Des bras de femmes

Allo, allo, quelle nouvelle

Par | Penseur libre |
le

© Serge Goldwicht

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Lecture 4 min.

Le 12 mai 1989, Helen Kirkland, livide et traumatisée, quitta précipitamment son travail chez Harrod’s vers 11heures du matin sans prévenir ni son supérieur, ni sa meilleure amie et collègue, Grace Milland. Dans la rue, elle se retourna à plusieurs reprises pour vérifier qu’elle n’était pas suivie. Pourvu qu’il ne l’ait pas vue ! Pourvu qu’il ne se soit aperçu de rien ! Pourvu ! La foule qui arpentait Brompton road et ses alentours la rassura un peu. Jusqu’ici, le serial killer avait toujours frappé dans des rues désertes à la tombée de la nuit. Elle songea soudain qu’il pourrait la poignarder dans la rue ou à bord de la rame de métro dans le but de la faire taire. Cette idée lui glaça le sang. Elle se retourna encore mais ne l’aperçut pas. Elle jura parce que, comme d’habitude, aucun agent n’était en vue et les bureaux de Scotland yard sont si loin. Le premier cadavre fut retrouvé un an plus tôt dans une ruelle de ce qui reste du quartier de Whitechappel. Une femme poignardée et complètement dénudées dont les bras avaient été tranchés et emportés. En quelques mois, huit femmes subirent le même sort. Poignardées, dénudées et démembrées à la hache. Pas de sévices sexuel Tout de suite, les tabloïds firent le lien avec Jack l’éventreur qui avait terrorisé Londres dans le même quartier cent ans plus tôt. On affubla le nouveau serial killer du surnom de Jack le démembreur en mémoire de son illustre prédécesseur. Pourtant, les deux affaires divergeaient sur bien des points. Tout d’abord, Jack l’éventreur ne s’était attaqué qu’à des prostituées ce qui n’était pas le cas dans la deuxième affaire. Les victimes étaient femme au foyer, médecin, institutrice, secrétaire et psychanalyste. Aucun lien entre elles. Elles ne se connaissaient pas et possédaient des physiques différents. Des blondes, des brunes, des rousses, des petites, des grandes, des rondes et des maigres. Ensuite, le mythique Jack l’éventreur ne tranchait pas les bras de ses victimes à la hache pour les emporter avec lui. Après la découverte d’une cinquième victime, les enquêteurs de Scotland yard se lancèrent à la recherche du serial killer à la hache. Ils cherchèrent en vain du côté des bouchers et des bucherons. Le démembreur étant forcément un malade mental, ils écumèrent les asiles de fous sans succès. Aucun patient n’était sorti sans autorisation et personne ne s’était échappé.

Pour atteindre Scotland Yard, Helen jugea le métro trop dangereux. Il aurait pu la pousser sur les rails au moment du passage d’une rame ou lui enfoncer un couteau dans le dos alors qu’elle se trouvait coincée par des dizaines de voyageurs. Elle préféra embarquer sur un Thames clipper qui la déposa sur Victoria Embankment à deux pas du commissariat.

Avant d’y pénétrer, elle jeta encore un coup d’œil derrière elle mais elle ne le vit pas. A l’accueil, le policier de garde était mou, lent et de mauvaise humeur. Il ne s’activa qu’au moment où elle lui annonça qu’elle connaissait l’identité du démembreur. En quelques secondes, des flics apparurent de tous côtés qui l’accompagnèrent jusqu’à une voiture prête à démarrer.

- On va où ? demanda le chauffeur en posant un gyrophare sur le toit de la bagnole qui démarra sirène hurlante.

- Chez Harrod’s !

La voiture traversa Londres à toute vitesse. Quand elle s’approcha de Harrod’s, des clients crurent à un attentat et quittèrent le magasin.

Helen et les policiers ne pénétrèrent pas dans le magasin par la porte principale. Elle emmena son monde à l’arrière où ils entrèrent par la porte réservée aux fournisseurs. Ensuite, Helen conduisit les policiers devant une porte verrouillée dont elle possédait la clef. A l’intérieur, ils découvrirent des mannequins en bois avec des bras humains vissés aux épaules. Le sol était couvert de sang.

- Qui possède la clef de cette réserve, à part vous ? demanda un des flics.

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- Mon collègue Harry Brown.

L’enquête démontra que Brown enfant avait été abandonné par sa mère et quitté par sa femme. Il avoua aux enquêteurs qu’il aimait se consoler en passant du temps entre les bras doux des femmes qu’il avait assassinées.

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