Le chat

J’étais assis dans le canapé en train de regarder une connerie à la télé quand j’ai aperçu mon chat qui se promenait sur le clavier de mon ordinateur. Un peu abruti par la télévision qui m’abrutit régulièrement, j’ai pensé : « Voilà que Chicco m’imite ».

• Mais non, il ne t’imite pas m’a rappelé ma conscience. Un chat n’est pas un chien.

• Mais alors, il écrit ?

• Je ne pense pas qu’un chat soit capable d’écrire mais que savons-nous des chats et des êtres vivants ? Les humains vivent ici depuis des millénaires mais que savent-ils des autres habitants de la planète. Rien. Même sur leur propre compte, ils ne savent rien.

• Interloqué par les réflexions de ma conscience, je me suis extirpé du canapé et je suis allé voir ce que le chat avait écrit sur l’ordinateur et voici ce que j’ai lu :

• Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux ;
  Retiens les griffes de ta patte,
  Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,
  Mêlés de métal et d’agate.

Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s’enivre du plaisir
De palper ton corps électrique,

Je vois ma femme en esprit. Son regard,
Comme le tien, aimable bête
Profond et froid, coupe et fend comme un dard,

Et, des pieds jusqu’à à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum
Nagent autour de son corps brun.

Le texte du chat est magnifique mais il a eu de la chance. Ses pattes se sont posées par hasard au bon endroit.

Le texte est long, çà fait beaucoup d’heureux hasards, me dit ma conscience.

Ce chat a eu de la chance, beaucoup de chance, j’ai répondu. Une chance de chat.

Pour prouver à ma conscience que le chat avait eu de la chance et que j’étais le seul écrivain de cet appartement, je me suis assis devant l’ordinateur et voici ce que j’ai écrit : « qzerètm !in)àèb§v(v)vàirt !pç)v$ )à ». Contrairement au chat, je suis un génie.