Et la haine revient toujours

L'as-tu lu,lulu?

Par | Journaliste |
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« Le bonheur est parti avec toi », écrit Samira Laakel à propos de la disparition de sa fille chérie Nora. Avec le départ, avec la mort de ces adolescents, le malheur est arrivé, non seulement pour des familles mais pour la société qui les entouraient, pour les victimes tuées ou blessées lors de ces « combats » pour délivrer des « frères » en Syrie.

Entre souvenirs et larmes, Fatima Kaddour écrit à son fils, Bilal, si beau à ses yeux de mère, mort à Paris en novembre 2015, dans l’explosion de la bombe qu’il portait sur lui.

Deux mères en douleurs inconsolables face à ce grand mystère : pourquoi des enfants qu’elles ont aimés, des adolescents comme tous les autres vivant une vie « normale » dans notre société somme toute moins malmenée par la pauvreté et la violence qui sévissent dans tant d’autres pays, comment ces enfants quittent-ils tout pour mourir ailleurs, dans une guerre sale, dans des actes terroristes puisqu’ils frappent des civils désarmés ?

Ces deux petits livres de témoignages nous plongent dans la complexité de ces vies, et dans l’insondable douleur de l’incompréhension. Ce « pourquoi » qui taraude les esprits, des années durant.

Il nous rappelle que parmi les victimes de ces drames, il y a les mères mais aussi les sœurs,  les frères, les pères de ces jeunes gens. Ils ne comprennent pas. Ils souffrent de cela mais aussi des regards suspicieux, craintifs, haineux parfois des autres. De ceux qui vivent aussi dans la peur des attentats, dans la peur de la différence, dans la peur de l’autre et de sa religion.

Et la peur attise la haine, obscurcit les esprits, fait se lever de milliers d’hommes et de femmes brandissant les étendards des extrême-droites, cherchant une illusoire protection par les armes et les gros bras (et petits cerveaux) de milices comme celle qui a entaché la manifestation contre l’antisémitisme après l’assassinat horrible d’une vieille dame, juive, handicapée, le 23 mars à Paris.  

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Pendant que la justice poursuit son œuvre difficile, délicate qui consiste à rencontrer les droits des victimes sans dénier leurs droits aux criminels, « La bête rôde encore », écrit Jean-Jacques Amy, membre fondateur de la Ligue pour l’abolition des lois réprimant le blasphème et le droit de s’exprimer librement. Cet « Essai sur l’incitation à la haine » nous permet d’en mesurer la dimension historique et l’ampleur actuelle. Il nous oblige à réfléchir aux limites à la liberté d’expression, qui doit rester pourtant la plus préservée de nos libertés. Parmi ces limites, légalement et moralement acceptées dans nos sociétés, il y a l’incitation à la haine. L’auteur nous explique pourquoi cette limitation s’impose après les grands drames vécus par notre humanité, notamment lors de la deuxième guerre mondiale. Une incitation à la haine qui prolifère malheureusement dans les réseaux sociaux, dans les groupuscules sectaires et violents qui transforment la naïveté, les pulsions de jeunes et de désespérés de la société en terrorisme sanglant.

La conclusion de Jean-Jacques Amy : « Les propagateurs de haine exècrent la liberté d’expression qui permet de dévoiler les tenants et les aboutissants de leurs propos réducteurs. L’incitation à la haine n’a rien à voir avec la liberté d’expression; elle en est l’antithèse. » (G.L.)

  • « Le bonheur est parti avec toi », Samira Laakel, éditions Antidote. Décembre 2015.
  • « A travers mes souvenirs et mes larmes ; lettre à mon fils », Fatima Kaddour, Editions Antidote, www.antidotepublishers.be.2017.
  • « La bête rôde encore », JeanJacques Amy. Editions Espace de Libertés, coll. « Liberté j’écris ton nom ». Mars 2017. www.laicite.be
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