Twar ta gueule à la récré - 2ème période

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Par | Penseur libre |
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Résumé du chapitre précédent : Les élus du peuple professionnels sont en grand émoi à l’approche des élections ; ils ont convoqué les plus hauts QI de leur petite entreprise pour forcer la chance. Lesquels de nos larrons emporteront la mise ? La population, sagement, prépare les abris.
Le PSC (Parti Socialiste Communautaire, de Bruxelles) a encore eu une brillante idée qui sent bon la retape électorale : permettre aux candidats au permis de conduire de le passer dans une des huit langues de leur choix, utilisées à Bruxelles.
Le choix, n’est-ce pas un idéal démocratique ? Huit langues parmi les plus parlées, c’est pas rien ! On espère seulement qu’on est bien d’accord : il ne faut pas répondre dans les huit langues.
À part le français, l’anglais, l’allemand et le néerlandais, ce qui n’est déjà pas mal pour un si petit pays, je n’ai pas trouvé quelles pourraient être les autres. Il faut dire que les recherches dans les médias en ligne ne sont pas de tout repos. J’ai passé presque plus de temps à bloquer les demandes de cookies et les listes de « partenaires » (partenaires en quoi ?) qu’à écrire mon article. Eh oui ! refusant le parcours d’intégration à la pub, j’ai laissé tomber.
L’argument évoqué pour ce projet est très pragmatique et ô combien social : il est plus important, selon le PSC, de montrer qu’on connaît bien le sens des panneaux de signalisation routiers plutôt que la langue du pays où l’on a décidé de vivre.
Ça permettrait à des tas de gens de trouver un boulot où le permis de conduire est indispensable. Beaucoup d’entreprises sont demandeuses. Ah ! ça ! s’il s’agit de la compétitivité des entreprises, ça change tout. De gauche, mais compréhensifs.
Et puis l’Allemagne, les Pays-Bas et d’autres pays le font déjà ! Oh ! Hé ! Hein ! Bon ! comme chantait le regretté Nino Ferrer. Certes, d’après je ne sais plus quel fin observateur, il y a des milliards de mouches qui bouffent de la merde, mais est-ce que pour autant je dois la trouver à mon goût ? (la citation est approximative).
Tout de même vient une question : si ces personnes candidates au permis ne sont pas capables de répondre dans une des quatre langues citées ci-dessus aux questions sur la signification d’un panneau de signalisation, sur l’intérêt de mettre son clignotant avant de tourner, s’arrêter ou ralentir, laisser la priorité, etc. ce qui n’est tout de même pas une dissertation sur la Critique de la raison pure de Kant, on se demande comment elles font pour lire leur feuille d’impôt ou autres démarches administratives de base, notamment en ce qui concerne leurs droits ou, plus prosaïquement, quels produits choisir au supermarché ? Vous me direz qu’il y a souvent des dessins ou de belles photos sur les boîtes. Mais quant à savoir ce qu’elles contiennent vraiment sous la belle étiquette...
J’avoue que la vie ne doit pas être facile pour ces personnes. Mais on ne peut manquer d’être surpris par cet élan de sollicitude à leur égard en ce moment de festivités électorales.
La Flandre de droite propose un parcours d’intégration (facultatif) qui permet de connaître au moins les bases de la langue du pays d’accueil (ce qui n’empêche personne de finir dans les centres fermés, d’accord) des mœurs, coutumes et autres pratiques plus rébarbativement administratives, de l’endroit où l’on a mis les pieds. « Belgique, mode d’emploi », selon moi, ce serait mieux que « Parcours d’intégration » qui donne le sentiment qu’on veut vous passer à la moulinette à viande idéologique. Dégât collatéral, de nombreux Belges et autres intégrés pourraient aussi en profiter pour essayer à leur tour de comprendre comment fonctionne la Belgique. On ne sait pas où ça peut conduire, alors, pas de ça, Lisette ! Ça pourrait nous faire perdre les élections.
Ce « parcours d’intégration » comme on l’appelle, dont certains voudraient qu’il soit obligatoire, est, semble-t-il bien, une idée de droite qui voudrait faciliter la vie des gens. Manipulation, oui ! Tentative, s'il devenait obligatoire, de mieux contrôler les immigrés, pire, avoir un prétexte supplémentaire pour renvoyer chez eux ceux qui auraient raté les épreuves, avec, par exemple, un Théo Frankenstein comme ministre du Parcours d’intégration.
