Les occasions manquées

Poing de vue

Par | Journaliste |
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Le bâtiment des Nations Unies, à New York. Un panneau routier peut être une métaphore de l'histoire. Photo © Jean Rebuffat

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Trouver un bénéfice à la guerre ouverte qui sévit depuis un an en Ukraine suite à l’opération militaire spéciale russe, euphémisme pour agression, semble être de bon ton dans la presse ouest-européenne de ces jours-ci. Et ce qui revient avec insistance, c’est que l’Europe (l’Union européenne) montre sa force et sa cohésion et qu’elle sortira renforcée de l’épreuve.

D’abord, cette cohésion est relative et des politiques divergentes, causées par des considérations économiques immédiates, se cachent derrière la façade. Mais ce n’est pas le plus grave. Tout d’abord l’aide n’est pas qu’européenne; elle concerne l’Otan. On rejoue la guerre froide sur un mode tiède. Et l’histoire nous apprend que les alliances militaires, pratiquement généralement présentées comme défensives, finissent toujours par vouloir exister; la tentation est grande si l’on veut bien se souvenir que l’adage selon lequel la meilleure défense, c’est l’attaque est souvent évoqué – dans le cas qui nous occupe, par la Russie.

L’effondrement de l’empire soviétique aurait pu, aurait dû aboutir à la dissolution de l’organisation du traité de l’Atlantique nord. Une belle occasion ratée… Comme la création de la SDN après la Grande Guerre, qui était supposée éviter les conflits futurs, et qui a échoué parce que les vainqueurs ont étranglé les vaincus; on changea d’optique après la seconde guerre mondiale en comprenant enfin qu’il valait mieux une interdépendance, d’où l’idée européenne, mais comme le monde était officiellement coupé en deux blocs depuis Yalta, une compétition y compris militaire s’engagea; et à présent subsiste cette relique qu’il est trop facile de présenter comme une menace unilatérale. On entend justifier a posteriori son maintien par la situation présente alors que celle-ci s’explique aussi par cette existence même.

Ceux qui refusent de croire que le pacifisme est impraticable me font penser aux partisans de la peine de mort qui réclament que MM. les assassins commencent. Au lieu d’acter que le monde avait changé, on s’est précipité pour englober dans l’Union européenne la quasi-totalité des marches de l’empire soviétique et, profitant de l’aubaine, pas mal d’entre eux dans l’Otan, comme s’il était nécessaire de se prémunir d’un danger révolu ou de se venger du passé. Sans percevoir, puisque tout cela partait d’un bon sentiment, la dose d’arrogance que cette attitude pouvait embarquer.

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