Colère

La révolte actuelle des agriculteurs évoque les jacqueries de jadis mais aussi illustre parfaitement le conflit fin du mois/fin du monde et la manie assez peu courageuse de préférer la décision politique avantageuse à court terme mais qui aggrave des problèmes dont l'urgence s'amplifie. Il ne fait aucun doute qu'il faille changer de modèle agricole. À l'échelle mondiale, l'agriculture est responsable du quart des émissions des gaz à effet de serre. Dans les régions riches, elle est entrée majoritairement dans la logique ultralibérale. Cela suppose aussi de changer d'habitudes de consommation, il ne faut pas demander aux agriculteurs de porter tout le poids de ces modifications, lesquelles, en effet, risquent de compliquer leur tâche.

La révolte, qui touche particulièrement la France, semble atteindre ses objectifs mais continue et devient contagieuse. Le renoncement à la hausse du gazole non routier a évidemment provoqué une exclamation de secteurs pêche et bâtiment travaux publics: et pourquoi pas nous? À cela se superpose un problème de moyen. Mais étonnez-vous qu'alors que la guerre et ses horreurs redevient une norme acceptable, des citoyens mécontents recourent à une certaine forme de brutalité... Le vrai problème n'est pas la PAC, la bureaucratie française, le soutien souterrain du RN, le minimum décent à accorder aux agriculteurs dont beaucoup s’épuisent pour trois fois rien, le problème est de concilier agriculture durable, transition écologique et redistribution juste de la richesse commune. Croire qu'il existe des solutions immédiates est contribuer à compliquer, voire à compromettre l'avenir.