit la fête nationale belge le 21 juillet.

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On notera que la Communauté française de Belgique choisira par la suite le 27 septembre comme jour de fête, non point par haine de ces pauvres Hollandais, mais évidemment pour bien marquer le coup vis-à-vis des Flamands, dont le tort est de parler la même langue. Bébête? Certes. Mais la Flandre, elle, nage dans l'anachronisme le plus absolu. Elle a choisi le 11 juillet pour commémorer la bataille des Éperons d'or, en 1302, où la piétaille flamande révoltée massacra la chevalerie française, ainsi que l'a raconté Henri Conscience. Flamande, à l'époque, c'était des Flandres, qui étaient passées sous la domination de la couronne française. Les Flamands ignorent généralement qu'en 1304, à Mons-en-Pévèle, une cruelle défaite vint contredire le joyeux massacre façon schild en vriend.

Mais tout n'est que symbole et au fond, tant mieux si la nationalisme guerrier n'existe plus vraiment face aux charmes de la plage et des vacances.

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