Le poker menteur de Monsieur Loyal

Et pourtant, Benoît Lutgen, patron du CDH, avait bien dit qu’il ne voulait plus du MR parce qu’il ne voulait s’allier d’aucune manière avec la NVA. Maintenant, il veut jeter son partenaire PS aux orties, sous prétexte qu’il n’est plus très propre, pour s’allier avec le MR, bien ancré au gouvernement fédéral, donc avec la NVA, au point que le président MR, M. Chastel, a bien précisé qu’une nouvelle alliance signifiait vouloir appliquer la politique du gouvernement fédéral (donc celle aussi de la NVA) à tous les niveaux de notre petite Belgique toute morcelée. Donc, M. Lutgen, en répudiant le PS, rend ainsi un joli service à la NVA qui voulait débarquer le PS de tous les niveaux de pouvoir. Et il semble ne pas se préoccuper des casseroles bien noires traînées par le MR : Kazakhgate, Publifin, CPAS Bruxelles et autres juteuses prébendes (un mot qui sent bon l’héritage catholique du CDH !).

Vous suivez la logique ?

Benoît Lutgen, qualifié récemment et naïvement de « loyal » par Paul Magnette, ministre-président de la Wallonie, n’a pas voulu laisser le temps à son partenaire de laver le linge sale de plusieurs mandataires de  divers partis – dont le CDH – et a voulu mener la danse des clowns dans le cirque politique. Tout cela pour donner l’impression de laver plus blanc que les socialistes et surtout pour positionner son parti - en pleine déliquescence - pour les prochaines élections communales en octobre 2018 et fédérales, régionales et européennes  fin mai 2019. Un coup de poker menteur qui a mis le PS KO mais qui ternit le blason de M. Loyal.

Il ne sera pas facile de composer une nouvelle majorité : Ecolo ne se contente pas d’un changement de gouvernants (le CDH traîne de juteuses casseroles pas encore nettoyées) mais bien de gouvernance et lave plus vert que vert. Défi se place résolument dans un centre macronien et exige que tous les partis chassent leurs tiques et puces avant de négocier.

Le Mouvement Ouvrier Chrétien s’inquiète de « voir revenir au pouvoir aux niveaux régional et communautaire, le MR, un parti qui n’a cessé ces dernières années de construire une politique antisociale caractérisée au niveau fédéral (saut d’index, recul de l’âge de la pension, « tax shift »...) ».

Au moment où Wallonie et Bruxelles sont plongés dans d’importants dossiers comme le Pacte pour un enseignement d’Excellence, la finalisation des accords du non marchand, la réforme des allocations familiales, l’assurance autonomie ou encore la réforme fiscale, faire tomber les gouvernements wallons et bruxellois signifie une paralysie des appareils politiques, des retards coûteux pour tout le monde, des dommages accrus pour les populations les plus pauvres.

Enfin, question éthique essentielle : ce coup de poker de Benoît Lutgen prend en quelque sorte toute la population en otage pour le seul bénéfice de ses propres intérêts partisans. Au mépris de la seule voie démocratique à laquelle aspirent ceux qui veulent du renouveau en politique : la consultation électorale.

Bref, ce lamentable tour de piste du CDH met en scène une particratie de mauvais aloi. Benoît Lutgen n’est pas Monsieur Loyal !

•  Selon le Petit glossaire du Cirque, « Monsieur Loyal : exemple d'un nom propre (celui d'un directeur de cirque) devenu commun pour désigner tous les maîtres de manège, régisseurs de pistes appelés aussi à donner la réplique aux clowns. »