Les faces cachées de la Lune et de l’actu

Les calepins

Par | Penseur libre |
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Mardi 1er janvier

 Des vœux ? Par les temps qui courent, souhaiter que dans un an, on soit encore en situation de pouvoir formuler des vœux.

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 Petite leçon d’écriture pour commencée l’année, transmise par le Père Noël à Érik Orsenna :

 « Une phrase, c’est comme un arbre de Noël. Tu commences par le sapin nu et puis tu l’ornes, tu le décores à ta guise. Jusqu’à ce qu’il s’effondre. Attention à ta phrase : si tu la charges trop de guirlandes et de boules, je veux dire d’adjectifs, d’adverbes et de relatives, elle peut s’écrouler aussi. »

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 Jaïr Bolsonaro, premier président d’extrême droite élu démocratiquement, prend ses fonctions à la tête du Brésil, le plus important pays d’Amérique du Sud. Il est soutenu plus particulièrement par les grands propriétaires terriens, les militaires, les lobbys pro-armement et les puissantes églises évangélistes.  D’après son programme, les premières décisions seront : la sortie de l’accord de Paris (COP 21), l’arrêt de la démarcation des terres des peuples autochtones, la disparition du ministère du Travail, l’établissement d’une censure pour la presse, la régression du droit des femmes, le transfert de l’ambassade du Brésil à Jérusalem, la remise en question du système universel de santé. Son nouveau gouvernement est désormais connu. On y trouve beaucoup de hauts gradés de l’armée ainsi, comme ministre de la Justice, que Sérgio Moro, le magistrat qui fit incarcérer Lula da Silva, l’ancien président de la République, sans qu’un procès équitable ne soit organisé. Parmi les invités de marque à la cérémonie d’investiture, on notera la présence de Benyamin Netanyahou et de Viktor Orban. Quant à Donald Trump, il a envoyé ses vives félicitations en précisant : « Les Etats-Unis sont avec vous ! » Les Etats-Unis, vraiment ?…

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  Tout s’est bien passé partout dans le monde, ou presque, la nuit dernière. Mais quels furent la motivation et le plaisir de ces 300.000 personne agglutinées aux Champs-Élysées, soumises à la fouille avant d’y accéder, ne pouvant y apporter aucune boisson (fini les bouteilles de champagne que l’on faisait péter autrefois en découvrant des convivialités neuves !...), et encadrées de 12.000 policiers ?

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 Pour entrer dans Venise, il faudra désormais payer. Entre 2,5 et 10 euros selon la saison. Pour entrer dans les ordres, il faut payer aussi, mais de sa personne.

Mercredi 2 janvier

 Un soudain mouvement massif de migrants, en majorité iraniens, s’est opéré au départ de Calais vers les plages de Douvres et de Folkestone. Il y aurait des passeurs expérimentés dans la région de Boulogne-sur-Mer. L’étonnement règne en France, l’émoi crispe un peu plus la Grande-Bretagne, déjà déboussolée par le Brexit.  Ce qui est le plus étonnant, c’est que ce type de manœuvre ne s’effectue que ces jours-ci après plusieurs années de situations migratoires transformant Calais en un épouvantable cul-de-sac.

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 Philippe de Chauveron avait trouvé de bonnes ficelles avec Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? Il les a transformées en cordes qu’il a peintes en bleu – blanc – rouge.  Il ne s’est pas trop gratté le crâne. Sa nouvelle œuvre s’intitule Qu’est-ce qu’on a encore fait au Bon Dieu ? Et ça marche ! Il va pouvoir en faire des câbles ! Ah ! Que c’est beau le multiculturel, quand l’argent peut effacer les différences qui fâchent !

Jeudi 3 janvier

 Bolsonaro dit ce qu’il va faire. S’il fait ce qu’il a dit, son mandat ne durera pas quatre ans. Mais le peuple si révolté soit-il, ne sortira pas vainqueur : l’armée est déjà en embuscade.

