Femmes, je vous aime

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Par | Journaliste |
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Des femmes marchent pour leurs droits au Brésil. Photo © ONU Femmes/Bruno Spada

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Cette belle déclaration d’amour interprétée par Julien Clerc pourrait parfaitement rythmer la Journée internationale des femmes. Il ne s’agit pas d’une simple journée médiatiquement correcte. Les « balance ton porc » et autres « me too », slogans féministes à l’américaine qui envahissent nos pays, éclipsent l’immense apport de la lutte féministe pour l’égalité des droits des femmes et leur participation pleine et entière au processus politique et économique qui façonne nos sociétés.

Cela me rappelle ces féministes américaines balançant leur soutien-gorge en signe de « libération ». Alors que, à la même époque, nos féministes belges  se battaient (et combattent toujours !) pour l’égalité des droits au travail et au salaire, le renvoi en cours d’assises des violeurs, le droit à la contraception et à l’avortement, l’accession des femmes aux conseils communaux, aux  échevinats, dans les ministères et les grandes entreprises, dans les parlements et dans les équipes gouvernementales.

Dans les années 68, déjà, les slogans de libération sexuelle éclipsaient la patiente accession des femmes aux études, à l’université, aux professions libérales, aux syndicats, aux partis politiques, au journalisme.

Un combat social et politique

Cette liaison des revendications féministes et des combats sociaux et politiques fait de la Belgique un modèle d’émancipation, même s’il y a encore beaucoup de travail.  Car les politiques gouvernementales actuelles, de droite voire même de droite extrême, précarisent particulièrement les femmes condamnées aux petits jobs, écartées du chômage, pénalisées parce qu’elles sont mères.

La pauvreté augmente en Belgique et touche particulièrement les femmes et donc les enfants. Tous les indicateurs sociaux le disent.

Le vrai combat féministe d’aujourd’hui porte sur la défense des acquis sociaux, base de la dignité des femmes bénéficiant de tous leurs droits. La vague anti-harcèlement par les hommes de pouvoir, qui déferle dans le monde médiatique, ne peut occulter cette priorité. C’est par la reconnaissance de la dignité des femmes, concrétisée par un salaire décent et un accès libre au travail, que l’on peut combattre le harcèlement, l’humiliation, la traite des êtres humains, la prostitution, la pauvreté.

Une alliance femmes-hommes mondialisée

C’est par la solidarité avec les hommes qui, eux-aussi se battent pour un monde meilleur, plus juste, plus égalitaire que nous pourrons aider les femmes les plus pauvres à conquérir leurs droits et le  respect pour leurs compétences. En Inde, en Afrique, en Amérique latine, des femmes innovent, créent des solutions ingénieuses pour assurer leur survie et de meilleures conditions de travail, parviennent à envoyer leurs enfants à l’école et posent ainsi les bases d’un développement plus équitable. Au contraire de notre modèle d’économie libre-échangiste mondialisée qui ne fait qu’aggraver les inégalités entre humains. Les harcèlements de stars sont un pur produit de ce système inégalitaire mais les stars peuvent se défendre. Une femme acculée à la pauvreté ne dispose pas de ces moyens de défense, sauf ceux conquis de haute lutte par les mouvements sociaux et citoyens, syndicats en tête.

Il nous faudrait une alliance nouvelle entre tous les défenseurs des droits humains, féministes y compris, plutôt que des divisions stériles et des querelles vaines entre néo-féministes et combattantes chevronnées pour l’égalité des droits.

Tel est bien le thème du message du Secrétaire général de l'ONU, M. António Guterres : « L’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles sont les véritables gageures de notre époque et le plus grand défi que le monde ait à relever en matière de droits fondamentaux. »

70ème anniversaire de la DUDH

Je vous invite donc à relire l’article premier de la Déclaration universelle des droits humains : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.

Et l’Article 2 : « Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation. »

En Fédération Wallonie-Bruxelles, une vaste campagne a été lancée parmi les jeunes afin qu’ils s’approprient,  réinventent, illustrent cette Déclaration véritablement universelle. Ils sont plus de 5000 à la réinventer en l’illustrant par des textes, des vidéos, des images, des photos et tout autre moyen d’expression.

Ensemble, ils façonnent cette nouvelle alliance qui, seule, pourra sauver notre monde.

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