Maître chez soi

Une édition originale

Par | Penseur libre |
le

© Serge Goldwicht

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Lecture 3 min.

Voilà un homme qui possède une parcelle de la terre, pas grande mais elle est à lui et rien qu’à lui puisque la propriété privée règne en maître dans notre monde depuis des siècles. C’est sa terre sur la terre et son désir de la préserver de la vulgarité des autres est plus fort que tout. Il est nationaliste et patriote. Au centre de sa terre, il a planté un drapeau aux couleurs de son caleçon préféré,  il a créé son hymne personnel qu’il chante tous les matins en hissant le drapeau et financé son club de football qui n’a pas perdu un seul match à domicile. Quand son club gagne, notre homme chante : « Ici, c’est chez moi ! ». Evidemment, il interdit l’entrée de son terrain aux gens qui ne sont pas comme lui : « Pas d’étranger, pas de migrant sur ma terre ! Ma terre est blanche et chrétienne depuis toujours !».Chez lui, il est farouchement écolo. Quand le vent lui  ramène des papiers gras, il les dépose chez le voisin. Il ne veut pas non plus de femme qui pourrait planter des fleurs ni d’enfants qui piétineraient joyeusement sa terre sacrée. Pour protéger son territoire, il l’a entouré d’une clôture électrifiée, de caméras de surveillance et s’est acheté un fusil.

A force de rester planté sur sa terre sacrée, des racines ont poussé à partir de ses pieds et l’ancrent profondément dans sa terre. En un mot, il a pris racine. Au début, les racines l’ont enthousiasmé. Rien de plus important que ses racines. Elles sont bien la preuve que cette terre lui appartient depuis l’origine des temps et qu’elle est blanche et chrétienne comme lui.

Malheureusement, il ne possède pas les capacités d’un arbre qui se nourrit de l’eau et des nutriments enfouis sous terre. Pris de panique et affamé, il a tout tenté pour se dessoucher et atteindre son réfrigérateur ou du moins, les pommes du voisin mais en vain. Il est tellement enraciné dans sa terre qu’il lui est impossible de bouger. Les saisons filent et les années passent. C’est ainsi qu’il meurt de faim et de soif sur sa terre sacrée.

Après avoir fait le portrait de cet imbécile réactionnaire qui ne lui ressemble en rien, l’auteur de cette histoire se sent bien. Il n’y a rien de plus jouissif  que de caricaturer les imbéciles en démontrant combien l’auteur donneur de leçons et ses personnages sont bien différents.

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L’auteur vaniteux est pleinement satisfait d’avoir enfoncé des portes ouvertes jusqu’au jour où la correctrice du site « Entre les Lignes » sur lequel est publiée cette histoire décide de corriger une virgule à ce texte sans défense puisqu’il n’est protégé par aucune clôture électrifiée. L’auteur est vert de rage. Une virgule sur mon texte ! C’est scandaleux ! Le sens de ma prose en est complètement changé !

En colère, l’auteur se rendit dans les bureaux  du site « Entre les lignes » , armé d’une carabine et truffa la correctrice de chevrotine. Elle mourut sur le coup. Bien fait pour elle !

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