C'est compliqué la guerre

L’Ukraine va recruter plus d’hommes capables de mourir pour la patrie, parce que, sur le front, ça commence à être un peu juste question chair à canon. On va recruter plus vieux pour le casse-pipe. La situation étant ce qu’elle est dans le pays, on se dit qu’il n’y a pas le choix.
En tout cas, c’est ce qu’on se dit ici, loin des missiles, des chars, des mines et des mitrailleuses. Faut gagner cette guerre ! allez-y les gars, on est avec vous !
Mais voilà, il y a, à ce que je lis dans la presse, pas mal d’Ukrainiens qui ne partagent pas cet enthousiasme et foutent le camp du pays par tous les moyens.
C’est ballot.
Si les Ukrainiens ne se précipitent pas pour sauver leur patrie, qui va le faire, hein ? Les fournir en armes, c’est sympa, mais encore faut-il qu’il y ait suffisamment de gens pour s’en servir, et motivés.
Comme pacifiste bêlant (un pacifiste est toujours bêlant) j’aurai plutôt tendance à les comprendre ces adeptes de « l’éloge de la fuite » (Henri Laborit- À lire absolument pour éviter de se cogner aux murs en pleine connaissance de cause).
Les grands principes, gloire, courage, résilience, ardeur au combat, patriotisme, héroïsme, c'est chouette dans sa tête et dans les livres et dans les contes d’apothicaires – les apothicaires ne font pas que des comptes, ils savent aussi raconter des histoires pour vendre, en dehors du nécessaire, de la poudre de perlimpimpin- aux contes, disais-je, de l’histoire officielle des nations. Face aux lance-flammes, aux grenades et autres gadgets, ça marche moins bien, l’héroïsme. Du moins si on a un peu d’imagination, qu’on peut se projeter dans l’avenir. Il y a des gens comme ça, si, si. Souvent, ils gâchent tout.
Oui, mais que faut-il faire pour empêcher le voyou du Kremlin de mettre ses sales paluches sur le pays, puisque le traiter vigoureusement d’enfoiré ne l’impressionne nullement.
Faudrait-il lancer une conscription dans nos paisibles contrées ? Ça ferait peut-être baisser le chômage chez les jeunes, notez bien. On pourrait envoyer les dealers de Saint-Gilles, Anderlecht et autres lieux d’épanouissement juvénile, vendre de la dope aux soldats russes, de la bonne qui procure un sommeil paisible et libère de tous les tracas de l’existence. Ils pourraient se faire un maximum de thunes et au retour devenir de paisibles bourgeois, convaincus des bienfaits de la main invisible du Marché. Monsieur Gloub, il y a là une piste, je dis ça, je dis rien.
Cela écrit, j’ai beau retourner la question dans tous les sens, je ne vois de reproche à faire ni à ceux qui n’ont pas peur de la mitraille, ni à ceux qui la fuient.
C’est fatigant comme dilemme quand on aime avoir des réponses.

Sinon, question dope, à Bruxelles, ça canarde pas mal. Moins qu’à Kharkiv ou Bakhmout, mais on n'a encore rien vu.
Pour juguler le mouvement, on manque de flics, de juges, de prisons et de toutes ces sortes de choses qui n’ont jamais empêché l’humanité de se shooter, même quand elle est pleine aux as, y a pas que les pauvres qui se défoncent pour oublier une vie de merde.
La seule façon d’en finir avec les voyous, c'est d’en faire d’honnêtes commerçants. Les Grecs qui s’y connaissaient en turpitudes humaines, leur avaient assigné une divinité, Hermès, dieu des marchands et des voleurs. Quel manque de respect pour la classe moyenne. Sûr qu'on n'aurait jamais accepté un Grec, au MR d'Alors. Qu’on ne me dise pas qu’on ne sait pas comment faire. Les Universités forment plein de spécialistes dans le domaine de l’oseille, qui sauront comment assécher les mafias en mettant la came en accès facile, qualité et prix contrôlés. Y aura pas moins de camés au bout du compte, mais moins de bandits. Faut savoir ce qu’on veut. Et puis, après tout, ce n’est que de la libre concurrence, ça ne contrarie en rien la main invisible du Marché. Mais on ne m’écoute pas ! Ah la la! je vous jure ! C’est bien la peine que je m’évertue à sauver le monde, moi.
Que le Monstre en Spaghetti Volant vous touche de son appendice nouilleux.
Ramen.