Sur le front

Déjà nous savions tout des vies intimes des humains qui téléphonent dans les transports publics, les administrations, les salles d’attente et qui expriment haut et fort leurs pensées intimes et leurs réflexions les moins intelligentes et les plus idiotes sur les réseaux sociaux.

Un matin le phénomène s’est amplifié avec pour conséquence que les pensées intimes des humains se sont écrites sur leur front. Les fidèles d’une église ont pu lire sur le front du prêtre : « je ne crois en Dieu » et le prêtre a lu : « nous non plus » sur le front des fidèles. Des amants ont découvert : « Je ne t’aime pas, je ne t’ai jamais aimé et tu baises comme une savonnette ! » sur le front de leur compagnon ou de leur compagne et se sont séparés.

Comme souvent, la mode s’adapta au phénomène en décrétant que la mèche sur le front était top, vraiment In, très fashion. De même pour les casquettes et les chapeaux portés très bas sur le front, top, in, très fashion. Et Moi-même, je n’ose plus sortir de chez moi car dans la rue et les transports en commun, je découvre des lecteurs des ais et des lecteurs d’Entre les lignes dont le front est recouvert de phrases du genre : Prétentieux ! Auteur minable ! Aucun style ! Retourne à l’école ! Apprends à écrire !