Les droits humains à la sauce Erdogan
Edito par Gabrielle LefèvreEt voilà que la Turquie annonce ne plus appliquer temporairement la Convention Européenne des Droits de l'Homme, le temps de l'état d'urgence... Comme la France le fit après les attentats de novembre 2015.
Si la France, "patrie" des droits de l'Homme l'a fait, pourquoi s'en priver?
Les droits humains apparaissent donc comme un vulgaire traité commercial que l'on peut suspendre à tout bout de champ au gré des impératifs politiques de certains dirigeants. Et encore, quand on voit le soin avec lequel la Commission européenne s'apprête à bétonner les projets de traités commerciaux transatlantiques, on aimerait qu'une telle rigueur soit présente pour les chartes et conventions qui sont censées protéger l'éthique politique.
Les valeurs universelles sur lesquelles nous avons fondé une conception de la démocratie peuvent-elles être mises au placard, le temps d'une purge (gigantesque dans le cas de la Turquie) sans que la communauté internationale y trouve à redire? On dirait bien que oui. Les seules réponses européennes sont un avertissement timide lancé à la Turquie afin qu'elle protège les droits humains.
C'est au nom de la démocratie que des militaires ont tenté un putsch, c'est au nom de la démocratie que le pouvoir en place applique impitoyablement une purge digne de la période stalinienne, installant une véritable dictature qui fut soigneusement préparée au vu de la rapidité avec laquelle les listes de militaires, de magistrats, de journalistes, d'enseignants et autres personnes suspectées de contester le régime ont été utilisées par les forces obéissant au tout puissant président Erdogan.
Et pourtant, la démocratie n'est pas la loi du plus grand nombre. Une majorité électorale ne fait pas démocratie. La démocratie est un programme: celui de l'application des Droits de l'Homme.