Manu Bonmariage, clap de fin

Chemins de traverse

Par | Journaliste |
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Dans 7 Dimanche, cette info et cette photo annonçaient la fin de l'homme à la caméra. Ph.SD.

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En sortant du magasin du village, dans le journal gratuit 7 Dimanche, l'info illustrée d'une photo renvoie aux milliers d'images captées par Manu Bonmariage. Peut-être aurait-il découpé un article de ce type pour en faire un documentaire retraçant le parcours de la personne défunte pour préserver sa trace. Manu se passionnait pour les histoires des gens, tous profils confondus. Des prolos aux aristos il s'évertuait à capter la sensibilité, quitte à faire craquer les apparences, mine de rien, en laissant sa caméra enregistrer les paroles, les gestes, les outrances, les blagues et les sentiments, sans faire de commentaires. A quoi bon?

Manu Bonmariage, né à Chevron, en Haute Ardenne, amoureux des rivières et des cinémas de quartier, chevillé à son vélo et à ses rêves, tire sa révérence à 80 ans. Toute sa vie, caméra  vissée à sa tête de bûcheron, il a surligné au marqueur fluo de sa caméra le fait que la banalité n'existe pas. Sa démarche a été observée, imitée, louée ou critiquée. Ses documentaires et reportages ont révélé avec humour, tendresse et lucidité, la manière de vivre par chez nous, de ces temps-ci,  depuis les années 70 jusqu'à aujourd'hui. Sa fille Emmanuelle aura réussi à saisir le personnage qu'il était. Et en même temps gardé le souvenir du miroir qu'il était de nous. Son film "Manu" est un juste hommage.

A Hamoir, un soir, Manu projetait un de ses films.  Autant il était fonceur autant il pouvait être inquiet. Quand la lumière s'était rallumée, la salle avait applaudi et il avait souri, comme soulagé. Le film parlait de personnes ayant un handicap mental. D'elles il avait montré l'humanité avec un respect dénué du moindre soupçon d'arrogance. Lui qui parfois forçait le trait était  juste un mec qui se baladait, caméra à la main. Prêt pour happer la marche du temps, en cherchant la confiance des gens qui acceptaient de lui parler. Mémé Loubard, la grande chanteuse de blues en wallon de Charleroi, avait rigolé quand Manu avait voulu la filmer. "Tu vois le portrait?" D'abord Manu avait été déçu. Puis il avait braqué sa caméra sur un autre portrait.  On se prendrait à regretter que n'existe pas de film de Manu pour rappeler la voix de Claudine Mahy, alias Mémé Loubard. Comme Manu, elle nous manque. 

 

 

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