Il y a des jours où il fait un temps à décourager même un noyé d’apprendre à nager

Pasta

Par | Journaliste |
le

Dessin de Wich

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Lecture 6 min.

Et s’il n’y avait que la météo!
- Les fachos en Italie. Ils n’iront peut-être pas très loin quand on voit les bras cassés, les joyeux lurons qui forment la coalition gouvernementale à venir. Ça va être joli! Surtout Berlusconi, toujours aussi sexy. Comme dit la chanson « il a tellement la peau tendue que lorsqu’il ferme les paupières, ça lui ouvre le trou du cul ». L’abus de lifting conduit à des choix cornéliens: dormir ou péter.
- Les pesticides et autres produits de l’industrie chimique qui infectent notre bouffe, ne parlons pas de l’air, de la flotte ni même du sol sur lequel nous gambadons! On le sait depuis longtemps. Toutefois, on a promulgué des normes au-delà desquelles ces produits peuvent être dangereux pour la santé. Grâce à ces critères, édictés en toute indépendance sous l’œil sévère des lobbies des marchands de poisons. On sait qu’ils ne sont pas nocifs, ces poisons, puisque, bien qu’on en retrouve partout, sauf cas trop voyants, c'est pas si grave, nous assure-t-on dans un silence discret avant l’évidence des dégâts.
- Poutine qui poutine de plus en plus dingue. « Poutiner », je pense que c’est plus explicite que « fuite en avant » et autres métaphores pour expliquer les errements d’un autocrate qui n’arrive plus à rattraper son nombril.
- Les prix du chauffage, de la lumière, des patates, du pain, etc. qui vont nous contraindre à nous en passer de plus en plus. Et pour certains de plus en plus que les plus en plus. Pendant que d’autres continueront de se goinfrer, à la gloire du Grand Marché Universel. On peut rien y faire. Le droit d’entasser du pognon est imprescriptible. Y toucher, même quand ça devient une provocation, pourrait mettre en péril « nos » économies.
« Nos » économies, dont on nous rebat les oreilles, c’est pas « vos « économies. Vous vous en êtes sûrement déjà aperçu. Faut pas mélanger la Phynance et le « revenu » (de loin ?) du Pleu-pleu moyen. C’est pas la même planète. Et on s’étonne que l’électeur vire facho.
À propos de planète, bonne nouvelle tout de même dans ce monde tristounet. On a réussi à foutre une baffe à un astéroïde. Manière d’apprendre aux petits malins qui auraient dans l’idée de venir s’écraser sur la Terre que c’est pas gagné. Nous voilà au moins rassurés sur ce chapitre. Nous allons mieux dormir cette nuit, loin des petites tracasseries domestiques, sachant que la sécurité de la planète est assurée.
Pas contre les pesticides, le CO2, la déforestation, la disparition des espèces, les prix de l’énergie et toutes ces choses aimables qui font le bonheur de nos industries et la fortune de nos multinationales, non, ça c’est trop difficile à vaincre. Même avec une bonne fusée équipée du matériel le plus sophistiqué, on peut pas. On a beau avoir des savants, des universités remplies de cerveaux pleins de neurones en bonne santé et des technologies comme jamais on en a eu, rien à faire! C’est comme ça.
Dans cet univers glacteux* j’ai tout de même rencontré un bref rayon de soleil.
Je suis bénévole dans une organisation qui vient en aide aux migrants. Pas les Ukrainiens, ils sont bien accueillis, c’est heureux pour eux. Non, ceux qu’on veut rejeter à la mer, même s’ils sont venus à pied et qui n’ont comme espoir que la bienveillante rigueur de l’Office des Étrangers et de son bras armé, la secrétaire d’État à l’asile, dont j’ai dû faire exprès d’oublier le nom.
Tous ensemble, sur l’air des lampions pour la prochaine manif : « La secrétaire d’État, à l’asile! La secrétaire d’État, à l’asile! »
Sur le trottoir, assez large, qui longe le bâtiment où l’aide est distribuée par les associations, pas par la secrétaire d’État qui a autre chose à faire que de s’occuper du minimum vital des miséreux. Les foutre à la porte c’est déjà bien assez dur, allez ! Ca nous fait des journées bien remplies. On a des cas de burn out.
Donc, sur le trottoir, un Érythréen ou Afghan, que sais-je, a établi son campement.
Rustique, mais astucieux.
Emballés dans des feuilles de plastique, plusieurs parapluies forment une sorte de tente. Là-dessous, il y a de quoi s’allonger pour dormir dans un sac de couchage. Je le sais, car au fil de mes passages, j’ai vu s’ériger « l’habitation ».
En début de semaine dernière, sortant du « boulot » je vois le campeur que jusqu’alors, je n’avais qu’entrevu. Notamment, me semble-t-il, parmi « nos bénéficiaires ».
Il n’est plus tout jeune, le collier de barbe est sérieusement tacheté de blanc. Il est assis, en quelque sorte, sur le pas de sa porte, comme une personne satisfaite d’une journée bien remplie. Il profite des rayons du soleil sur le déclin, comme ça se faisait dans les villages, avant la télé. Tournant le dos au vacarme de l’avenue pavée livrée au trafic puant des engins automobiles de divers calibres, il fume sa clope, suivant d’un regard tranquille le mouvement bigarré des piétons, vélos et trottinettes qui défilent devant « chez lui ».
Peinard.
Je l’ai déjà croisé avant qu’il n’ait terminé son « Sam Suffit », et je lui dis, comme chaque fois, « Bonsoir Monsieur ». Cette fois, il me répond, avec un petit sourire, quelque chose dans une langue que je ne connais pas.
C’est peut-être: « Vas te faire foutre, connard! ». Mais au ton, je pense que ça doit être la réponse plus amène d’un bon pépère, heureux de l’instant, sans plus, sans moins.
Je me dis que ça me plairait d’être plus souvent comme ça. C'est pas que j'oublie d'où il vient ni ce qui l'attend.
Avec un abri en dur, la sécu, tout ça... ça devrait être possible...
Mais aujourd’hui, dans les moments de vacuité paisible, on ne regarde plus passer les gens. On regarde son smartphone.
Que le Monstre en Spaghetti Volant vous touche de son appendice nouilleux.
Ramen.

* Glacteux: Néologisme dû à Mandykra, l’immortel auteur des « Aventures potagères du Concombre masqué », qui signifie, semble-t-il, moche, mais encore un peu plus moche que moche.

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