Ma liberté, ma seule maîtresse, ne serait-ce que pour nos enfants.

Humeurs d'un alterpubliciste

Par | Penseur libre |
le
commentaires 0 Partager
Lecture 4 min.

Les solstices se suivent et rythment nos allers-retours de l’ombre à la lumière. Ce 21 décembre, les jours s’allongent et la lumière revient.  Mais qu’éclaire-t-elle ? La part la plus sombre de l’humanité sans doute. Partout, des hommes forts au service des aspirations du vrai peuple se lèvent et le peuple se couche, lassé, inconscient. Un resto du cœur voit l’eau, l’électricité et le chauffage coupés dans une commune dirigée par un Maire FN sous prétexte qu’ils nourrissent des immigrés, ces criminels en puissance.

Partout, les régimes forts ont le vent en poupe. La construction européenne est critiquée et Poutine admiré. Le libre-échange des biens, des gens, des idées est mis à mal au profit de la construction de murs, des remparts nationalistes et protectionnistes. L’enfer c’est la planète, le bonheur, c’est le repli sur soi.

Et nous allons tous nous rassembler pour nous souhaiter une belle année. Elle ne sera pas belle. Il faut que les alarmes retentissent. Le régime fort c’est celui où les pires des hommes peuvent commencer leurs exactions.  Tous les trolls qui fleurissent sur le net, sur les pages de jeunes ados, d’homos, d’étrangers ne sont pas anodins. Ils heurtent déjà alors qu’ils ne restent qu’aux mots. Mais ceux qui adhèrent à Daesh et perpètrent des crimes en son nom illustrent bien ce qui va se passer. Ils ont commencé par haïr. Ils ont cédé aux trolls. Et puis ils prennent le volant d’un camion pour foncer dans la foule.

Tous les trolls du web sont des assassins en puissance qui vont s’épanouir sur le sol fertile des régimes forts. Ils pourront passer à l’acte. On n’osera pas prononcer leur nom tellement on aura peur. Ils étaient nombreux à Vichy. Ils sont nombreux parmi nous.  Un politologue dans le journal suisse Le Temps signale trois renversements inquiétants : la limitation des libertés, le protectionnisme extrémiste et le langage réducteur.  Trump illustre bien ce troisième renversement, celui du langage outrancier, menteur, vulgaire et stigmatisant.

Nous vivons dans un monde complexe et au lieu de l’analyser nous nous réfugions derrière des mots et des idées simplistes. Trump, Orban, Farage, Wilders, Le Pen, Théo Francken, Blocher usent et abusent de ces raccourcis simplistes et violents. Ils n’aiment pas les gens et veulent la perte de la sociale démocratie. Notre époque a une « une furieuse odeur d’années trente » conclut ce politologue, François Cherix.

« Même si les périodes ne sont pas comparables, …, même si des évolutions similaires ne sont pas forcément à craindre, nombre de phénomènes se ressemblent. » Hélas, le passé et ses leçons n’existent plus. Le présent ne peut être évalué qu’à l’aune d’un avenir présenté comme apocalyptique si le pouvoir n’est pas donné aux leaders souverainistes que je viens d’évoquer. « N’évoquez plus ni le fascisme, ni le nazisme, nous ne tolérons plus ce rappel, protestent les populistes. » Adieu l’histoire, vive l’identité, qui est devenue l’ angle d’analyse dominant  la scène politique et le vivre ensemble.

Que faire ? Tenter le déni ? Courber l’échine ? Attendre que ça passe ? Si chacun ranime la petite flamme qu’il peut avoir  en lui, celle qui éclaire l’autre dans sa différence, cette petite flamme d’amour pour l’autre et pour la liberté, il y a peut-être un autre avenir.  Si chacun s’efforce de penser à sa liberté et au bonheur que représente son exercice. L’exercice d’une liberté pleine et entière qui permet de tout faire, même l'impossible, pourvu qu’on ne nuise pas à l’autre.

Nous entrons dans une période test. Le test qui nous dira si les pires d’entre nous deviendront les plus puissants parmi nous. Si nous continuerons à les laisser commettre les pires atrocités contre l’éthique, l’histoire et l’humanité au nom de leur foi, de leur pureté et de leur justice débordante de préjugés moraux. Ils n’y arriveront pas dans les semaines qui viennent. Avec un peu de chance, il leur faudra quelques années pour qu’ils prennent définitivement le pouvoir. Mais ils sont là. Leur violence est déjà bien réelle. Et nous nous sentons déjà mal à l’aise et vulnérable. Et plus ils manifesteront leur violence plus notre vulnérabilité sera grande.

Combien d’entre nous fermeront les yeux et finiront par s’incliner en obéissant aux ordres ?  C’est ça le test noir qui s’impose à chacun de nous. Se taire ou défendre notre liberté et un avenir fraternel pour nos enfants. Garder une flamme allumée ou souffler dessus pour ne pas se faire remarquer et attendre des temps meilleurs. Ils reviendront, la lumière revient toujours, c’est sûr, mais à quel prix ?

Il semble que vous appréciez cet article

Notre site est gratuit, mais coûte de l’argent. Aidez-nous à maintenir notre indépendance avec un micropaiement.

Merci !

 

 

commentaires 0 Partager

Inscrivez-vous à notre infolettre pour rester informé.

Chaque samedi le meilleur de la semaine.

/ Du même auteur /

Toutes les billets

/ Commentaires /

Avant de commencer…

Bienvenue dans l'espace de discussion qu'Entreleslignes met à disposition.

Nous favorisons le débat ouvert et respectueux. Les contributions doivent respecter les limites de la liberté d'expression, sous peine de non-publication. Les propos tenus peuvent engager juridiquement. 

Pour en savoir plus, cliquez ici.

Cet espace nécessite de s’identifier

Créer votre compte J’ai déjà un compte