Faire la paix avec la nature

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L'eau, une denrée rare dans la Corne de l'Afrique et objet de tensions entre pays. Photo © FAO

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« Faire la paix avec la nature », c’est le message angoissé lancé par le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres, le 17 juin 2021 lors de la Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse.

Au moment où nous voyons certaines de nos illusions noyées dans des trombes d’eau en Belgique que l’on croyait épargnée par les catastrophes climatiques, il est essentiel de replacer ces événements meurtriers dans un contexte plus large et encore plus grave.

La sécheresse sera « la prochaine pandémie », avertit le S.G. des N.U. « L’humanité mène une guerre implacable et autodestructrice contre la nature. La biodiversité est en déclin, les concentrations de gaz à effet de serre augmentent, et notre pollution se retrouve des îles les plus reculées aux plus hauts sommets », a déclaré le chef de l’ONU. « Nous devons faire la paix avec la nature ». La dégradation des terres due au changement climatique et à l'expansion de l'agriculture, des villes et des infrastructures compromet le bien-être de 3,2 milliards de personnes, explique-t-il, appelant à une mobilisation urgente et mondiale des Etats afin de prendre enfin les mesures qui s’imposent.

Parmi ces moyens : « La restauration des terres dégradées permettrait d'éliminer le carbone de l'atmosphère, d'aider les communautés vulnérables à s'adapter au changement climatique et elle pourrait générer une production agricole supplémentaire de 1.400 milliards de dollars par an », a continué M. Guterres.

Et mieux encore, la restauration des terres est « simple, peu coûteuse et accessible à tous », a-t-il ajouté, la qualifiant de « l'un des moyens les plus démocratiques et les plus favorables aux pauvres d'accélérer les progrès vers les objectifs de développement durable (ODD) ».

C’est vers cela que doit s’orienter notre coopération au développement et non pas vers les agricultures intensives, les élevages industriels, les privatisations par de grandes sociétés des réserves d’eau, les guerres qui se font déjà entre peuples afin de s’accaparer les ressources en eau. C’est le cas notamment d’Israël qui a « volé » le Golan, dont les nappes phréatiques constituent une importante réserve d’eau pour les agriculteurs palestiniens, libanais et égyptiens. Et les négociations sont très tendues entre l’Ethiopie, l’Egypte et le Soudan à propos du remplissage d’un méga-barrage sur le Nil, en territoire éthiopien, qui menace l’approvisionnement en eau desagriculteurs des pays limitrophes.  Des pays qui envisagent de faire appel au Conseil de sécurité des Nations Unies…

L'institut de recherche américain Pacific Institue a démontré une augmentation significative des conflits liés à l'eau ces dix dernières années, passant d'une vingtaine en 2010 à plus de 70 en 2018. Selon l’ONU, d’ici 2050, cinq milliards de personnes pourraient être touchées par une pénurie d’eau.

On peut déjà prévoir non seulement le nombre de morts mais aussi les déplacements de populations qui vont s’intensifier. L’Europe ne pourra pas fermer indéfiniment ses frontières aux plus malheureux à moins d’intensifier ses actions à la fois en faveur de la restauration d’un équilibre climatique et en aidant plus qu’avant les pays les plus impactés par la sécheresse à restaurer les terres dégradées, à changer les pratiques agricoles dévastatrices.

Selon l’ONU, « la restauration des terres dégradées favorise la résilience économique, crée des emplois, augmente les revenus et accroît la sécurité alimentaire.
En outre, elle permet à la biodiversité de se reconstituer et de piéger le carbone, tout en atténuant les effets du changement climatique et en soutenant une reprise verte après la pandémie de Covid-19. »

« Cette année marque le début de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes », a souligné le Secrétaire général, en appelant chacun à « placer la Terre saine au centre de tous nos plans ».

Les zapatistes débarquent en Europe

Et précisément, à bord d’un bateau appelé « La montagne », une délégation de Zapatistes débarque à Madrid. Elle symbolise le combat politique des paysans, des peuples indigènes, des anciens colonisés par nos puissances européennes, actuellement colonisés par un système néo-libéral répressif et coupable de l’écocide qui se développe.

Pourquoi Madrid ? Parce que « l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) compte bien fêter à sa façon le 13 août prochain, les 500 ans de la prise de Mexico-Tenochtitlán par les troupes du conquistador Hernán Cortés. », explique Bernard Duterme, sociologue et directeur du CETRI. En débarquant ainsi sur le sol européen, les Zapatistes veulent attirer notre attention sur la menace de ratification par les Etats membres de l’UE du nouvel accord de libre-échange conclu avec le Mexique en 2020.

« Un accord qui, en dépit des impacts sociaux et environnementaux désastreux du précédent signé en 2000, prévoit d’accentuer la libéralisation et la déréglementation du commerce entre l’Europe et le Mexique, en donnant davantage de pouvoir encore aux investisseurs extérieurs. Ceux-là mêmes qui sont considérés là-bas, par « le Mexique d’en-bas », comme des « envahisseurs » y gagneraient le droit exclusif de poursuivre l’État mexicain à la moindre tentative de régulation. », explique Bernard Duterme.

Lisez-donc la bande dessinée qui retrace avec humour et poésie cette aventure zapatiste: https://www.revue-ballast.fr/les-zapatistes-arrivent-en-europe/

Et que s’installe au plus vite une solidarité renforcée envers les victimes de plus en plus nombreuses et tellement prévisibles de catastrophes climatiques.

https://news.un.org/fr/story/2021/06/1098322

https://news.un.org/fr/story/2019/08/1049011

https://www.cadtm.org/Les-zapatistes-naviguent-vers-l-Europe

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A propos de la privatisation de l'eau: un rapport explosif en France:

Les Zapatistes débarquent en Europe. Crédit image : Oleg Yasinsky

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