Nos ancêtres les quoi encore?

Poing de vue

Par | Journaliste |
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L'arrière-grand-père de Nicolas Sarkozy. Photo © archives LBP

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Un ancien président de la République française d'origine paternelle hongroise et pourfendeur de ce qu'il estime être un refus d'assimilation s'exclame que quand on devient français, on choisit d'avoir comme ancêtres les Gaulois et de parler le français, qui comme son nom ne l'indique pas, n'est pas une langue franque mais latine et hop! s'installe une de ces polémiques dont la France raffole.

Peu suspect d'une sympathie démesurée pour Nicolas Sarkozy, je risque cependant de surprendre quelque peu en disant que je comprends la base de son raisonnement. Le double problème est que le revenant politique a des connaissances historiques fantomatiques mais peu du sens de la dérision pourtant de mise en la circonstance. Dire avec le clin d'œil d'Uderzo et de Goscinny que nous sommes tous gaulois peut passer pour drôle si l'on n'est pas dupe de l'image. En l'agitant avec la frénésie qu'on lui connaît, Nicolas Sarkozix; ainsi que tout le monde l'a aussitôt appelé, a rendu cette image sérieuse et donc sinistre. Passons sur le fait que nos ancêtres les Gaulois n'étaient pas les sympathiques dévoreurs de sangliers que l'on croit et épargnons-nous les leçons d'histoire. Bien sûr qu'une bonne partie des Français actuels descendent de ces Gaulois recréés au XIXème siècle par l'enseignement de l'histoire comme la prédétermination belge dans la tête d'Henri Pirenne (la Gaule belgique était d'ailleurs gigantesque, soit dit en passant). Ils sont surtout les descendants de ce mélange où la base gallo-romaine a été littéralement francisée, c'est-à-dire imprégnée par les Francs. Mais combien et comment, c'est incommensurable parce que si avec beaucoup d'obstination, il est possible aux férus de généalogie de remonter les siècles, le premier millénaire de notre ère n'a gardé que peu d'archives fiables.

Ces mêmes généalogistes vous diront que ce qui frappe, c'est que même dans les villages les plus reculés où les générations semblent se succéder et où les cousinages se croisent, il y a soudain l'arrivée d'un étranger ou le départ de l'un ou de l'autre qui fatalement, deviendra l'étranger. Si vous vous appelez Damiens ou de France, comme certains acteurs belges, c'est qu'un jour l'un de vos ancêtres a quitté Amiens ou la France pour de nouveaux horizons. Mon ami Éric semble tout ce qu'il y a de plus breton mais a dans ses ancêtres un fondeur de cloche flamand et dans mes propres ancêtres, si mélangés même dans les trois ou quatre dernières générations, l'une de mes sœurs qui tente de mettre au net le baobab généalogique familial vient de trouver une L'Angloyse (aussi orthographiée Langlez) mystérieusement arrivée à Aigues-Vives au XVIIème siècle.

Ce brassage est heureux pour la génétique et sain pour la réflexion. Personnellement, je descends en droite ligne de Charles le Simple mais Gaston Doumergue est mon cousin. J'espère tout de même que celui-ci est le seul président de la République à l'être. Mais on ne choisit pas...

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