Préparer le monde d'avec

Poing de vue

Par | Journaliste |
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Avec des mesures strictes d'écartement des spectateurs les uns des autres, outre les mesures détaillées sur l'écran, à Luxembourg, les cinémas sont ouverts depuis plus de deux mois. Chacun décide d'y aller, ou non. Utopie ou sagesse? Photo © Jean Rebuffat

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On entend sans cesse, à propos de la pandémie de Covid-19, parler du monde d'après. S'il est vrai que l'histoire nous apprend que nulle pandémie n'a jamais détruit plus du tiers de l'humanité et s'il n'est pas faux d'admettre que les progrès de la médecine réduisent l'hécatombe à des proportions bien moindres, il semble désormais illusoire d'imaginer que le Sars-CoV-2 va disparaître dans la nature comme il y était apparu. Ce virus mute fort et souvent; comme dès le départ, il provoque une maladie potentiellement mortelle et est plutôt contagieux, ses variants seront pires: on l'observe déjà. L'immunité collective, dans cette perspective, est difficile à atteindre et l'objectif zéro Covid, chimérique, même si de nouveaux vaccins sont déjà à l'étude, puisque le virus a souvent un coup d'avance et qu'il y a des réticences à la vaccination.

Au lieu d'imaginer un monde d'après qui serait celui d'avant en pire ou en mieux, ou exactement le même, il est urgent d'imaginer le monde d'avec. Chaque année, la grippe tue; mais la circulation aussi; on voit bien que ce qu'il faut définir, c'est le seuil acceptable. Il convient de réduire les risques, faute d'éradiquer. Quand on embarque dans un avion, on sait qu'en cas d'accident, la mort est assurée, sauf miracle, et pourtant on voyage beaucoup et souvent en avion. C'est à ce stade qu'il faut arriver pour atteindre plusieurs objectifs: ne pas saturer le système des soins de santé, évidemment, permettre à l'activité humaine de reprendre un cours normal (fût-il changé peu ou prou) et surtout, arrêter de légiférer, de réglementer, d'interdire, bref de rogner nos libertés certes pour notre bien (prétexte totalitaire par excellence) mais de les encercler comme si les décisions individuelles étaient par essence stupides et dangereuses.

Il faut en arriver à un stade où chacun pourra décider pour soi sans risquer de mettre autrui en danger. C'est en ce sens que l'opinion émise cette semaine dans «Le Soir» par trois spécialistes respectés est intéressante. Au lieu de jeter l'anathème, même blessante dans son vocabulaire (non-essentiels!), sur des secteurs entiers, il vaudrait mieux, maintenant qu'on connaît moins mal le virus, édicter des règles spécifiques, lieu par lieu, cas par cas. Cinquante personnes masquées et vaccinées dans une salle de mille place, ce n'est pas le même risque que cinquante personnes qui mangent à l'intérieur d'un restaurant ou que cinquante jeunes non vaccinés dansant collés dans un lieu clos! Dans cet esprit, on annonce un peu partout des expérimentations. Libre ensuite à chacun d'aller au cinéma, au restaurant ou au dancing, surtout sachant si le lieu offre des garanties de sécurité, exactement comme c'est le cas pour la prévention contre l'incendie. Encadrer et vérifier les précautions c'est mieux que brimer les citoyens: il est temps d'y penser.

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