Où pousse le muguet

Poing de vue

Par | Journaliste |
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Une plante symbole qui pousse mal sur les tombes. Photo © Jean Frédéric Hanssens

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Il y a les guerres très médiatisées par ici, comme le conflit israélo-palestinien et l'euphémique opération militaire spéciale entamée par la Russie en Ukraine, il y en a d'autres, plus ou moins oubliées, plus ou moins tolérées, qui n'en sont pas moins atroces, comme dans l'est du Congo, par exemple. Le moins que l'on puisse en dire c'est qu'elles durent. Déjà les conflits majeurs du siècle passé avaient montré l'exemple, si l'expression peut être utilisée ici. Ils avaient engendré des massacres innombrables. La guerre 14-18, ne l'oublions pas, ne s'est pas terminée par l'effondrement allemand, l'armée était toujours au front. La seconde guerre mondiale s'est effectivement achevée en déroute, probablement dans l'idée d'éviter un troisième conflit, mais à quel prix!

Les belligérants vivent tous - en attendant de mourir - dans l'espoir insensé qu'ils écraseront l'ennemi, que la victoire sera totale, que le problème sera réglé. C'est impossible. On multiplie les peuples martyrs, les nations sans terre; on entre dans une logique d'escalade et de déshumanisation. Tout cela durant la semaine du premier mai, seule fête sans connotation religieuse ou nationale, qui devrait être un moment de paix et d'échange, un passage par le sens noble du mot lutte, un instant d'unisson dans la perspective d'un avenir meilleur plutôt que radieux.

On a appris cette semaine que les négociations entres Russes et Ukrainiens, tout au début du conflit, quand à la surprise générale et à la stupeur de Moscou, l'opération militaire spéciale se fut enrayée, étaient bien emmanchées et qu'elles avaient abouti à un brouillon où les deux parties faisaient des concessions et qui proposées aujourd'hui, feraient passer tout négociateur, peu importe son drapeau, comme un traître. Et la guerre continue, il faut la gagner, il ne faut surtout pas la perdre, on ne peut pas laisser l'autre nous menacer. Et d'exhiber au défilé du premier mai, dans la capitale russe toujours très post-soviétique, des chars nazis capturés - preuve que les Ukrainiens sont tous nazis.

Comme ailleurs on pense que tous les Palestiniens en tiennent pour le Hamas, que tous les juifs du monde sont coupables de la politique militaire d'Israël et que donc... Mais le muguet pousse mal sur les tombes des soldats, alignés comme des bataillons fantômes jusque dans leur mort.

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