Les idées mises en œuvre par la droite pour aider les défavorisés, ça pue l’arnaque.
C’est embêtant à dire, mais pas à tous les coups.
Par exemple, Simone Veil, qui a fait passer la première loi sur l’IVG dans nos contrées, était membre d’un gouvernement de droite (Chirac) et d’un autre avant (Giscard d’Estaing), on ne peut donc pas dire qu’elle avait pris sa carte du parti dans un moment de distraction.
Était-ce, en sous-main, une loi pour empêcher le prolétariat de se reproduire ? Il eût peut-être alors fallu songer à transformer en éboueurs nos brillants ingénieux ingénieurs des écoles de commerce, dont nous bénéficions du savoir-faire aujourd’hui. Vous n’y pensez pas !
Camarades ! Avorter, c’est une idée de la droite ! Salopes ! (Ne le répétez pas, mais je dis ça pour décourager le Vlaams Belang de faire croire que c’est une immonde pratique concoctée par la Gauche, qui, de ce seul fait, devrait être interdite).
L’étude de ce mode d’emploi devrait-elle être obligatoire partout dans le pays ?
Manquerait plus que ça ! Et la liberté individuelle ?
C’est vrai qu’on a parfaitement le droit de choisir d’être un illettré dans le pays où l’on habite, de ne rien comprendre à ce qui se passe autour de soi, notamment en matière de droits, de n’être informé que de ce qu’il se passe au pays d’origine. Déjà que même avec le minimum de l’école obligatoire pour les autochtones, on n’est pas à l’abri de se faire niquer par tous les forbans entrepreneurs, agioteurs, promoteurs de lendemains où on devient une vedette, marchands de sommeil, de ceci, de cela qui lave plus blanc, ou du Mac Do gratuit pour tous dès demain, si on vote bien.
Comment Elon Musk, Bolsonaro, Trump, Milléi et ses amis appellent-ils ça ? Ah oui ! Libertarisme. C’est bon pour le PIB. Enfin, surtout celui, perso, des milliardaires.
Vous me direz qu’en Afghanistan, on fait dans le même genre. L’analphabétisme est un puissant indicateur de la prospérité économique et/ou, du niveau de domination d’une partie, certes réduite, mais puissante, de la population.
Et puis, tient ! l’École obligatoire en vigueur chez nous, n’est-ce pas un moyen d’endoctriner nos chères têtes blondes, de tuer leur spontanéité, leur créativité naturelle, de les faire souffrir sur l’accord du participe passé qui ne leur servira à rien dans leur futur métier de chauffeur-livreur ?
J’en ai connu qui pensaient comme ça, même parmi mes camarades anarchistes. C’est utile, ça permet de prendre du recul. C’est pourquoi je me suis converti au Pastafarisme, question spiritualité.
Ça y est ! va-t-on dire, comme un quelconque guignol du Showbiz, Bouchez-double, lui a promis une place éligible au Noirret.
Ben non. Pourtant, depuis le temps que je parle de lui ! Je suis bien mal récompensé, Tssss! « Faites du bien à un vaurien, il vous chie dans la main ». Les dictons populaires, quoiqu’un peu rudes, ont la rime presque riche. C’est comme ça le peuple, heureusement, le bulletin de vote n’a pas d’odeur.
Pour en revenir à notre sujet, les célèbres duettistes Paul et Mickey se sont emparés de l’affaire. Comme on pouvait s’y attendre, ça vole haut. Une pointure du MRd’Alors, David Leisterh, dont on ne se lasse pas de la vivacité d’esprit, s’efforce de faire aussi bien que son président. Répondant au PSC qui ose dire que le MRd’Alors est de droite (rhôôôôh !) tout en faisant semblant d’être de gauche (si, si, c’est ça les grandes envolées du débat politique), il affirme qu’il ferait mieux, le PSC, de fermer sa gueule sur cette question, car son parti a récemment voté comme le PTB !
Vous n’avez pas bien compris ? Moi non plus. Le premier épisode de cette passionnante saga me rafraîchira la mémoire, j’y retourne.
À suivre.
Que le monstre en Spaghetti Volant vous touche de son appendice nouilleux.
Ramen.

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