Un âne vaut mieux que mille mots

l’œil et l’oreille

Par | Journaliste |
le

Capture d'écran de la bande annonce qui me permet de vous présenter Antoinette.

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Vous n'en avez pas marre, vous, de toutes ces étoiles qui parsèment les critiques cinématographiques? Ces **** qu'il faut absolument avoir vu pour ne pas passer pour un plouc (ou une plouque, je ne sais pas si ce mot existe au féminin, disons une gourde). Eh bien moi si. Ras les lunettes... Je revendique, moi, Joker, dans cette cinémarmelade saison 2 (1) le droit d'étaler mes goûts, ma mauvaise foi proverbiale et tout ça pour vous épargner, peut-être, l'affligeante obligation de vous taper le chef d’œuvre qui n'est qu'un navet et pour vous procurer la joie ineffable de passer un agréable moment (masqué) devant un bon petit truc qui ne demande qu'à se laisser voir. Car le cinoche c'est comme le resto: vous n'entrez pas dans chaque salle comme si vous alliez à chaque fois dans un multi-étoilé du Michelin quand vous avez faim, non? Il y a des petites brasseries sympas, des restaurants sans prétention et même des snacks où les sandwiches sont bien faits!

Eh bien c'est comme ça que je vais au cinéma, moi. En fonction de mes envies. Parfois j'entre comme quand dans une ville inconnue j'essaie tel ou tel resto à l'inspiration, parce que la carte me plaît, parce que c'est bien décoré, à l'instinct, quoi! Bon je suis aussi comme tout le monde, je me renseigne un peu. Et c'est là justement où je m'insurge contre ces spécialistes qui, du haut du balcon, n'entravent que pouic à la relativité des choses et ne guettent l'écran que pour scruter un chef d’œuvre. À force, un peu halluciné.e.s, les critiques finissent par en discerner là où il n'y a que poudre aux yeux, scénario bancal et intentions douteuses.

Bref oui, je le proclame: je suis autant cinéphile que ces gens-là, j'allais déjà au cinéma quand il était encore en noir et blanc et j'aime ça, moi, le grand écran, l’obscurité et le silence qui se font, cette espèce de complicité muette des quelques zigues ou de la foule qui se concentrent comme moi, retenant leur respiration non pas à cause du masque mais parce que le film commence. L'émotion. C'est un rituel, vous comprenez? Et pendant le confinement, c'est ça qui m'a le plus manqué, dites donc. Oh, il y avait bien à la télé d'excellents films qui passaient, et puis j'ai des DVD, il y a du streaming, je sais, je suis bien équipé. On a même repassé des bijoux qui me sont cultes comme Ce qui nous lie de Klapisch (et même que sur Netflix, il y a eu Paris, dites donc!) ou comme le meilleur Jaco Van Dormael, Mister Nobody, du temps béni où il ne connaissait pas encore Gunzig, mais ça ne remplaçait pas vraiment.

Alors, voilà, action!

Et pour commencer, tiens, je vais dézinguer un truc de ces derniers temps. Vous allez voir, c'est très rafraîchissant. Allez, commençons par Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait, d'Emmanuel Mouret. Un titre interminable! J'aurais dû me méfier. Quant à moi, j'aurais titré souchonnesquement À l'eau amants bobos. Ah n'est pas Rohmer qui veut, même si l'idée de départ à la Marivaux a déjà fait ses preuves depuis deux siècles et demi et malgré des acteurs tout à fait convaincants. Deux heures deux, que ça dure. Pas d'éjaculateurs précoces, dans cette longue histoire... Enfin, au bout, ils ne se marièrent pas mais eurent quand même beaucoup d'enfants. J'ai tenu parce que Camélia Jordana, moi, elle me le demanderait poliment que ça ferait un scénario, mais je vous jure, en dialogues, ce serait autre chose que ces verbiages compassés détaillant ces états d'âme entrecroisés.

Allez plutôt voir Antoinette dans les Cévennes, de Caroline Vignal. Patrick est un âne, l'amant d'Antoinette aussi, mais il y en aura d'autres (des amants) et la vie est belle même quand au fond, ben, c'est tout triste. C'est plus nerveux que chez Mouret (je suppose que c'est un descendant de l'abbé qui fit la faute que l'on sait), Laure Calamy est épatante et puis, les Cévennes, c'est tellement beau. J'ai adoré la double chute pleine de joliesse et de culture (lisez Stevenson, ça vous fera du bien).

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Tiens, simple supposition, j'emmènerais bien Camélia dans les Cévennes, moi.

(1) Il y eut déjà, mais ailleurs et à une autre époque, une rubrique du même nom tenue par le même (moi). Mes biographes la retrouveront.

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