Comment d'anciens réfugiés peuvent-ils voter Le Pen?

Poing de vue

Par | Journaliste |
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Un paisible village de l'Hérault, à 150 km de l'Espagne. Comment d'anciens réfugiés peuvent-ils voter pour quelqu'un qui ne veut plus des réfugiés? Photo © Jean Rebuffat

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Dominique Bouchery habite dans un bourg du sud de l'Hérault, à 150 km de la frontière espagnole. Retraitée active dans la vie sociale de son village, elle y croise de vieilles personnes qui semblent avoir occulté leur propre passé ou celui de leurs familles.

Comment les personnes qui ont voté au premier tour ne se sentent-elles pas toutes capables de choisir entre deux personnes au second tour? Même si ces deux candidats ne leur plaisent pas, le plus grand des dangers est justement de ne pas aller voter. Le vote blanc et l'abstention ne donneront qu'un résultat: le pire, puisque tous les spécialistes le disent, cela donnerait une possible victoire de Marine Le Pen! En effet, les électeurs FN ne se dégonfleront pas; donc toute personne s'abstenant ou votant blanc fera son jeu.

Pour quelles sinistres raisons le Front républicain ne se (re)forme-t-il pas comme en 2002? Pensez-vous que les personnes qui ont voté pour Lionel Jospin au premier tour de 2002 se sont déplacées pour voter Chirac de gaîté de cœur? Beaucoup ont dit: plutôt la peste que le choléra.

Emmanuel Macron semble gêner les politiques de tous les partis dits traditionnels, de la France Insoumise au parti Les Républicains. Il est vu souvent (de nombreuses personnes le lui reprochent) uniquement comme le banquier qu'il a été, ou comme le ministre de Hollande! Mais il n'est pas que cela. Il représente une nouvelle façon de voir et de faire de la politique. Il tente de centraliser différents courants et j'ai employé le mot centraliser de manière totalement volontaire, puisque son mouvement rassemble des personnes allant du Parti Communiste au parti Les Républicains. Même si ses idées ne sont pas vraiment celles qui me ressemblent, il est obligatoirement le seul qui aujourd'hui peut nous permettre de ne pas voir la France sombrer dans un repli effréné sur elle-même, de perdre toute crédibilité face aux pays étrangers, à commencer par nos voisins européens!

Marine Le Pen n'arrête pas de marteler que Macron c'est l'oligarchie, qu'elle au moins est près du peuple. Mais à part des selfies sur un parking entourée de quelques ouvriers Whirpool déjà acquis à sa cause (j'ai eu beau écouter ses paroles, elle leur dit «tenez bon» et rien de plus) et une virée en mer sur le chalutier d'un conseiller régional FN en compagnie de Gilbert Collard (on aurait dit Haddock et la Castafiore, je me suis d'ailleurs bien marrée en les regardant!), que propose-t-elle exactement? Sortir de l'espace européen? Belle idée! D'abord elle crache dans la soupe qui l'a nourrie pendant plusieurs années en tant que députée européenne (n'oublions pas que le Parlement européen a recalculé la somme indûment perçue par ses collaborateurs en la plaçant à cinq millions d'€), ensuite elle met en danger l'économie de marché, contrairement à ses dires, car qui voudra de nos produits qui seront surtaxés à l'étranger, notamment dans l'espace européen?

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Retourner au franc français? Encore une autre belle idée que celle-là, je vous renvoie à cet article des Échos (qui n'est pas franchement parler un organe de gauche) pour mieux comprendre les conséquences économiques et financières...

Renvoyer dans leur pays d'origine tous les fichés S? Mais où les renvoyer quand ils sont français, nés français, de parents français? Salah Abdeslam avait beau vivre à Molenbeek, il était français!Va-t-elle créer un «no man's land» quelque part pour les «parquer»? Tiens, je ne sais pourquoi, cela me rappelle certains souvenirs nazis! Or j'entends des personnes âgées de plus de 80 ans qui soutiennent l'idée et votent Le Pen. Auraient-elles déjà oublié les exactions du fascisme, qu'il soit allemand, italien ou espagnol? Auraient-ils la mémoire si courte? Pourtant nombreuses sont les familles qui ont souffert de près ou de loin de cette (ces) période(s) noire(s) de notre siècle dernier. Dans mon village, dans le département de l'Hérault, à 150 kilomètres de la frontière espagnole, il y a beaucoup de réfugiés espagnols fuyant la guerre d'Espagne qui sont devenus français. À cette époque-là, personne n'a crié au scandale: les Espagnols ont été accueillis bras ouverts, tout comme les Italiens dans l'Est ou le Nord-Est ou les Polonais dans le Nord. Cela donne une société plurisociale et multiculturelle, enrichissante et épanouissante. La France a toujours été et doit rester une terre d'asile et d'accueil pour ceux qui fuient la guerre et la faim dans d'autres pays du monde.

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