Où est la gauche ? Dans les films de Ken Loach !

Zooms curieux

Par | Journaliste |
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En septembre 2014, le cinéaste britannique Ken Loach faisait partie du jury du Tribunal Russell sur la Palestine, un tribunal citoyen qui a fait avancer le droit international et notamment la notion d’apartheid appliquée à la colonisation israélienne de la Palestine. Photo © Tribunal Russell sur la Palestine

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Cela n’a pas fait les grands titres de nos médias de masse et pourtant, l’éviction du grand cinéaste britannique Ken Loach du Labour représente un événement significatif de l’affaiblissement des partis de gauche en Europe.

« Le QG travailliste a finalement décidé que je n’étais pas acceptable en tant que membre du parti, parce que je ne renierai pas ceux qui ont déjà été expulsés. », déclarait Ken Loach le samedi 14 août 2021, propos repris par le Monde sous la signature de son correspondant à Londres, Eric Albert.

Le prétexte de l’antisémitisme

Rappelons que la direction du parti travailliste britannique avait déjà écarté son ancien leader Jeremy Corbyn sous prétexte de « passivité » vis-à-vis de « dérives antisémites » de certains membres du parti. En réalité des membres très critiques envers la politique d’Israël à l’encontre des Palestiniens, une politique qualifiée actuellement d’apartheid par de nombreux Etats. Le vrai problème est plutôt le virage au centre droit du nouveau leader du parti travailliste, Keir Starmer qui renoue ainsi avec la politique de son prédécesseur Tony Blair. Un centrisme très à droite qui avait provoqué le départ de Ken Loach ; celui-ci n’était revenu au Labour que parce que l’aile gauche avait repris en force grâce à Jeremy Corbyn.

Cette expulsion affaiblit considérablement le parti travailliste, ce qui était peut-être l’objectif des milieux sionistes qui l’avaient attaqué. Le Monde reprend des réactions d’élus travaillistes, furieux : « Quelles sortes de gens rejettent du Parti travailliste quelqu’un de l’immense calibre de Ken Loach ? », s’agace Jon Trickett, un élu du Yorkshire. « Expulser un si bon socialiste (…) est une honte, ajoute John McDonnell, l’ancien numéro deux de M. Corbyn. Les films de Ken ont mis au jour les inégalités de notre société, nous ont donné espoir et nous ont inspirés à lutter. J’exprime ma solidarité envers mon ami et camarade. »

Les attaques contre Ken Loach ne datent pas d’hier. Nous avions relaté ici les calomnies diffusées par ces mêmes milieux sionistes, soutiens inconditionnels à Israël, opposés à la remise d’un  prix Honoris Causa par l’ULB à Ken Loach: https://www.entreleslignes.be/humeurs/zooms-curieux/ken-loach-sous-le-vent-mauvais-de-la-calomnie

Les propos du recteur de l’ULB, Yvon Englert, ont prouvé que les valeurs humanistes guidaient plus que jamais la remise de ces prix. A relire car en ces temps d’insécurité et de bouleversements profonds de nos modes de vie, la montée en puissance des mouvements d’extrême-droite, des populistes de droite, des complotistes divers, occulte les discours d’une gauche éclairée, humaniste, écologiste.

La lutte contre le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie est au cœur de l’action de très nombreuses associations de défense des droits humains, des droits des peuples colonisés et ex-colonisés. Or, ce vendredi 10 septembre, la Belgique a décidé de n’envoyer aucun représentant politique à la conférence des Nations Unies sur le racisme. Cela, suite à la pression forte des mêmes milieux sionistes qui tentent par tous les moyens de faire taire les critiques contre la gestion politique de l’Etat d’Israël, colonisateur impitoyable de la Palestine. Comme pour le Labour, ils accusent tout contestataire politique d’antisémitisme. La Belgique ne se sort pas grandie de cette affaire, elle qui a déjà tant de peine à affronter publiquement son passé colonial et raciste, au Congo et au Rwanda principalement. Combattre à la fois l’antisémitisme réel et permettre la liberté d’expression et de critique politique est un enjeu d’importance capitale. Ne pas le faire constitue déjà une défaite politique.

Echec ou réveil des gauches ?

Quant aux accusations d’antisémitisme qui ont divisé et affaibli le Labour, il est intéressant de les situer dans l’histoire de l’échec des gauches en Israël et l’incapacité des « sionistes de gauche » de défendre les valeurs de droit, de justice et d’égalité et qui privilégient la solidarité nationale en tolérant la colonisation et ses pires méfaits. C’est l’objet du livre de Thomas Vescovi : « L’échec d’une utopie », « Une histoire des gauches en Israël » (Ed. La Découverte. 2021). L’Institut Marcel Liebman organise d’ailleurs une rencontre avec cet auteur (voir détails ci-dessous).

D’autre part, le réveil de la gauche européenne est l’espoir qui traverse le livre du sociologue belge de l’ULB, Mateo Alaluf et que nous chroniquions ici : https://www.entreleslignes.be/humeurs/l-tu-lululu/la-social-d%C3%A9mocratie-se-meurt-vive-le-socialisme

Une union des gauches avec les écologistes progressistes est aussi le souhait exprimé par Ken Loach dans un courrier échangé avec un ami belge. Il y cite l’exemple du combat mené actuellement par Yannis Varoufakis, l’ancien ministre grec fondateur du « Front de désobéissance réaliste européen » en Grèce et du Mouvement pour la démocratie en Europe 2025 (DiEM25 https://diem25.org/fr/ ). Un mouvement et non un parti, qui défend les idées altermondialistes, écoféministes, post-capitalistes et d’écologie sociale.

Assisterons-nous à un réveil des gauches européennes ? On pourra glaner quelques réponses à ce sujet lors d’un deuxième débat organisé par l’Institut Liebman sous le titre « Socialistes, écologistes et gauche radicale, une alternative au néo-libéralisme ? »

Deux débats organisés par l’Institut Marcel Liebman

- Vendredi 17 septembre à 20h15 : rencontre avec Thomas Vescovi, L’échec d’une utopie. Une histoire des gauches en Israël. Coorganisé par l’UPJB et l’Institut Marcel Liebman, le débat sera animé par Jean Vogel (président de l’Institut Marcel Liebman). Lien vers l’annonce détaillée sur le site de l’UPJB , de l’Institut Marcel Liebman et vers l’événement Facebook : https://fb.me/e/1EdyxUcT8. Une vidéo de présentation de la conférence est également disponible en cliquant sur ce lien.

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- Mardi 26 octobre à 18h15 : débat sur le thème Socialistes, écologistes et gauche radicale, une alternative au néo-libéralisme ? Avec Maria Arena (PS), Marc Botenga (PTB) et Philippe Lamberts (Ecolo). La rencontre sera animée par Jean-Jacques Jespers (professeur à l’ULB, journaliste). Coorganisé par l’Institut Marcel Liebman et la revue Politique, à partir du livre Le socialisme malade de la social-démocratie de Mateo Alaluf (Editions Syllepse et Page 2). Détails sur le site internet et vers l’événement Facebook : https://fb.me/e/bIuPccHlk

 

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