Bruxelles : grand métro ou petits trams partout ?

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Grande discussion sur la mobilité à Bruxelles lors de l’émission « Les Experts », sur BX1 ce samedi 26 janvier 2019. J’y étais. Voici quelques réflexions suscitées par ce débat avec le ministre de la Mobilité Pascal Smet (One.Brussels, SPA) et l’échevin de la mobilité de Ganshoren, le MR Stéphane Obeid.

« De petits trams partout et tout le temps » : c’était le slogan de l’Arau et d’Inter-Environnement dans les années 80, 90 et jusqu’à présent. La construction d’une nouvelle ligne de métro, la troisième à Bruxelles, est l’objet d’intenses polémiques entre partis politiques, entre Région et communes, entre associations d’habitants et STIB. Le vrai problème est celui des sous. On n’a pas d’argent pour assurer de nouvelles lignes de métro, pourtant magnifiques, efficaces, confortables, etc. De plus, elles nécessitent des années pour être construites. Alors que de nouvelles lignes de tram et de bus (les moins polluants possibles !) en site propre coûtent moins cher, sont réalisables très rapidement et freinent le trafic de voiture. Je rappelle qu’on parle d’un projet évalué pour l’instant à 1,8 milliard d’euros (après une prévision de 750 millions d’euros en 2009 !!!)

L’enjeu de transports en commun efficaces est la complémentarité train, tram, bus, métro. Avec tickets et cartes d’abonnement uniques, l’accessibilité des stations et des arrêts, des fréquences satisfaisantes même la nuit.

De plus, ce maillage colle parfaitement avec les objectifs du PRDD (Plan régional de développement durable dont nous avons déjà parlé dans nos « Zooms curieux ») centrés sur le renforcement de noyaux urbains multiples, lieux de vie, de travail et de commerce plus répartis dans la région, au lieu de la concentration actuelle vers l’hyper centre bruxellois. Ce qui diminue les déplacements et favorise l’économie des quartiers et donc le bien être des habitants.

Diminuer le nombre de voitures, principalement des navetteurs à Bruxelles, serait possible par l’instauration d’un péage urbain et l’échevin Stéphane Obeid mitonne un projet ingénieux en ce sens. A voir, donc.

Dans cette vision de la mobilité, il faut intégrer les voitures partagées, les compagnies de taxis car les vélos et trottinettes électriques rendent d’énormes service à de nombreux utilisateurs jeunes, bien portants, véloces et agiles. Par contre, on n’évoque pas assez les usagers « faibles ». Or, un service public peut les aider pour des coûts relativement modérés.

Comment donc renforcer l’aide aux personnes âgées par des transports automobiles, non polluants et adaptés ; l’aide aux mères de famille avec poussettes, paquets et enfants face à des escalators en panne et des ascenseurs pas encore en fonction. L’aide aux voyageurs encombrés de lourdes valises… C’est cela le service voiture qu’il nous faudrait, un service au public peu coûteux parallèle aux transports publics. Avec des travailleurs en bonne et due forme, assurés et compétents.

Le joli mot d’urbanité

Pour que chacun vive sa ville en paix, il nous faut bénéficier d’une sécurité dans nos déplacements multiples. Cette sécurité ne vient pas que des transports en commun et privés. Elle dépend du comportement de chacun. Or, des agressions racistes, sexistes, islamophobes, antisémites, homophobes s’ajoutent aux actes violents de voleurs divers et se multiplient dans Bruxelles.

Changer cela ne peut se faire que dans le cadre d’un « vivre ensemble » urbain : urbanité est un beau terme, non ? Du lat.urbanitas « qualité de ce qui est de la ville; urbanité, bon ton, politesse de mœurs; langage spirituel, esprit »,

Une ville apaisée où coexistent plus de 180 nationalités et cultures différentes est le souhait de la plupart de nos coalitions communales. Cela plaide pour un maintien du système communal qui permet cette proximité avec les populations si différentes et de gérer mieux les conflits.

J’ajoute que dans les transports en commun, on partage tous le même sort, femmes avec foulard ou pas : on doit s’entraider pour y grimper ou en sortir et pousser quelque peu les hommes pour avoir une place assise !

30 ans de Région bruxelloise

Ce fut une agglomération, c’est à présent une Région avec 19 communes et une vision de son avenir. Une Région capitale de la Flandre qui l’encercle et l’étouffe. Une Région qui abrite la capitale de la Belgique mais pas celle de la Wallonie. C’est bien belge, tout cela.

Il y a plus de trente ans, certains rêvaient déjà d’un Brussels district selon le modèle de Washington district qui est non pas un Etat mais un district fédéral, qui n’a pas de droit de vote au Congrès comme un Etat. Certains veulent une ville européenne où se concentrent les administrations européennes et belges, cogérée par ces instances et non plus par les habitants. Washington, c’est un centre administratif cerclé d’une couronne de population pauvre où la violence est criante face aux riches du centre.

La coexistence d’instance régionales et communales pour gérer ce petit territoire est complexe mais correspond encore à la sensibilité des habitants : Bruxelles est une agglomération de villages depuis le moyen âge, un centre économique qui a toujours été jaloux de son indépendance par rapport aux rois, aux comtes, aux duc de Brabant, de Flandre ou d’ailleurs. C’est le berceau des libertés communales avant même la révolution française. C’est un ensemble disparate encerclé par des barrières qui furent d’abord les murailles de la ville et l’opposition de la périphérie à son extension. Il en reste des traces : la grande métropole bruxelloise qui offrirait un cadre de vie et de développement économique et politique cohérent reste toujours contrée par la Flandre et par le Brabant francophone et donc la Wallonie actuelle !

Bruxelles, condamnée par notre architecture institutionnelle à ses 19 communes, devrait dans une vision vraiment moderne, devenir une Région plus grande, donc métropolitaine, bilingue véritablement, gérée comme un mini Etat avec alors des municipalités relais du pouvoir politique local et des attentes, des besoins, des revendications des habitants.

Le ministre Pascal Smet rêve d’un One.Brussels. Le cercle de réflexion Aula Magna veut construire « un peuple bruxellois » en fusionnant les communes. Le débat sera palpitant !

  • Un dossier complet sur l’enjeu du la ligne 3 du métro bruxellois a été publié par InterEnvironnement Bruxelles : www.metro3pourquoi.be

http://entreleslignes.be/humeurs/zooms-curieux/bruxelles-l%E2%80%99iris-refleurira

https://plus.lesoir.be/202627/article/2019-01-25/pascal-smet-lance-le-mouvement-onebrussels

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