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 Xi Jinping le répète encore publiquement, chaque fois un peu plus insistant : il faut que Taïwan recolle à la Chine. « Un pays, deux systèmes » aime-t-il souligner, comme cela se passe avec Hong Kong. S’il le fallait, il pourrait recourir à la force. Cette hypothèse n’est encore prononcée que du bout des lèvres, mais comme le désir s’exprime en gradation, la parole se traduira peut-être en acte. Dans le même temps, un engin chinois se pose délicatement sur la face cachée de la Lune. C’est une première. La présence d’astronautes plantant leur drapeau et la photo de Xi dans cette zone est désormais envisageable. « Un astre, deux systèmes ». Voilà ce que Xi Jinping va bientôt suggérer à Donald Trump.

Vendredi 4 janvier

 Nouvelle élue démocrate dans le Michigan, l’avocate Rashida Tlaïb, 42 ans, avait fait campagne en promettant de destituer Donald Trump. Après avoir prêté serment, elle s’en est retournée en son local de campagne s’adresser à ses partisans. « Nous allons destituer ce fils de pute ! » leur lança-t-elle, dans les hourrahs. Le genre de réflexion qui, bien entendu, fait fureur sur les médias sociaux. Est-il nécessaire, pour combattre Trump, d’être plus vulgaire que lui ?

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 On a retrouvé un partisan de Macron ! : « Je suis pour tous les Jupiter contre tous les Prométhée. » (Paul Claudel. Lettre à Élémir Bourges, 23 mai 1905).

Samedi 5 janvier

 Depuis que sévissent les Gilets jaunes, Jean-François Kahn ne cesse de pester contre la naïveté, l’appui indirect et inconscient, l’erreur d’appréciation voire la cécité des médias qui tous, sans exception, procurent une publicité aux extrêmes qui profite surtout à l’extrême droite. Dans son édition d’hier, Le Monde publia sa mise au point ferme et ses reproches aux confrères. C’est tout en l’honneur du journal de faire paraître l’avis d’un contradicteur chevronné. Alors que l’on pensait que les manifestations violentes allaient doucement continuer de s’éteindre dans la foulée des fêtes de fin d’année, on dut constater qu’elles ont repris avec force et vigueur cet après-midi, délaissant le quartier des Champs-Élysées pour celui de Saint-Germain-des Prés. La passerelle qui prolonge la rue de Solférino fut le théâtre de rudes affrontements. On ne reconnaît plus dans ces rassemblements que des bagarreurs, des fauteurs de troubles rejoignant Paris pour « casser du flic », relayés en début de soirée par des voyous venus des banlieues s’amuser un peu dans la capitale. Le ludisme brutal et sordide des Gilets jaunes occulte totalement leurs revendications légitimes et compréhensibles des premiers jours. Ils reviendront samedi prochain car ils auront encore bénéficié d’une aura médiatique ce samedi-ci.

Dimanche 6 janvier

 Il y a déjà sept semaines que Carlos Gohn, le patron de Renault et de Nissan, est détenu à Tokyo. Le Japon est une vraie démocratie libérale.  Si les juges japonais ne disposaient pas d’un dossier solide, ils ne se permettraient pas de maintenir ce grand patron aussi longtemps sous les verrous.

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 Le 26 mai, l’Europe va financer des hommes et des femmes qui auront été choisis pour la détruire. Est-ce l’honneur, le défaut ou la faiblesse de la démocratie ? Jacques Julliard veut conserver un brin d’optimisme dans ce marasme consternant : « Les souverainistes sont condamnés à faire l’Europe et les européistes à faire l’Europe souveraine. » écrit-il. Abomination de la résignation !

