Des travailleurs, des voyageurs et la SNCB
Gare du Nord. Bruxelles. Mouvement des trains. Portières qui s'ouvrent. Se referment. Coups de sifflets. Conversations. Sacs à dos, gens qui passent yeux fixés sur leur gsm, gens qui filent dans toutes les directions, se croisent, s'éloignent. L'accompagnatrice du train sort un smartphone, une machine, un autre téléphone. Son regard saute d'un type qui arrive en courant alors que le signal du départ va se déclencher, à la porte prête à se bloquer. Elle fait signe à une collègue, une voix ferme dit au voyageur de monter quand même. L'accompagnatrice a suspendu le déroulement de ses opérations. Calme.
Comment réussit-elle, alors que la journée est avancée, à ne pas révéler la fatigue qui alourdirait les réflexes? Elle semble ne voir personne mais tout mouvement dans son champ visuel génère un réflexe usiné par les années. Elle vérifie si tout va bien, semble exhorter en silence le voyageur pressé à se résigner à attendre un peu si le train devait partir même sous ses yeux. L'homme s'engouffre dans le convoi. L'accompagnatrice a tout maîtrisé. Elle le regarde. Il passe.
Elle entame la suite d'actions qui libèrent le train. Heure après heure, les équipages des trains accomplissent sans que personne ne s'en rende vraiment compte une mission à haute responsabilité. Comme tant d'autres professionnels, des hôpitaux aux écoles. L'accompagnatrice n'a pas le temps de parler. Son métier? Rien ne peut être négligé, l'attention jamais ne doit se relâcher. C'est bien plus que le contrôle des titres de transport. Une course qui, jusqu'à la fin de la journée, exige un identique niveau de performance.
Une autre femme, à la SNCB, et qui a su mettre la main à la pâte, vient d'être nommée à la tête de la compagnie. Montera-t-elle à bord d'un train, incognito, pour observer les efforts de son personnel chargé de faire plus avec moins par des penseurs qui ne sont pas sur le terrain? Peut-être déciderait-elle de ne pas suivre ce plan qui, paraît-il, doit supprimer des accompagnateurs?
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