Somme toute, quelle campagne?

Poing de vue

Par | Journaliste |
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Tout est symbole: Marine, on n'en veut pas du tout mais le regard de Macron est-il si perçant? Photo © Jean Rebuffat

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Lecture 2 min.

La campagne somnole sous le ciel gris et la mer ne se distingue du ciel que par cette ligne sombre que forme l'horizon. Et puis soudain des mots naissent l'angoisse. Je viens d'écrire: cette ligne sombre que forme l'horizon. Et si Marine, dimanche, contre toute attente...

Hier elle est revenue dans la Somme, préfecture Amiens, lieu où naquit il y a moins de quarante ans Emmanuel Macron. Non loin d'où je me trouve pour suivre depuis la République cette élection présidentielle dont tout le monde dit qu'elle est historique mais dont on parle à peine en rue. Elle n'est pas venue par hasard, elle a le symbole lourdingue, Mme Le Pen: aujourd'hui elle est à Reims comme si flanquée de son écuyer, le sire Nicolas Dupont-Aignan, elle revendiquait la couronne des rois de France. Elle ne fait pourtant que passer comme le nuage qui tout à l'heure déversera parcimonieusement son eau sur l'embouchure de la rivière. Dans le restaurant, la clientèle afflue et parle de tout sauf de ça. On ne veut fâcher personne. On sent bien pourtant que les jeux sont faits. Banalisé, le vote FN? En tout cas pas encore revendiqué haut et fort partout. Triomphal, le vote Macron? On ne sent guère d'enthousiasme. Mais les salves de la Marine à la télévision mercredi ont surtout coulé quelques illusions du côté de ses partisans, dont les moins obtus admettent qu'elle aurait dû faire mieux. Mais mieux faire c'est plutôt la devise d'Emmanuel Macron. Ses résultats d'enfant amiénois étaient bons, il n'était même pas nécessaire de lui placer la célèbre formule «Peut mieux faire» en marge de son carnet de notes. Il énerve un peu mais c'est le destin des premiers de classe. Les affiches de Fillon et de Le Pen sont arrachées, les siennes souvent percées aux yeux comme pour le vampiriser – ou au contraire l'inciter à ne pas être aveugle. Car le surdoué, cette fois, va devoir bien faire. Il n'aura pas le moindre droit à l'erreur et son état de grâce ne durera que le temps d'une ou deux marées qui dans la baie, amusent les phoques qui mangent le poisson des hommes plus sûrement que Bruxelles mais qui attirent les touristes. Ah, soupire le poissonnier, un monde sans phoques mais avec touristes... Rien n'est parfait. Et me vient à l'esprit ce mot de François Mitterrand selon lequel le monde n'est ni blanc ni noir mais en général gris.

Gris comme le ciel, la mer et les galets, en Somme.

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