Lundi 7 janvier

 Une opposition commencerait (garder le conditionnel est prudent) à s’élever contre Viktor Orban. Et des manifestants se parent de gilets jaunes. Certains esprits chagrins ont vu dans la couverture du supplément magazine du Monde une allusion graphique plaçant Macron dans une comparaison avec une affiche hitlérienne. Le Monde dut présenter ses excuses. L’excès aplatit les valeurs. De même, comparer Macron à Orban est d’une injustice stupide. N’y a-t-il pas une grande figure politique, un démocrate respectable et respecté de tous pour arrêter le triste malheur qui s’insinue dans la société française ? Tout devient si nauséabond. Même le désarroi est navrant…

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 L’éditorial de Guillaume Tabard vient un peu en écho aux reproches exprimés par Jean-François Kahn. « Condamner ou applaudir le mouvement, désormais il faut choisir » affirme-t-il. Voilà pour les citoyens, pour leurs représentants, mais aussi pour ses confrères. Et d’ajouter : « Á défaut de disposer d’une recette miracle, l’exécutif a un devoir de clarté. Or, il a du mal à trancher entre la fermeté et la conciliation. » Le groupe parlementaire qui le soutient est lui aussi partagé entre deux attitudes qui deviennent deux divergences de vues. Consternant disait-on…

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 Il paraît que les petites bonbonnes de crème chantilly contiennent du protoxyde d’azote dont la propriété est celle d’un gaz hilarant. Le gouvernement ne pourrait-il pas en faire distribuer aux Gilets jeunes ? Un lacrymal joyeux pour rehausser le niveau de la scène. Paris le mérite bien.

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 Á Vézelay, chaque jour, l’écrivain nonagénaire Jules Roy recevait chez lui, de son ami Marc Meneau, le chef triplement étoilé de L’Espérance, à Saint-Père, un repas qui lui était offert gracieusement. « Julius » trouva une manière de remercier son ami. Il rétribua une personne chargée de promener le chien du palais des salivations. Le temps a passé, Jules Roy est mort, mais en souvenir de son geste fraternel, une promeneuse vient chaque jour balader le labrador Bacchus autour de la basilique Sainte-Madeleine. Et les anges qui paradent sur la colline éternelle se promettent de veiller à ce que ce brave animal retrouve le jour venu les anciens amis de ses maîtres (Roy, mais aussi Gainsbourg et Rostropovitch) au paradis.

Mardi 8 janvier

 En Israël aussi la gauche est inaudible. Les élections législatives sont prévues le 9 avril et à ce jour, aucune proposition, aucune position ne sont encore apparues du côté des travaillistes, même pas sur le problème palestinien. Ils ne se sont toujours pas relevés de l’assassinat d’Yitzhak Rabin.

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 Au temps de sa splendeur et de son hautaine suffisance, Emmanuel Macron imaginait modifier la Constitution jusqu’à revoir certains de ses piliers comme la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. Anticipant l’ardeur présidentielle, des pétitions commençaient à circuler chez les défenseurs de la Laïcité à la française. Plus besoin. Sagement, le président a décidé de reporter sine die cette initiative. Á quelque chose malheur est bon.

Mercredi 9 janvier

 Emmanuel le Magnifique, la nouvelle chronique de Patrick Rambaud (éd. Grasset) est en librairie. Eh oui !… L’écrivain connut le succès en racontant à sa manière, façon grand siècle, le quinquennat de Nicolas Sarkozy (Chroniques du règne de Nicolas Ier) et celui de François Hollande (François le Petit), il se devait de creuser encore le filon. On devra patienter une bonne année pour, grâce au tome suivant (Emmanuel le Réprouvé ?), découvrir les ennuis de l’arrogant jeune homme qui, en l’espace d’un semestre, bouscula totalement le microcosme et s’empara du pouvoir. Les soubresauts de la rue appelés « acte » par les jaunâtres (l’acte IX est prévu samedi) ne figurent forcément pas dans ce volume qui risque, du même coup, de paraître vieillot, dépassé. Quoique l’auteur, perspicace et expérimenté, sentait déjà que la terre remuait sous les pieds de « l’élu de l’électronique ». Il y décèle ainsi des influences notoires du passage de Macron chez les jésuites : « Emmanuel Macron a passé neuf ans dans un établissement jésuite, La Providence, à Amiens. Quelqu’un qui a eu cet enseignement s’en souvient toute sa vie. Certains se positionnent contre, comme François Ruffin, d’autres en sont imprégnés. Ce fameux « en même temps » est complètement jésuite : il s’agit d’être à la fois bienveillant et autoritaire, humble et supérieur. Ni pour ni contre, mais les deux à la fois… Au XVIe siècle, Ignace de Loyola a créé l’ordre des Jésuites exactement comme Emmanuel Macron le mouvement des marcheurs. Je raconte un épisode où Loyola aurait crié ’En marche !’ à ses troupes. » (Marianne, 4 au 10 janvier). Rambaud n’écrit pas une biographie, il tient beaucoup à sa fonction de chroniqueur : « L’autofiction m’empoisonne en tant que lecteur, car je me fiche totalement de la vie de M. Machin – à part peut-être celle de Henry Miller. »

