L'occident en burn-out

Humeurs d'un alterpubliciste

Par | Penseur libre |
le

Jef Aerosol à Roubaix

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Lecture 6 min.

Notre société souffre du mal qui se propage de plus en plus parmi ses membres : le burn-out. Les ventes d’antidépresseurs explosent, les suicides prolifèrent, les ventes d’armes et leur usage hors des champs de bataille font peur… Pour ceux qui en doutent, notre société présente tous les symptômes d’un burn-out aigu. Un burn-out qui repose sur 12 constats[1] qui sont autant d’appels au changement de paradigme.

1.         Ambition : le burn-out affecte ceux qui en veulent plus, toujours plus. La croissance n’étant pas remise en question, ce constat est là et restera bien là. Et si on changeait de paradigme ?

2.         Exigences excessives : on n’en fait jamais assez. Cela fait 5000 ans que la dette sévit mais il faut fournir de plus en plus d’efforts pour satisfaire l’austérité, seule garante du retour à la croissance. Et ceux qui sont contre l’austérité demandent aussi plus pour obtenir la même relance.  Si on cherchait le mieux et qu'on cantonnait la performance au domaine du sport ? Et si on changeait de paradigme ?

3.         Méconnaissance de nos besoins : nous nous laissons entraîner par les cycles et les événements. L’homme en burn-out ne dort plus et consacre toute son énergie à son activité ? Notre société est hyperactive ne serait-ce qu’en sollicitations des infos. Nous sommes en surcharge, plus le temps de s’offrir de la réflexion, des pensées longues, de la vision. La gauche et la droite gouvernent au centre et les débats génèrent du consensus mou ou de la haine.  Et si on changeait de paradigme ?

4.         Difficultés face aux tensions : on sait que quelque chose cloche mais on ne comprend pas bien ce qui se passe. L’église n’a pas de réponse. L’école n’a pas de réponse. La science n’est plus la science. La vision ne se voit plus. Et comme on n’aime pas les tensions, quand elles explosent, c’est pire que tout. Or d’un bout à l’autre du monde, l’indignation gronde et reste sans réponse sinon la violence. Et si on changeait de paradigme ?

5.         Régression des valeurs : la personne prise de burn-out s’isole des autres et a du mal à entendre d’autres points de vue. Nos pays, nos villes, nos communautés s’isolent aussi. Le nationalisme resurgit avec son cortège de racistes. Mais nos chefs s’isolent aussi, ils espionnent. Et si on changeait de paradigme ?

6.         Déni des problèmes : c’est la faute aux autres ? Le débat entre Macron et Lepen montre jusqu’où va ce déni au FN. Nous ne sommes pas responsables. C’est la faute aux dollars, à l’euro, à la banque centrale, à l’immigration, etc. Et si on changeait de paradigme ?

7.         Retrait : les contacts sociaux sont limités. Les drogues, l’alcool, les comportements à risques sont privilégiés chez l’individu. L’armement nucléaire, la guerre, les grands rassemblements de dirigeants de par le monde ont toujours lieu mais produisent de moins en moins d’actions communes. Les gouvernements des pays y vont à reculons. Et si on changeait de paradigme ?

8.         Changements comportementaux : l’homme est stressé. Les relations internationales le sont aussi. Les relations syndicales le sont aussi. Et les citoyens descendent dans la rue. Et si on changeait de paradigme ?

9.         Dépersonnalisation : l’individu en burn-out réduit sa vision, ne fait plus attention aux autres, il se focalise sur son but. Que fait notre société ? La vision n’est pas là. Le but, c’est la prochaine échéance des élections, le prochain cours de bourse, toutes ces petites échéances à court terme qui rythment le business (activité consistant à être busy, occcupé). Et si on changeait de paradigme ?

10.       Vide : En dix ans, les faits divers ont progressé de 73% à la une de nos journaux télévisés et ce n’est pas du à la progression de la violence. Ces faits divers progressent en une comme progressent les mêmes sur internet, ces infos ou canulars qui se partagent très vite avec la masse. Ce n’est plus du contenu, c’est du videnu. La télé-réalité en est un autre exemple. On peut même se demander si les débats dernières élections présidentielles aux USA et en France ne sont pas largement dominés par ce modèle de téléréalité. On commence avec 11 candidats à gauche contre sept candidats à droite. Que chaque camp choisisse son champion pour la joute finale. Le videnu touche tout le monde : du président des USA au chasseur de scoop en passant par les manipulateurs d’infos comme ceux qui propagent le soi-disant compte caché au Bahamas de Monsieur Macron. Et si on changeait de paradigme ?

11.       Dépression : Hier, il y a eu une attaque contre un camp de la MINUSMA à Tombouctou. Un casque bleu est tué et neuf blessés. Vous avez lu ça dans la presse occidentale vous ? Moi pas. Ah oui, les victimes sont africaines...me disait un ami.  Personne ne peut être blâmé, même pas les médias comme on en a l'habitude. Le traitement de l’information sur cette affaire résulte du chaos dans lequel se trouve l’information industrielle avec des médias de masse papier et télé qui perdent de leur autorité et de nouveaux médias électroniques qui peinent à en gagner. Au milieu, le citoyen essaie de reprendre la parole comme autrefois dans ces cafés qui annonçaient aussi un bouleversement, celui des lumières. C'est ce que nous essayons de faire sur Entre-les-lignes mais combien sommes-nous et qui nous soutient ? Et si on laissait tomber ?

12.       Épuisement : sur la planète terre, les ressources humaines et les ressources naturelles s’épuisent, effectivement. Mais de Tunis à Hong Kong, de Podemos à Sanders, il y a quelque chose qui gronde d'un bout à l'autre de la planète qui ne vient pas des cols bleus en colères mais des jeunes de toute sorte qui veulent du changement. Et si on changeait de paradigme ? 

Lequel, me direz-vous ? Commençons peut-être, chers gouvernants, par remettre l’ETAT en question et en état de fonctionner. Comme disait Nietzsche et comme le montre l’essor du populisme, « Partout où il y a encore du peuple, il ne comprend pas l’Etat et il le déteste comme le mauvais œil et une dérogation aux coutumes et aux lois. »[2]

Il l’a écrit et ne connaissait pas le Kazakhgate, Publifin, Lepen ou Trump…

Bon Week-End

Patrick



[1] J’ai adopté et adapté les douze constats de Jean-Pierre Vandeuren sur son très beau blog http://vivrespinoza.wordpress.com.

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[2] Nietsche, Ainsi parlait Zarathoustra.

 

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