Les citoyens vont créer les jobs de demain, pas le gouvernement ni l’entreprise.

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Image Lance Ulanoff, Mashable, https://goo.gl/images/3o1GjJ

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Parce que ni le gouvernement ni l’économie ne sont capables de les créer.
Ce ne sont pas non plus les robots qui vont prendre nos jobs. Ils en prendront, c’est sûr, mais, la plupart du temps, ce ne sont pas des jobs qui créent de la plus-value personnelle. Ils remplacent Charlie Chaplin dans les Temps Modernes et c’est une bonne chose. Quitte à travailler un tiers du temps, autant que ce travail ait du sens et en donne à nos vies.

Le PIB nous trompe

Le PIB (produit intérieur brut) qui balise nos économies, nos politiques budgétaires, nos plans d’austérité est un indicateur qui ne comptabilise pas tout. Le coût de la pollution, de la mésinformation, de l’espionnage russe à la Facebook, des Paradise Islands, de la violence qui naît des inégalités… ne sont pas pris en considération. Le PIB nous donne donc une vue biaisée qui montre un retour à la croissance, ce qui sert la popularité des gouvernements qui sont au pouvoir au moment où elle revient. Et ils s’en flattent. Mais notre bien-être croit-il ? Non, l’angoisse ou la colère grandissent et les salaires stagnent. Sur mon blog d’Entreleslignes, j’expliquais, il y a peu, que la croissance se poursuit, mais que seul 9% des gains d’un entreprise du S&P500 étaient investis dans l’entreprise, ses employées et employés. Le reste va aux actionnaires de moins en moins nombreux et de plus en plus riches en cash. Et c’est face à ce problème que doit émerger le profil et la création des jobs de demain. Les dirigeants ne le font pas et ne le feront pas.

De nouvelles mesures

Il faudrait un grand mouvement planétaire de #metoo et #balancetonboss (s’il n’y avait l’encouragement à la délation ad hominem) qui mette en exergue les jobs abrutissants, les managements sans éthique sauf celle de façade, le coût de la pollution, de la maltraitance, du harcèlement, de l’abrutissement… Je ne crois pas que les managers soient contraires. Je crois seulement qu’on leur a appris que la gestion passe par la mesure. S’ils ne peuvent pas mesurer quelque chose, ils ne peuvent pas le gérer. Les mesures manquent. Compter les #balancetonboss en serait déjà une. Mais mesurer l’impact d’une activité sur les générations de demain en est une autre. Mesurer la satisfaction du personnel et son épanouissement en est une autre encore. Et ces mesures amènent à reconsidérer les fonctions de l’entreprise. À imaginer le marketing de demain comme l’enseigne Jean-Pierre Baeyens, à concevoir la notion de service de demain, à recadrer la finance, etc.

Libérer la créativité, générer des visions

Ces nouvelles mesures mèneront vers de nouvelles idées, de nouveaux cadres d’action, de nouveaux paradigmes, de nouvelles fonctions, de nouvelles structures. Et apparaîtront, alors, de nouveaux jobs avec des responsables créatifs, par exemple. La créativité est absente des organisations parce que les gens ont peur d’oser exprimer une nouvelle idée. Si elle n’a pas fait ses preuves ailleurs, elle n’est pas bonne. Elles sont étouffées avant de naître. Comment voulez-vous aller de l’avant si ce qui vous guide est le benchmarking avec le passé ? Mais pour que les gens osent, il faudrait peut-être nommer un responsable d’humanités dans les entreprises. C’est ce qu’a fait une l’entreprise la plus florissante et innovante aux États-Unis, celle qui a inventé le Gore-Tex parmi tant d’autres choses.

Plus de leaders, plus d'humanités, moins de chefs et de benchmarking

Chez WL GORE, ils ne croient pas aux hiérarchies, il n’y en a pas. Ils croient dans les hommes et les femmes qui viennent y travailler sans remplir une case dans l’organigramme, mais en apportant ce qu’ils ont de meilleur en eux dans la chaîne de valeur des différents projets. Il n’y a pas de chef. Rien que des leaders élus. Le leader montre la voie. Il a une vision en partage. Le chef ordonne et soumet. C’est très différent. N’oublions ni le comptable vert ni le stratège du bien-être au boulot qui ne peut se réduire à une séance de coaching ou un workshop. Bref, les organisations ont besoin de rôles qui se centrent sur l’entreprise, celles et ceux qui y travaillent, ceux et celles qui sont clientes ou fournisseures (NDLR, j’adopte la règle de la proximité) en apportant plus de vie et d’humanités. Deux ingrédients qui génèrent de l’enthousiasme et de la confiance. Deux éléments à mesurer également parce qu’ils sont en corrélation avec l’innovation et le succès durable d’une entreprise.

Demain commence aujourd'hui

Il y a dans le monde des initiatives qui vont dans ce sens. Elles restent très marginales. D’autres sont exclues parce qu’elles imposent une remise en question du management. C’est le cas de l’entreprise de Wilbert Gore . Quel manager accepterait de ne pas être réélu ? Ils préfèrent les parachutes dorés alors pourquoi pas un peu de #balancetonparachutedoré. Mais comme nous, ils découvrent le pouvoir de l’indignation sur les réseaux sociaux et le pouvoir du journalisme d’investigation mutualisé comme le montre les enquêtes sur les Panama Papers et Paradise Islands. Ils vont devoir s’ouvrir au changement et se préparer. Ils le sentent.

Les femmes montrent la force de l'indignation et des réseaux sociaux qui la relaie

Aucun de ces changements ne verra le jour si le marché ne l’impose pas. Et le marché, c’est nous. Et tant que nous ne faisons pas valoir au quotidien que nous voulons que ça change, rien ne changera, rien de ce qui précède ne se matérialisera autrement qu’en façade, comme le fameux code de gouvernance Lippens, par exemple. Cela signifie que nous devons agir dans notre consommation et dans notre communication au jour le jour, en nous indignant, en nous remettant en question. Inspirons-nous des femmes d’aujourd’hui qui font que la honte change de camp.

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Des signes en témoignent, les citoyens s’indignent et des entreprises prennent des initiatives, mais elles sont encore timides. Cibler le client comme on a ciblé et influencé les électeurs en micromarketing sur les réseaux sociaux fait toujours rêver plus. Hélas.

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