Jeudi 10 janvier

 Félix Tshisekedi, 55 ans, est annoncé parla commission électorale président de la République démocratique du Congo. Son père, Étienne (1932-2017), lui avait remarquablement préparé le terrain. On se souvient de l’extraordinaire liesse populaire qu’il avait connue depuis l’aéroport jusqu’au centre de Kinshasa quelques jours avant de repartir à Bruxelles pour y mourir. La conférence épiscopale signale qu’elle n’a pas comptabilisé les mêmes résultats. L’incertitude demeure, les recours sont engagés, mais Kinshasa paraît éviter l’émeute. Il semble que l’objectif du peuple congolais était avant tout d’obtenir des élections et de voir Kabila quitter le pouvoir. Même si c’était imparfaitement, on peut dire que la démocratie a fonctionné en République démocratique du Congo

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 Ségolène Royal jette l’éponge. Elle n’a pas réussi à constituer une liste de gauche autour du parti socialiste pour les élections européennes. Il n’y aura donc qu’un éparpillement de petites listes à côtés de celle du Rassemblement national de Marine Le Pen et celle dont le nom n’est pas encore connu, soutenue par Emmanuel Macron. Cette bipolarisation par-dessus la mosaïque pourrait bien préfigurer la physionomie complète du prochain parlement européen. 

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 Deux courtisanes se disputent les faveurs de la reine Anne de Grande-Bretagne au tout début du XVIIIe siècle. Sa majesté, victime de crises de goutte, apparaît folle, bête, irascible et irritante, ce qui concourt à enrober le trio féminin de situations humoristiques autant que sarcastiques, des scènes où le mal fait le bien. La photographie est étincelante. Emma Stone est sublime. Mais il faut aussi saluer le jeu flamboyant des deux autres, Oliva Colman et Rachel Weisz. Yórgos Lánthimos a réalisé un chef-d’œuvre avec ce film, The Favourite. On devrait le retrouver aux Oscars.

Vendredi 11 janvier

  Il y aurait cette fois comme un malaise un peu plus prégnant à la Maison-Blanche. Les deux promesses électorales les plus musclées de Trump ont du plomb dans l’aile. Alors qu’il avait annoncé – en allant même sur place – le retrait des troupes américaines de Syrie, la pression es généraux et du Pentagone le conduisent à revoir sa décision. On dit Erdogan furieux, lui qui se préparait déjà, en conséquence, à régler le sort des Kurdes. Quant au mur de séparation avec le Mexique, son projet a engendré, à l’initiative des Démocrates, un shutdown qui dure désormais depuis vingt jours et dont on ne perçoit pas le début du commencement d’un règlement. Au pays de la vente d’armes libre, en de pareilles périodes, on ne se pare pas de gilets jaunes mais de gilets pare-balles.

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  916.000 km², 31 millions d’habitants, 6e producteur mondial de pétrole, grand producteur également de gaz naturel, 5e puissance économique latino-américaine… Tel est le portrait du Venezuela. Un pays de bonne économie, un pays riche en somme. Mais les rayonnages des magasins d’alimentation restent vides, les files d’approvisionnement interminables, les hôpitaux insalubres et sans matériel. Par dizaines de milliers, la population fuit le pays. Et aujourd’hui, Nicolas Maduro, le chef de l’Etat réélu pour six ans, repart au boulot. Quel boulot au fait ?

