Corruption

Poing de vue

Par | Journaliste |
le

Eva Kaïli, celle par qui le scandale arrive. Photo libre de droits issue de Wikipédia

commentaires 0 Partager
Lecture 3 min.

Le scandale de la semaine a – encore – à voir avec le Qatar, mais aussi avec le Maroc (dont l’équipe de football, composée en grande partie de binationaux, s’y est illustrée) et surtout avec Bruxelles et l’Europe. Pour les distraits, rappelons qu’une vice-présidente du Parlement européen a été arrêtée (en flagrant délit, la justice n’a pas eu à demander la levée de son immunité parlementaire), ainsi que plusieurs membres de son entourage, alors que son père s’apprêtait à lever le camp avec une valise remplie de billets de banque, rien moins que six cent mille euros. En tout, il y a eu un million et demi d’euros en billets saisis…

Sans négliger la présomption d’innocence (elle nierait, même si son compagnon est lui semble-t-il passé aux aveux) ni empiéter sur l’instruction en cours, plusieurs réflexions viennent à l’esprit.

Tout d’abord il est clair que le Parlement européen est un lieu trop opaque et mal contrôlé. Une fois de plus, l’incendie passé, on prendra quelques mesures qui, entreprises à temps, auraient peut-être pu empêcher la chose. Or c’est grave. Le sentiment d’impunité dont bénéficie presque toujours le criminel (s’il savait qu’il se ferait pincer, agirait-il délictueusement?) provoque une impudence qui fait le lit, dans ce cas, du populisme lequel se nourrit en prime volontiers d’un sentiment anti-européen visant à coller sur Bruxelles tous les dysfonctionnements. C’est d’autant plus grave que l’Europe est volontiers donneuse de leçons éthiques, mettant en avant ses fameuses valeurs. Et pour la gauche de gouvernement, c’est encore plus catastrophique. On attend de ceux qui défendent la veuve et l’orphelin un comportement impeccable correspondant à des valeurs de partage plutôt qu’à une stratégie d’enrichissement personnel…

Tout est-il à vendre? Le pacte de Faust, au moins, avait-il une sorte de grandeur morale. Ici quelques valises de billets suffisent à vendre son âme… Pour le corrupteur, en effet, tout est à acheter. On doit moins lui en vouloir qu’à celui qui accepte. Qui accepte quoi, au fait? Si c’est une masse de billets de banque, tout le monde s’accorde à crier vendu. Mais où s’arrête l’hospitalité et où commence la corruption? La frontière n’est pas nette et quand bien même la fixerait-on, de sordides calculs relatifs à la valeur acceptable d’un cadeau de bienvenue se trouveraient entrepris… C’est exactement le même problème avec la définition du lobbying. Le mot, en français, est éminemment péjoratif. Comme si, dans notre mentalité, il n’était pas nécessaire de défendre les causes légitimes et que seuls les malintentionnés y avaient recours. Mais d’une certaine façon, un syndicat est aussi intrinsèquement un lobby, tout comme une chambre de commerce ou une collectivité locale, ville, région ou état, qui entend obtenir l’attribution de Jeux olympiques ou d’une Coupe de monde de football. Sans compter qu’à force de vouloir partout et toujours réclamer des maisons de verre, on risque de menacer la vie privée de tout un chacun, ce qui est parfaitement totalitaire. Résoudre ce problème, c’est la quadrature du cercle. Ce n’est pas une raison pour ne pas s’y atteler.

Il semble que vous appréciez cet article

Notre site est gratuit, mais coûte de l’argent. Aidez-nous à maintenir notre indépendance avec un micropaiement.

Merci !

commentaires 0 Partager

Inscrivez-vous à notre infolettre pour rester informé.

Chaque samedi le meilleur de la semaine.

/ Du même auteur /

Toutes les billets

/ Commentaires /

Avant de commencer…

Bienvenue dans l'espace de discussion qu'Entreleslignes met à disposition.

Nous favorisons le débat ouvert et respectueux. Les contributions doivent respecter les limites de la liberté d'expression, sous peine de non-publication. Les propos tenus peuvent engager juridiquement. 

Pour en savoir plus, cliquez ici.

Cet espace nécessite de s’identifier

Créer votre compte J’ai déjà un compte