L'abondance et l'insouciance

Poing de vue

Par | Journaliste |
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Ce livre, "Seule une écologie socialiste..." date d'il y a quarante-cinq ans. Il n'a pas vieilli dans son raisonnement. Il n'y a pas d'alarme sans prise de conscience et pas de solution sans participation. (Photo © Jean Rebuffat)

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La formule est du président de la République française. Emmanuel Macron est coutumier des petites phrases, parfois blessantes mais aussi à l’occasion très justes. En signalant qu’il était temps de stopper cette cavalerie insensée du toujours plus qui amène la planète à la ruine et l’humanité sinon à la disparition du moins à la catastrophe, il a raison.

Mais qui doit commencer?

Ici encore, l’effort doit être certes général mais encore, ciblé. Il ne faudrait pas que la fortune dispense les mieux nantis de cet effort ; au contraire, il convient de leur faire remarquer que leurs agissements sont pour bien plus que la moyenne humaine des agressions contre l’environnement. Ne parlons pas ici de l’aspect sociétal ou économique de cette très grande richesse toujours plus grande dans un monde de plus en plus grand mais simplement de l’abus de l’équation simpliste pollueur=payeur. Ce n’est pas parce qu’on a les moyens de payer qu’on a le droit moral de polluer!

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C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre l’actuelle polémique concernant les jets privés. Faut-il les interdire? On estime qu’un pour cent de l’ensemble des usagers du ciel émet la moitié des émissions carbonées de toute l’aviation!

Jamais on ne pourra séparer la solution de la crise climatique et biologique de ses aspects sociaux, c’est de plus en plus clair. L’ultralibéralisme dévoreur de nos destins et de la planète est un cul de sac évident. Comment ne pas repenser aux mises en garde d’il y a cinquante ans, au club de Rome, à certains penseurs comme René Dumont? "Seule une écologie socialiste peut nous permettre de survivre. Il nous faut l’édifier pas à pas. Ce ne sera pas une tâche facile. Elle requiert aussi votre compréhension puis votre participation." C’étaient les dernières lignes d’un livre publié… en 1977. Il y a quarante-cinq ans. On peut espérer que le stade de la compréhension a été atteint et rêver que la participation suivra. En ce sens la formule macronienne est juste: l’abondance n’est pas illimitée, c’est donc un nouveau partage à imaginer, et quant à l’insouciance, elle ne peut plus guère être de mise que par périodes brèves, comme l’indiquent ces années 20 où une pandémie et une guerre nous rappellent sans cesse notre fragilité vitale – qu’on peut oublier le temps d’un peu de vacances comme l’ouvrier de Zola tentait de noyer son sort dans les assommoirs.

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