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 La RDC vient de vivre un exercice démocratique plus ou moins apaisé, bien loin de ce que l’on pouvait craindre. L’élection de Félix Tshisekedi annoncée par la Commission nationale officielle semble acceptée par le peuple congolais. C’est le moment que choisit le porte-parole de l’épiscopat pour organiser une conférence de presse et signaler que le résultat ne correspond pas à celui auquel l’Église catholique avait abouti en collationnant les chiffres des 40.000 (40.000 !) délégués qu’elle avait chargés de recueillir. Pourquoi ? Aurait-il fallu que monsieur Fayulu, le candidat des grandes puissances occidentales l’emportât pour les autoriser à poursuivre leur collaboration paternaliste avec cet État si riche et si prometteur ? L’Église catholique a parfois joué un rôle utile voire pacificateur dans ce pays. Ici, on n’a qu’une question à lui poser : de quoi se mêle-t-elle ?

Samedi 12 janvier

 Le faucon de Budapest est clair : il veut que le 26 mai, le Parlement européen soit en majorité composé de députés anti-immigration et il s’efforce de convaincre les membres de son parti de verser dans cet objectif. Viktor Orbán ne manque pas d’air puisque son parti est le Parti populaire européen (PPE), celui d’Angela Merkel, de Jean-Claude Juncker, et de quelques autres personnalités de même acabit. Mais peut-être après tout que ses théories sont majoritaires au sein de ce PPE, premier groupe à Strasbourg…

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 Il est question de 320 milliards d’euros. C’est le trou de la dette toujours aussi béant que connaît la Grèce. Il est aussi question de 270 milliards d’euros. C’est le montant de la dette de réparations de guerre pour l’occupation des nazis reconnues et enregistrées dans les accords de Paris en 1946. Exsangue à cette époque-là, l’Allemagne ne pouvait évidemment pas régler la facture. Au fur et à mesure que revint sa prospérité, la Grèce réclama son dû. En vain jusqu’à aujourd’hui. En vain encore aujourd’hui. Angela Merkel accomplit un voyage de 24 heures à Athènes ; elle y dépose une gerbe devant le monument aux morts, elle se dit publiquement « consciente de la souffrance du peuple grec » pour les horreurs que les nazis lui ont causées pendant cinq ans. Elle rencontre le président de la République Pavlópoulos qui aborde le sujet sans illusion et ensuite le Premier ministre Tsipras qui se garde bien d’y revenir, du moins au grand jour. Les fleurs et les pleurs, d’accord. Le tiroir-caisse, nein ! Et quand c’est nein, c’est nein ! Verstehen ?

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 « Coup de poing ». C’est l’expression qui revint le plus souvent dans les critiques de la pièce d’Andréa Bescond  Les Chatouilles mise en scène par Éric Métayer, qui brilla au Théâtre du Petit-Montparnasse et qui reçut le Molière du Seul(e) en scène en 2016. Portée au cinéma par le même tandem, cette histoire de pédophilie vécue par Andréa Bescond, passionnée de danse soumise à des viols par un ami de ses parents, est effectivement poignante. Elle n’est apparemment que le reflet de situations vécues mais souvent tues puisque la dernière image du film précise qu’en France, un enfant sur cinq est victime de violences sexuelles.

Dimanche 13 janvier

 Non, Le Pen et Mélenchon ne sont pas prêts à se retrouver sur une même liste, mais les constats sociétaux débouchant sur des positions politiques pourraient devenir si proches que la coexistence deviendrait vicieuse. Si les idées d’extrême droite ne sont pas encore dans les urnes, elles sont déjà dans les esprits.

