A fond les poubelles

Pasta

Par | Penseur libre |
le

© WICH

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Lecture 6 min.

Zemmour, c’est moderne ! Toute la subtilité politique de ce grand fauve du truisme d’extrême droite, comme tous ses semblables passés et à venir, consiste à vouloir faire du futur avec le passé. C’est moins fatiguant intellectuellement. Il suffit de ressortir du grenier les vieux livres d’histoires (avec un s et sans majuscule) qui nous faisaient tant rêver quand on était petits ; où les méchants étaient punis et les bons récompensés. Où les bougnoules savaient dire « Y a bon Banania » en riant au lieu de brandir un doctorat en Lettres en faisant la gueule ; où on savait offrir, à genoux, des bouquets de fleurs et déclamer d’émouvants poèmes à l’élue de son cœur, puis la remettre à sa place, à la cuisine, la bourrer de torgnoles en temps utile une fois épousée ; les chefs étaient des chefs, sévères, mais justes, Dieu veillant à l’harmonie de tout ce petit monde.
Par contre, l’Histoire sans s et avec majuscule, ça vous fout en l’air vos illusions. Elle est écrite par des démoralisateurs professionnels au service de ploutocraties invisibles dirigeant le monde en secret.
Il vaut mieux ne pas en parler. Ce dont l’électeur a besoin, c’est justement d’illusions, qui, c’est bien connu, n’engagent que ceux qui y croient. Pour l’honnêteté de l’exposé, il est important de souligner qu’il n’y a pas que l’extrême droite qui se livre à la diffusion massive de carabistouilles chimériques. On appelle ça « Communication », ça s’enseigne à l’Université ; on disait « Langue de bois » il n’y a pas si longtemps quand ça venait de Russie, parait-il, soviétique, et ses environs idéologiques immédiats.
Zemmour et ses semblables sont dans un processus doctrinal contradictoire : faire du futur avec le passé, c’est pas facile. Le passé n’existe plus, le futur pas encore. Fort heureusement, le futur ne demande qu’à devenir du passé, du passé radieux, comme avant ! L’avenir, allons les frileux, n’a rien d’inquiétant ! Ce n’est que du passé en marche vers les lendemains qui chantent au pas de l’oie. Exaltant, non ?
Pour convaincre celui qui n’aime pas le présent, on le comprend, il faut revisiter de vieux baratins, de vieilles sornettes qui ont fait leurs preuves. Par exemple, pour ce qui concerne plus spécifiquement la France, le Pétainisme, c’est du passé qui ne demande qu’à avoir de l’avenir.
Seulement voilà : il faut trouver des hommes et des femmes crédibles, capables de porter un tel projet, pas des petits jeunots encore mal assurés dans leurs combats-shoes, mais de vrais fachos (tout de suite les grands mots !) blanchis sous le harnais, et en costume croisé. Ça fait sérieux.
Mais où, bon sang, trouver un tel biotope ?
Je vais, devant vous et sans augmentation du prix de l’abonnement à votre journal préféré, participer à la marche de l’Histoire par une révélation qui va vous couper le souffle :
Les poubelles de l’histoire !
C’est là qu’il réside l’Eldorado des marchands d’Ordres Nouveaux ! Toiles d’araignées et raclures pourrissantes comprises.
C’est ainsi qu’en fouillant ces fonds puants, Zemmour a trouvé un zélote qui ne demandait qu’à resservir : Alain Destexhe qui s’était déjà illustré dans un grand bide politique de droite et un peu plus, en Belgique.
À vos désodorisants !

Nos monstres
Si, si vous les connaissez, ou en tout cas, vous les avez déjà vus. Dans votre quartier, dans les transports en commun ou à la télé. Vous n’y avez pas spécialement prêté attention, car la plupart du temps ils ne disent rien ou lorsqu’ils causent dans le poste, vous n’y prenez pas garde plus de quelques minutes, le temps de leur blabla, car, dans le poste, on y dit tout et son contraire et de beaux causeurs vous en avez déjà tellement entendus que votre cerveau zappe.
Et pourtant... Ils sont partout.
Yves Frémion, écriveur pro dans presque tous les domaines où il est possible d’écriver, SF, polars, chroniques (Fluide Glacial), investigation historique (Les orgasmes de l’histoire, en voie de réédition), j’en perds en route, créateur d’un des premiers fanzines dans les années 70 (Le petit Mickey qui n’a pas peur des gros), compagnon de route des Bretecher, Gotlib, Reiser, et d’autres, bien d’autres. Il a même fait don de son corps à la politique, personne n’est parfait, comme député européen (Vert), mais ça n’a pas duré.  
L’âge et l’expérience venant il a fini par les repérer tous ces nuisibles qui, insidieusement ou non, mais sans relâche pourrissent la vie de leurs semblables. Sans penser à mal, hein ! Non, ils pensent à leur bien. Rien d’autre.
Penser au bien, c’est bien.
Mais ça peut faire mal.
Ça engendre même des monstres. Et pas cachés sous le lit ! Des vrais, dans la vraie vie de tous les jours !
C’est pourquoi ce bouquin, paru aux éditions Rouquemoute (le patron de la boîte est-il roux ?), s’appelle « Nos Monstres ». (20 euros)
Frémion n’épargne personne. Appartenance sociale, politique, sexe, genre, profession, loisirs, couleur de peau, bouseux, citadin, petit voyou de quartier, fils ou fille de bonne famille comme on dit, zonard, milliardaire, militaire, j’en oublie, tout le monde y passe ! Chacun ses deux pages. Pas plus, mais ça suffit. On pense aux « Caractères » de La Bruyère, mais en plus cruel. À ce point que l’ouvrage ne se parcourt qu’à petites doses. L’exposition de tant de bêtise, de méchanceté, de cynisme, de faux-culisme, d’arrivisme, de calculs sordides et autres menus traits de personnalité du genre humain amène rapidement au point de saturation mentale. Mais la lecture se reprend facilement après refroidissement de la tuyauterie cérébrale.
La deuxième page consacrée à chaque monstre est illustrée par Flavien Moreau. (Non ! Pas l’ancien jihadiste français, — ça doit-être assez chiant pour lui cette malencontreuse homonymie, mais pas de confusion ici !).
De la sorte, à l’usage de ceux qui penseraient que quelque chose leur a échappé dans le texte, le portrait moral est complété par une fiche quasi anthropométrique, au trait aussi féroce et précis que le rapport écrit.
Si bien qu’on se dit : « Ah, mais oui ! Je le connais ! je l’ai déjà vu ! Où ça déjà ? »
Que le Monstre en Spaghetti Volant vous touche de son appendice nouilleux.
Ramen.

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