Jacques Hardy : syndicaliste hors normes

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Namur, Jacques Hardy lors de la présentation de son livre sur sa vie de militant syndical. "Robin des Bois ou Don Quichotte?" Photo © Jean-Frédéric Hanssens

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De 1972 à 1998, Jacques Hardy a incarné une autre époque de lutte syndicale : non policée mais maîtrisée, insolente et médiatique, hors normes mais efficace. Il pratiquait le genre d’opérations-choc qui, aujourd’hui, soulèveraient des tempêtes de protestations de la part des autorités politiques et policières.

En cette période de difficile transition économique en Wallonie, ce leader de la FGTB s’attaquait déjà aux grands « groupes financiers privés qui contrôlaient la plus grande partie de notre industrie qui était florissante » afin qu’ils « rendent aux régions ce qu’ils leur ont pris »… « Alors que depuis 1950, ils mettent leurs capitaux dans des secteurs à profits rapides (assurances, tourisme, spéculation immobilière…) ou créent des industries à l’étranger sans se soucier de moderniser l’ensemble de notre industrie wallonne et lui permettre ainsi de mieux résister à la crise. », ainsi que nous pouvons le lire dans un tract du Setca distribué lors de l’occupation des locaux de RTL à Luxembourg, le 26 mars 1982. Car cette société était contrôlée majoritairement par la Compagnie Bruxelles Lambert, société financière belge.

Les syndicalistes exigeaient que « la Compagnie Bruxelles Lambert, la Société Générale et la Cobepa créent des fonds régionaux d’investissement de plusieurs milliards (de francs belges) en vue de recréer un tissu industriel performant pour sauver notre économie. »

C’était sans compter avec la vague impitoyable de la mondialisation néolibérale, avec la cupidité des grandes entreprises multinationales qui ont préféré alimenter la spéculation financière à l’échelle de la planète plutôt de d’investir dans le développement économique, industriel, scientifique des régions. On en voit le triste résultat aujourd’hui.

Dans son livre, « Jacques Hardy. Robin des Bois ou Don Quichotte ? », l’épouse de Jacques Hardy, Marie Calot, de son nom de plume Marie du Berry, raconte cette vie de combats et quelques victoires comme celle remportée sur le groupe Saint-Gobain : les syndicalistes ont obtenu 5 millions d’euros en compensation de la perte d’emplois dans les glaceries, pour créer un fonds de reconversion qui a généré plus de 3000 emplois et 3000 autres consolidés.

Voici la dédicace écrite par Jacques Hardy au début de ce livre : « Ma force, ma faiblesse, c’était de refuser de dépendre d’une institution, d’une organisation, d’un parti, mais surtout de rester fidèle à mes convictions. Une vie, un combat. »

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Quittant la FGBT, Jacques Hardy a rejoint le Berry natal de son épouse pour y vivre une autre vie, libre, pendant vingt ans.  Le 5 janvier 2019, il a été victime d'une importante hémorragie cérébrale dans son jardin. Transporté à Charleroi, il y est « mort dans la dignité », selon son souhait maintes fois répété. Il avait 80 ans.

  • « Jacques Hardy. Robin des Bois ou Don Quichotte ? », Marie du Berry. Editions CPE. 2016. www.cpeeditions.com

En compagnie de son épouse, Marie du Berry, qui raconte ses combats et ses victoires dans le livre qu'elle a rédigé. Photo © Jean-Frédéric Hanssens

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