Les aventures du Hennuyer Jean-Jacques Cloquet
Sous la charpente de la librairie Molière, à Charleroi, se trouve une salle où des auteurs et des témoins parlent de livres. En ce samedi d'après Saint-Nicolas, des gens d'horizons aussi divers que les passions de Jean-Jacques Cloquet étaient venus écouter le directeur de Pairi Daiza. L'homme a gardé l'allure du joueur du Sporting qu'il fut. Il a le sens du défi, ce qui pourrait bien l'avoir poussé à accepter de raconter sa vie à Didier Albin.Passionné de Charleroi, ce journaliste explore la ville depuis près de trente ans. Lors de ses pérégrinations, il croisa forcément la route de JJC. Comprit qu'il lui faudrait plus qu'un papier pour approcher la vérité d'un aventurier de l'entreprise et du travail en équipe.
Les questions de Dominique Cabiaux amenèrent le journaliste et le grand patron (il a été manager de l'année) à parler de leurs métiers mais aussi de la ville, et de deux ou trois grandes grandes questions de notre temps. Au départ, Cloquet se demandait s'il faisait bien de se lancer dans ce récit qui après tout, pouvait n'intéresser personne, puis prit goût à l'exercice. Comme si cette personnalité toujours en mouvement, en permanence sur le terrain, qu'apparemment rien ne peut abattre, avait réalisé que son chemin ne s'était pas déroulé par le seul fait du hasard. Il se souvint d'avoir eu un grand-père syndicaliste et l'autre, patron chez Boël. Serait-il la synthèse de ces deux approches? Ceci expliquerait la manière quasi viscérale dont il parvient à se mettre dans la peau de l'autre.
De l'entretien se dégagea la silhouette d'un être qui se mesure à sa capacité d'aller de l'avant, conscient que l'humour sauve de tout, ou à peu près. Il se souvient d'avoir vu son père pleurer, quand, à 54 ans, il perdit son travail aux ACEC. D'où, peut-être, la conviction qu'il faut adapter sans cesse les entreprises aux soubresauts du monde, en écoutant les travailleurs. Sans ces femmes et ces hommes, nul projet n'est réalisable. Cloquet adore débarquer à 5 heures du matin avec des pistolets et un thermos de café pour discuter avec les gens de terrain, que ce soit à BSCA ou à Pairi Daiza, et nourrir son actioin de leurs observations. Son écoute n'est pas un stratagème. Elle inspire l'attitude de cet homme qui ne semble pas apprécier le pouvoir. Sauf quand il permet de prendre des décisions en tenant compte de l'humain.
Quand il a fait le tour d'une fonction, JJC prend la poudre d'escampette. Typique de l'aventurier, cette soif d'horizons nouveaux, cette peur de l'enlisement de la routine. On se demande quel genre de propriétaire peut bien avoir l'idée d'engager un directeur de cette trempe. Pour engager un Cloquet, il faudrait que des rêves se recoupent. Pour engranger des victoires. Si JJC s'est envolé pour Pairi Daiza, alors que l'aéroport de Charleroi avait plus que réussi son décollage, c'était pour contribuer à la réalisation d'un rêve. On se rappelle d'Eric Domb, avant Pairi Daiza. Quand il lança son projet de parc animalier, certains le voyaient comme un utopiste. Dont le rêve correspondrait pourtant à l'évolution du monde et, en partie de l'économie. Il aura forgé une entreprise qui offre des emplois, dans ce Hainaut qui en a tant besoin, après le séisme de la desindustrialisation.
Il semble que vous appréciez cet article
Notre site est gratuit, mais coûte de l’argent. Aidez-nous à maintenir notre indépendance avec un micropaiement.
Merci !
Evoquant son boulot, Cloquet dit oeuvrer en compagnie de passionnés. Il aime ça. Décrit avec bonheur le travail des soigneurs des animaux, évoque l'objectif de trois millions et demi de visiteurs, à moyen terme, tout en veillant à un développement durable. Pairi Daiza vise le stade du zéro carbone, assure-t-il. Pour dessiner son personnage, dit-il, Didier Albin a rencontré 80 personnes. "Toutes auront été positives à l'égard de JJC. C'est rare, une telle unanimité". Le journaliste évoqua les repas boulettes. Avec sa maman, car il a le sens de la famille, c'est le moins que l'on puisse dire, JJC prépare des boulettes à la sauce carolo. Puis il convie des gens qui ont des choses à dire à venir les partager, en discutant le coup. Pour faire monter la mayonnaise de ce genre de rencontres,il faut être capable de discerner des liens invisibles entre les êtres. Un peu comme un joueur de foot sur le damier gazonné d'un stade au public vibrant, qui danse avec les autres aux trousses du ballon.
"Jean-Jacques Cloquet, grandir et faire grandir". Par Didier Albin. Kennes Editions.
Inscrivez-vous à notre infolettre pour rester informé.
Chaque samedi le meilleur de la semaine.
/ Du même auteur /
-
Histoire liée à un passeport perdu
-
Dans l’ombre des personnages de Rothko
-
Jean-Loup Nollomont: "Rajah, mes 2 yeux à 4 pattes"
-
William "Djan Pinson" s'est envolé
-
Libramont-Matadi avec Stanislas Barberian
-
Les écoliers-reporters de la Petite Chevenière
-
L'adieu de la Wallonie à Paul Furlan
-
Au Bois du Cazier, le message humanitaire de Michele Cicora
-
"Dans l'Enclos" de Lorenzo Cecchi, 41 prénoms
-
Regard d'un chercheur sur les mécanismes de nos capteurs sensoriels
/ humeurs /
/ photos /
/ Commentaires /
Avant de commencer…
Bienvenue dans l'espace de discussion qu'Entreleslignes met à disposition.
Nous favorisons le débat ouvert et respectueux. Les contributions doivent respecter les limites de la liberté d'expression, sous peine de non-publication. Les propos tenus peuvent engager juridiquement.
Pour en savoir plus, cliquez ici.