Les écoliers-reporters de la Petite Chevenière

Chemins de traverse

Par | Journaliste |
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Quelques prénoms et des dessins, en souvenir d'une rencontre autour du projet d'un journal, avant le premier reportage des enfants de la Petite Chenevière, à Marcinelle.

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A Marcinelle, l'école communale de la Petite Chevenière est proche du Bois du Cazier. De la cour de récré on voit des champs et des arbres. Ce matin le soleil pose ses lueurs sur le paysage. Dans le couloir qui conduit à la classe de cinquième, une grande carte du monde annonce quelles langues on parle dans les différents pays. Du coup je me revois devant l'atlas qui me faisait rêver, dans ma première école. C'était à Gilly, dans le fond du Sart-Allet, au pied des terrils. Toujours les cartes me fascinent autant; musique des noms, dessin des routes et des rivières, des courbes de niveau, des mers et des océans. L'appel du large: mesure du monde dont on découvrira un peu de l'immensité.

 A la demande de l'instittuteur, Olivier Peckels, l'Association des Journalistes m'envoie parler de mon métier aux enfants. Ils veulent réaliser un journal, ont des histoires à raconter. Comme ils ont préparé la rencontre, ils posent des tas de questions et j'ai conscience de la diversité de leurs centres d'intérêt, de la pertinence de leurs interrogations.  Celles de tous les enfants de tous les temps, avec cette attentioin particulière pour la protection de la nature. Tout commencerait par l'application des principes écrits sur des panneaux qui résument le projet de la classe. Les enfants savent ce qu'est le respect, la solidarité, l'effort, déjà ils ont beaucoup appris. Ont beaucoup à nous enseigner... 

Comment on raconte une histoire? En cherchant les éléments qui la composent, en écoutant, regardant, glanant des informatioins et en les vérifiant avec des gens qui en savent plus que nous ou en consultant des encyclopédies. Avec leurs tablettes, ils ont la capacité d'écrire, photographier, filmer et enregistrer des histoires pour les envoyer au bout de la planète. Je leur dis le vertige éprouvé. A leur âge, il n'y avait que l'encre et le papier, la radio. La télé? Elle allait arriver mais pas chez tout le monde. Même le téléphone n'était pas dans toutes les maisons et la classe en hiver sentait  le charbon. 

Sofia, Charline, April, Luhas, Daniele, Anour, c'est la valse des prénoms, la mosaïque des parcours qui se recoupent dans cette classe. Où ils ont appris à lire, écrire, compter, penser, raconter. L'essentiel, au fond. Olivier, l'instituteur, écoute peut-être autant qu'il explique. Il joue de la guitare, aime la musique et son métier. Aujourd'hui, toutes et tous sont venus avec une idée de récit pour le journal de la classe. Mais la grande aventure commencera vraiment quand ils partiront explorer leur quartier. "Vous regarderez autour de vous, découvrirez des choses auxquelles vous ne vous attendiez pas et vous chercherez à comprendre" explique Monsieur Olivier. Puis ils écriront, dessineront, choisiront les images parmi celles captées par un seul smartphone, autorisé exceptionnellement pour ce reportage collectif. 

C'est que raconter une histoire est naturel pour les humains, sans doute depuis le temps où les gens vivant dans les cavernes ont dessiné sur les parois de roche des animaux. Du coup je dis aux enfants cette histoire qui me touche. Elle se déroule ici mais pourrait aussi bien se passer en Australie ou en Inde comme dans l'Ukraine envahie par les soldats deVladimir Poutine.

Il était une fois, dans la prairie le long du bois, un canard qui se sentait très seul. Jusqu'au jour où il a croisé un chien et est devenu son copain. Le chien est  un "zinneke", un mélange de labrador et de golden retriever. Il s'est méfié, au début. Puis ils ont appris à se connaître. En les regardant se balader dans la prairie, cette amitié entre des espèces si différentes m'impressionne. Elle rappelle que la solidarité est une valeur majeure. Et passent dans mes souvenirs les mineurs qui descendaient sous la terre, dans ce quartier où se trouve le charbonnage du Bois du Cazier. Au-delà de leurs origines et de leurs différences, tous auraient risqué leur peau pour sauver celle de l'autre et il ne faudra jamais l'oublier. 

 

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Avec leur instituteur, Monsieur Olivier, les écoliers de 5e partent à la découverte du monde en commençant par l'exploration des environs de leur école. Photo © Marcel Leroy

Exemple de petite histoire, quand le chien et le canard indien se baladent côte à côte dans la prairie. Photo © Marcel Leroy

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