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Green Team : les jeunes prennent notre avenir en main. Photo © CAL

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« One health, le pire n’est pas certain », voilà le titre du colloque de clôture de la campagne « Santé de tous, santé pour tous », menée par le Centre d’Action Laïque. Une sorte de cadeau de fin d’année visant à nous aider à affronter les suites de cette pandémie qui n’en finit pas de rebondir. Une démonstration que notre santé à tous est liée à celle de notre environnement. C’est cela le concept de « one health », « santé globale », décrypté par quelques spécialistes lors de ce colloque et illustré par des jeunes qui ne se contentent pas de marcher dans les rues avec des panneaux en carton !

Des enfants, des jeunes très lucides sur l’urgence climatique, sur l’impact de la pandémie actuelle, sur l’urgence des solutions à trouver. « Il faut se presser quand même ! », dit un de enfants de la « Fabrique de Soi », avec un sourire un peu tremblant. « Il faut apaiser nos craintes par l’action, démontre la jeune Eva Dallons, initiatrice du « Green team » qui entend rendre l’école écologique à l’Athénée Charles Rogier de Liège. « Même si ce n’est pas grand-chose, cela sert de toute façon », dit-elle modestement, parlant de fontaines à eau dans l’école plutôt que de distributeurs de sodas trop sucrés, de collecte des déchets, de combat contre le gaspillage alimentaire, de mettre fin à l’usage de gobelets jetables pour consommer la soupe au réfectoire…

Face à une certaine lassitude voire indifférence des jeunes, voilà un exemple de groupes qui ont un effet constructif sur la société, des jeunes qui reprennent le pouvoir sur la situation anxiogène par l’action, par un effet de groupe qui stimule la créativité, commente Adelaïde Blavier, professeure de psychologie à l’Université de Liège. En effet, ces jeunes élaborent leurs actions entre eux, sans présence de professeurs, sans adultes directifs ; ensuite, ils proposent leurs projets aux professeurs afin de les mettre en œuvre. Ce n’est pas une question de méfiance, simplement de langage, de mode de communication et d’organisation modernes. Ils démontent ainsi qu’ils sont notre avenir et surtout, qu’ils peuvent façonner leur avenir et celui de la planète.

Les experts de la « santé globale », Antoine Nicolas-Moussiaux, chargé de cours à la faculté de médecine vétérinaire et Marius Gilbert, chercheur en épidémiologie à l’Université Libre de Bruxelles, ne disent pas autre chose : il s’agit de sensibiliser l’opinion publique à la gravité de ce qui se passe et de préparer demain ; cela commence par une éducation adaptée dès la petite enfance. « Informer et changer », insiste-t-il. « Vaincre la peur par la compréhension », renchérit Marius Gilbert qui a fait montre d’une communication très didactique tout au long de cette crise de la Covid-19, tout en déjouant les tensions entre experts et monde politique sur la gestion de cette crise. Il regrette seulement un déficit de débats entre experts hors caméra.

Il faut dire que la complexité de la situation et son évolution ultra rapide dans le monde entier poussent le monde politique à agir très vite afin d’éviter la panique, quitte à imposer des mesures de contraintes, de restrictions des libertés sans prendre suffisamment de temps pour expliquer le pourquoi et le comment.  Or, les analyses scientifiques de pareilles situations prennent du temps, elles sont liées aux recherches qui sont effectuées dans des laboratoires du monde entier qui communiquent entre eux à une vitesse jamais égalée auparavant. « Voilà une complexité qui fige les gens », explique A. Nicolas-Moussiaux, « car il est difficile de faire des prédictions, nous apprenons en agissant. Il nous faut apprendre à vivre avec l’incertitude dans l’espoir que tout aille mieux demain. »

« Le pire n’est pas certain », en effet, mais que serait le pire ? Marius Gilbert évoque la peur omniprésente dans sa jeunesse, celle du péril nucléaire, de la bombe atomique. « Aujourd’hui, nous pouvons craindre un Tchernobyl bactériologique », dit-il. Car la recherche scientifique se fait aussi avec des expérimentations sur des virus transformés pour devenir encore plus dangereux que celui qui vient de déferler sur le monde. « Le danger qu’un tel virus échappe à un laboratoire est vrai. Voilà pourquoi il faudrait vérifier les raisons pour lesquelles on fait ces expériences, quelle est l’éthique des laboratoires. Pour cela, il faudrait créer une agence internationale qui évalue les risques et les bénéfices de ces recherches. Il faut donc repenser totalement les expériences virologiques et les soumettre à une régulation internationale. », insiste Marius Gilbert.

Il s’agit en effet de donner du sens à la recherche scientifique, afin de prouver aux populations la nécessité de modifier notre mode de consommation, nos modes de production alimentaire. « Car le danger vient de nous et pas de la nature », souligne Marius Gilbert qui prône une « relation triangulaire entre le politique, le savoir, le citoyen, une modernisation de la démocratie grâce aux processus participatifs, à l’ouverture à la parole citoyenne. L’enjeu est bien, maintenant, d’ouvrir des espaces de dialogue avec les citoyens et ne pas se limiter aux messages des scientifiques et des politiques assénés aux citoyens à travers les médias. »

Car les citoyens ont beaucoup à dire, et pas seulement les plus aisés de notre société, raconte Christine Mahy, du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté. « Ceux qui vivent avec trop peu de tout », comme elle a coutume de les nommer, sont aussi des gens innovants même au point de vue climatique, mais ils sont alors considérés comme des illégaux parce qu’ils installent des éoliennes, des panneaux solaires hors règlements. Les initiatives du peuple d’en bas sont rarement écoutées », souligne Christine Mahy.

A quand l’intensification du dialogue entre citoyens et pouvoirs publics ? La santé globale est aussi une question d’égalité et de solidarité entre les humains.  

Retrouver le colloque sur :

https://www.laicite.be/campagne/sante-de-tous-sante-pour-tous/?fbclid=IwAR1EQY0j9B_Yus6LF8Z4PX7_HhkAkCQufYxfCYGuOyRBKpojRph29UwHKpc

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Marius Gilbert et Antoine Nicolas-Moussiaux : unir sciences, politiques et citoyens et donner du sens à nos actions. Photo © CAL

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