Jonathan De Cesare, peintre-reporter

Chemins de traverse

Par | Journaliste |
le

Un livre illustré de peintures pour témoigner du travail d'une équipe de soins intensifs de la région de Charleroi, au coeur de l'épidémie.

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Lecture 3 min.

Reporter photographe, notamment free lance pour Le Soir et autres quotidiens, voici quelques années, Jonathan De Cesare vit et travaille dans la région de Charleroi. C'est sur ce terrain qu'il part en reportage. Toujours il ramenait des images d'une grande sensibilité, dont l'ambiance parfois faisait référence à la peinture et au dessin. Il arriva que Jonathan photographie un guitariste et apprenne cet instrument jusqu'à y exceller. Mais la peinture? Partant en reportage, il parlait de l'approche de l'illustrateur. Au départ de notes sur un carnet et de croquis, résumer un climat, une histoire, en une dessin sur lequel déposer des couleurs.

Avec Stotzem, il a appris le glisssando des cordes. De la musique il a glissé vers les pinceaux et la toile, laissant un temps son appareil photo dans son sac. Jusqu'au jour où il a été admis dans un service de soins intensifs de la région de Charleroi pour un témoignage pictural du travail des équipes. Selon sa manière discrète, Jonathan s'est assis dans les couloirs, s'est approché des lits, a observé les gestes, écouté les personnes, frémi en voyant les gisants. Cette plongée dans la terrible réalité l'a amené à illustrer une série d'articles publiés dans le quotidien français le Figaro,  du 16 au 21 novembre 2020. 

Par la suite son chemin a croisé celui d'Etienne Van Den Dooren, des éditions du Basson, à Marcinelle. Un éditeur qui déteste la routine et privilégie l'humanité. D'où l'idée du livre dont le titre est "Intensif". En avant-propos, l'auteur confie ceci: "Comme beaucoup, je me suis senti spectateur de la vague, surfeur désemparé, impuissant face à la marée médiatique. L'art a été classé non essentiel. Mon métier est devenu non nécessaire dans le monde. Mais l'art ne peut mourir. Il sert. Il transmet l'émotion ou la provoque. Je suis provocateur. J'ai donc décidé de rendre son essence au "non essentiel".

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Au gré des pages au papier épais le lecteur pénètre dans un hôpital qui devient universel. En regard des peintures, des mots sont extraits d'un entretien accordé à Emma Legeay par la soignante Emilie Vervy. Simples et nus, ces mots font corps avec les images. "Vendredi soir, sa femme a pu le voir, éveillé, conscient. Ca n'a pas duré. Lundi, on ne l'a pas récupéré". Et..."On a même autorisé certaines familles à venir voir derrière les vitres". Ou encore, "Comme les patients sont sédatés, pour les toilettes, on met parfois de la musique. C'est pas rare que l'on se mette à chanter...On le fait aussi pour les patients, quand ils veulent mettre un peu de musique. Des fois on rigole de ça. Ca arrive". Encore ceci "Tout est fermé. on est dans un aquarium en permanence. On est vitrés". A la fin, "On est tous là, à s'envoyer des messages quand on a eu une nuit ou une journée difficile". 

 

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