Resto du coeur de Charleroi, honneur d'une équipe volontaire

Chemins de traverse

Par | Journaliste |
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En 2020, depuis l'épidémie, l'équipe du resto carolo a préparé 110.000 repas à réchauffer et elle tient bon. (Photo M.L)

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Depuis le lundi 25 janvier, le Resto du Coeur de Charleroi a dû suspendre temporairement son travail. Depuis le 13 mars 2020 et l'adaptation en urgence en mode de distribution de repas à réchauffer la hantise a fini par devenir réalité. Le fait que deux travailleurs soient rattrapés par le coronavirus, alors que des centaines de personnes se présentent chaque jour de la semaine à la place Delferrière, ne laissait d'autre choix que de fermer le temps du retour à la normale. Une notion proche de l'absurde, la "normale", dans le climat de l'épidémie...

Coup dur pour la petite équipe de travailleurs de l'association qui a confectionné et distribué 110.000 colis/repas l'an passé. Dans la hantise de voir le virus se répandre. Mais l'urgence sociale ne laisse pas prise aux états d'âme. Ces volontaires ont traversé les saisons, venant deux heures plus tôt pour répondre à une demande en hausse constante. Lors de la visite de la ministre Karine Lalieux en novembre 2020, la question de la continuité de l'action avait été évoquée. Fut rappelé le fait que le resto ne prodigue pas seulement de la nourriture mais aussi une écoute et une aide sociale. Elle a continué, dans des conditions diffficiles, alors que de nombreux services (CPAS, syndicats, Capac etcc...) sont en télétravail, tout au moins partiellement.

Si tout continue à bien se passer, la réouverture est annoncée pour le lundi 8 février. En attendant, le CPAS de Charleroi a pris le relais avec des associations toujours en état de fonctionner. Les adresses ont été publiées sur facebook, la nouvelle largement diffusée. La réaction des bénéficiaires, terriblement malmenés par la crise, réconforte l'équipe. Les gens espèrent que les malades se retaperont vite, disent leur soutien, ne se plaignent pas. Pourtant, dans la file qui longe le trottoir, on voit que seuls l'espoir et les divers soutiens, officiel et de la société, permettent de surnager. Et après? 

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Pour aider le personnel et le public à traverser l'hiver, un auvent a été construit en décembre. D'une surface de 100m2, il recouvre l'allée latérale.Ce toit en matériau transparent porté par une charpente de bois est aussi pratique que symbolique. Il constitue un abri tant pour les déferlantes de la météo que pour le moral en berne. Dans la file, il y a des larmes et des sourires, les gens sont unis. On perçoit une humanité qui se serre les coudes, à distance. Les donateurs répondent présents. Les associations font cause commune. Et les services publics aussi. Dans le respect de l'indépendance de chaque projet. 

La crise sociale qui découle de la crise sanitaire et de la crise économique force à réfléchir à la nécessité de protéger et renforcer un service public solide, en phase avec l'actualité. Quels que soient les efforts des associations, des limites existent. La "sécu" est au coeur du débat sur ce que devra être le monde selon le covid. En attendant la réouverture du resto de Charleroi, dans une semaine, on ne dira jamais assez le courage et la volonté des citoyens qui travaillent avec le sens du devoir plus que pour l'argent. Quand on voit comment certains nantis se sont servis, à Liège, cela donne à méditer sur le sens de l'honneur selon les uns et les autres. Question de justice.

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