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Les groupes d’extrême gauche (Brigades rouges, Prolétaires armés pour le communisme…) qui ont enflammé l’Italie dans les décennies 70-80 appartiennent désormais à l’Histoire, et le nom de Cesare Battisti, écrivain mêlé aux assassinats politiques de cette époque, condamné à perpétuité par contumace en 1993, est ignoré ou inconnu. En cavale en France et au Brésil, l’homme bénéficiait de soutiens dans le monde littéraire, notamment de Fred Vargas et de Bernard-Henri Lévy. L’arrivée au pouvoir à Brasilia de Jair Bolsonaro l’obligea une nouvelle fois au départ vers d’autres lieux. Il vient d’être arrêté à Santa Cruz, en Bolivie. Il sera extradé au Brésil et Bolsonaro se fera une joie de l’expédier chez son ami Salvini. L’humour de l’extrême droite dégage toujours un parfum de raffinement vulgaire. Avant même que Battisti ne remette les pieds au Brésil, le fils de Bolsonaro a déjà envoyé un message à Salvini en lui précisant : « le petit cadeau va arriver ». Quant à Salvini, il a réalisé sur son site un montage photographique où l’on voit Battisti dans un fauteuil de plage avec cette légende : « les vacances sont finies ». Il a 64 ans et il devrait désormais passer le reste de son âge en prison. C’est à présent au cinéma de raconter les saisons et les jours de Cesare Battisti afin que chacun puisse se faire une opinion sur le personnage, tenter de comprendre les limites d’un idéal révolutionnaire face à une logique de sanction pénale.

Lundi 14 janvier

Emmanuel Macron sait qu’il joue déjà un certain va-tout avec la Lettre aux Français qu’il propose aujourd’hui, en lançant le Grand Débat auquel il invite tous les citoyens à participer par le biais de leur mairie. C’est peut-être trop tard. Celui qui a bouleversé le paysage politique français en quelques mois découvre à présent les limites d’une méthode de gouvernance basée en priorité sur la communication.
 Consulter le citoyen pour bâtir un programme de gestion. Quelle reculade par rapport aux attitudes hautaines de celui qui comptait tout régenter, tout déclencher, tout déterminer ! Le voici contraint de se plier à des exigences citoyennes comme aucun de ses prédécesseurs ne dut s’y soustraire, lui qui pensait les supplanter tous !... Et ce n’est pas fini : l’accueil réservé à sa missive paraît assez tiède. On y décèlerait une page d’enfumage. Le plus embêtant, c’est qu’en cas d’échec, la seule alternative qui semblerait advenir serait l’arrivée de l’extrême-droite.

Mardi 15 janvier

 Deux parlements face à leur propre destin historique.

 Celui de Londres, qui doit ce soir se déterminer sur les propositions de Theresa May concernant le Brexit. Il semble qu’elle n’y croit plus elle-même mais elle se bat jusqu’au bout. En dernier sursaut, elle s’adressa aux députés en les invitant à réfléchir, en conscience, à ce que relateront, demain, les livres d’histoire. Le plus tragique de l’événement, c’est que l’on ne sait pas ce que sera l’alternative si le vote, comme c’est probable, est négatif. Un deuxième référendum ? De nouvelles élections ? Ou… Rien… Un no deal… Ce qui est déjà certain, c’est que les livres d’histoire mentionneront deux noms : celui de David Cameron, le Premier ministre conservateur qui déclencha le processus en faisant le pari d’un référendum gagnant, et celui de Nigel Farage, le chef de l’extrême droite britannique, qui est parvenu à déstabiliser totalement le royaume en prônant le Brexit sur la base de fausses informations et de promesses mensongères.

 Quant au parlement suédois, il doit aussi s’exprimer par un vote ce soir, pour se prononcer sur une proposition de son président qui lui soumettra le nom d’un Premier ministre chargé de réaliser une coalition réputée improbable sinon impossible, la recherche d’une majorité se trouvant contrariée par l’apparition d’un groupe d’extrême droite qui bloque l’arithmétique parlementaire.

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